Assurément, cette malheureuse affaire irréfléchie a jeté un pavé dans la mare qui continue d’alimenter les discussions autour des sanctions prononcées par la ligue nationale du football professionnel à l’encontre des personnes dénoncées à savoir : le responsable de la section football, l’entraineur et deux joueurs. Il faut cependant rappeler à cette occasion, le MCA Alger est considéré comme étant une société par action (SPA) et jouissant de la personnalité juridique morale et d’autonomie pour fonctionner dans le respect des dispositions du code de commerce à travers ses organes prévus à cet effet dont notamment :le conseil d’administration est attributaire des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société, l’assemblée générale des actionnaires, le contrat de performance liant le conseil d’administration et le staff dirigeant en matière d’objectifs et de pouvoirs de gestion pour agir en toute circonstance sur le plan disciplinaire en conformité du règlement intérieur et de la convention collective de la société (le club) que confère la loi relative aux relations de travail et enfin, le commissariat aux comptes dans le cadre du contrôle légal de la société . Par conséquent, le club devient un sujet du droit des sociétés et autonome dans son fonctionnement, sa gestion et son développement. Maintenant que les sanctions sont prononcées on se pose vraiment deux questions sérieuses qui suscitent la curiosité au plan de l’équilibre des pouvoirs de gestion et de contrôle.
La première au sujet de ces sanctions disciplinaires : sont-elles dûment entérinées par les organes statutaires de la SSPA du club à savoir le conseil d’administration et l’assemblée générale des actionnaires ?
La deuxième au sujet du rôle, de l’influence et de l’action des conseils d’administrations en matière de politique et de stratégies des clubs sportifs professionnels ?
Cela résume tout le malaise d’une gestion critique en mal d’autonomie et de management qui pose un sérieux problème dont notamment nous n’avons pas travaillé sur l’instauration et le développement du professionnalisme au sein de nos clubs pour cerner justement cette réforme adaptée aux réalités qui cadrent avec les règles et les principes qu’offre la professionnalisation d’un club sportif à savoir de bâtir une économie du sport et par conséquent développer de grands clubs modernes à l’instar : du Barça, Réal Madrid, Manchester, Liverpool, Bayern Munich, Chelsea, Arsenal ?
Devant cet état de faits, parler des clubs sportifs professionnels aujourd’hui, c’est inévitablement soulever en premier lieu les multiples entraves qui persistent et créent davantage des situations difficiles à notre sport roi, le football, dont le constat s’avère miné par : la qualité et la crédibilité des dirigeants, la mauvaise gouvernance des clubs en conformité de leur statut actuel, l’absence d’une saine organisation managériale notamment des structures et des hommes à valeur H (énergie, intelligence, compétence managériale, intégrité et forte personnalité), bizness, le pouvoir de l’argent et qui l’empêchent en effet, d’atteindre ses objectifs tant attendus dont l’enjeu est énorme. Le football est le cœur de la vie de la société et aussi le centre nerveux de la jeunesse, un support- clé de stabilité sociale, de civilisation et de progrès. Ceci dit, à notre humble avis aucun résultat significatif ne semble être enregistré jusqu’à présent après l’instauration du professionnalisme en Algérie lancée il y a un peu plus de trois ans dont nos clubs ne parviennent pas encore à embrasser les règles de l’organisation du droit des sociétés qui implique une assise de commercialité dans le processus de leur professionnalisation dont dépend leur nouveau statut qui repose désormais sur droit privé(code du commerce et code civil) et organisés à ce titre en société par actions(SPA) . L’argent public est le premier facteur de financement des clubs professionnels sans pour autant avoir développé de grands clubs et n’ont pu espérer pour autant produire de grands joueurs au moment où notre équipe nationale est composée dans sa majorité de joueurs évoluant à l’étranger. Avec en plus cette amère élimination de notre équipe nationale au premier tour de la CAN -2013.
Malgré, la volonté des pouvoirs publics de développer le football national en sachant d’un côté l’apport politique de l’Etat avec 32 clubs professionnels pesaient désormais lourd dans le budget de l’Etat dont d’importants moyens logistiques et infrastructures, subventions et de l’autre l’apport économique et financier dont notamment la Sonatrach , les collectivités locales, les entreprises publiques, les sponsors privés qui auraient permis à nos clubs de se hisser au niveau des grands clubs étrangers , mais qu’offre donc ces clubs en contre partie ?
