Vous êtes aussi désormais islamophobe, si vous dénoncez les comportements des musulmans qui se cachent derrière l’Islam (en occident, dans le monde ou en Algérie). Si vous répondrez à des imbécillités consacrées au nom de Dieu. Vous êtes aussi «islamophobe» si vous dites non au détournement d’un espace d’enfants et de jeux au profit d’une mosquée chaque dix mètres dans votre quartier, ou si vous riez des Takbir fait aux conversions théâtrales dans les mosquées, ou si vous parlez des «Savants» autoproclamés, les «Google d’Allah» qui ont des avis sur tout et vous interdisent d’avoir un avis sur rien. Vous êtes accusé d’islamophobie quand vous résister à l’islamisation de l’espace national, de la justice, de la culture, du sens et de l’avenir et des écoles. Vous êtes aussi islamophobe si vous essayez de penser l’Islam selon vos attentes et vos interrogations et pas selon des livres morts. Vous l’êtes donc si vous êtes seulement différent, libre chez vous dans votre pays, critique ou seulement sincère avec les vôtres ou patriote. D’ailleurs, vous êtes islamophobe si vous récusez l’arabité comme identité alors que la religion n’a rien à voir avec l’arabité.
L’accusation est désormais généralisée : contre les Occidentaux parce qu’ils sont occidentaux, contre ceux qui sont différents, contre les siens qui ne pensent pas comme soi, contre les inaugurateurs d’avenir et les objecteurs. Elle est pratiquée dans les cafés, les journaux mais aussi dans les têtes pensantes d’une certaine élite qui nourrit des fixations sur l’Occident et qui voit un complot sous chaque aisselle et qui taxe, avec la facilité de la décapitation, toute différence d’idée comme une soumission à l’occident justement.
L’islamophobie n’existe pas ? Si. Comme beaucoup d’autres maladies du siècle. Mais elle existe aussi comme fatwa indirecte par accusation maligne d’être «islamophobe». Sournoise manipulation du sens et outil de torture de la nouvelle inquisition. L’accusation d’islamophobie a créé donc une peur d’être taxé d’islamophobe et, partant, elle a étendu l’espace de ce qui est interdit à la critique et à la réflexion et la contestation. Elle menace et donc paralyse puis s’érige en police des idées et tabou.
Et il ne faut pas y céder ni reculer. Tant que ceux qui vous taxent d’islamophobe ne s’appellent pas Allah ou Dieu, ils n’ont aucun droit de vous faire taire. La majorité n’a jamais été l’argument de la raison. Et lorsqu’on remonte l’histoire, on découvre, lentement, que l’accusation d’être «islamophobe» est aussi ancienne que le meurtre ou l’ignorance : elle a servi à lapider Ibn Roch de savates comme à lyncher d’autres lumières. Aujourd’hui, elle sert à cacher le vol des chaussures dans les mosquées, le sous-développement de notre monde, le déni. Et ailleurs, dans le monde des autres, l’accusation sert à «victimiser» ceux qui veulent imposer leurs croyances aux autres.
Conclusion ? C’est en accusant les gens d’islamophobie que l’islamisme avance plus vite que le désert qu’il propose, comme solution, au reste du monde.
3 août 2013
Kamel Daoud