C’est dire, qu’il faut mettre fin une fois pour toute à la persistance de l’amateurisme dans ces clubs en conformité de leur statut actuel et par conséquent ne peuvent bénéficier de subventions publiques qui contrarient sérieusement les objectifs de l’instauration et le développement du professionnalisme en Algérie.
Il est grand temps de s’interroger sur la vie économique et financière des clubs sportifs professionnels dans leurs modes et systèmes: organisationnel, de gestion, de financement, de contrôle interne, de rémunération, comptable et fiscal, et enfin juridico économique. Car ils sont comptables devant l’Etat, les contribuables et les actionnaires, voire la société civile.
Cette situation illustre parfaitement un coup dur pour l’instauration du professionnalisme lorsque l’on sait que nos clubs professionnels continuent à être totalement déconnectés des réalités du professionnalisme et profiter de la clémence des pouvoirs publics dont ces derniers demeurent bien gâtés par des subventions publiques, et du rôle que doivent jouer les conseils d’administration dans les SSPA.
Peut-on parler de la faillite du football algérien ou de l’échec du professionnalisme en Algérie?
En effet d’une part, nos clubs sont plongés dans la folie des grandeurs en sachant qu’ils assurent juste un championnat qui repose sur le résultat du match et fric à coups de milliards, malgré ce mode en question est demeuré inefficace et n’a pas réussi à développer la professionnalisation de nos clubs, ni à générer de la valeur ajoutée, de surcroit peu de joueurs locaux ont pu émerger en équipe nationale et enfin, la majorité des joueurs ne répondent pas aux critères de la performance. D’autre part, l’ensemble des clubs sportifs professionnels se trouve aujourd’hui au centre de l’actualité nationale et d’une sérieuse crise multiforme agitant fortement et mis ces derniers dans une instabilité chronique face à une gestion incohérente avec pour résultat les dérives du laisser- faire et de la violence dans les stades.
C’est bien une triste réalité qui risque de compromettre l’instauration du professionnalisme en Algérie qui fait apparaitre un symptôme de dysfonctionnement en manque de compétences. En effet, le management de nos clubs sportifs professionnels se révèle plus profond que ce que l’on imaginait jusqu’à présent à savoir le sport- roi est très malade et cette maladie est le résultat de plusieurs facteurs à commencer par le mode de gestion et de gouvernance d’une qualité assez médiocre et restant prépondérant centré sur le pouvoir de l’argent c’est-à-dire la primauté de l’aspect financier sur l’aspect économique notamment sans se préoccuper de leur rentabilité qui constitue un frein pour l’avenir du professionnalisme en Algérie ce qui enfonce nos clubs professionnels dans les ténèbres et n’inspire pas confiance pour établir des relation ou des rapports avec les acteurs économiques (partenariat, investissement, actionnariat, OPA ) afin de préserver l’intégrité de nos clubs en valeur morale et sportive pour une gestion saine et transparente dont notamment ces milliards de dinars qu’ils brassent chaque saison sont loin de fonctionner avec une politique de gestion efficiente qui doit mener nos clubs à fructifier toute cette manne financière pour disposer d’une assise économique pour avoir de bonnes performances sportives, financière et d’une gestion transparente. A ce propos, il est impératif d’insister que les concepteurs de l’instauration du professionnalisme en Algérie qu’un club professionnel est celui qui saura investir, créer et développer l’économie, la formation, produire de grands joueurs pour l’équipe nationale et le transfert de joueurs à l’international.
Quelle situation tirons-nous aujourd’hui ?
Premier constat : les clubs sportifs professionnels, n’ont pas pu mener un travail en profondeur, notamment ils se sont mis à l’heure du professionnalisme sans s’y être d’abord outillés en management et plus particulièrement en méthodes de gestion, de contrôle interne et de consulting.
Deuxième constat : L’évolution des trois années d’application du professionnalisme a mis les clubs en situation d’instabilité et de crise financière chronique face une gestion incohérente.
Troisième constat : ils ne sont toujours pas assainis totalement au plan patrimoine et comptable, et structurés en sociétés commerciales en vue de saisir la dynamique nouvelle juridico économique entièrement tournée vers une économie d’entreprise qui implique l’initiative entrepreneuriale pour pérenniser et rendre rentable nos clubs sportifs professionnels
Quatrième constat : la même composante qui était dans les clubs amateurs continue de gérer les sociétés commerciales avec l’esprit et la culture du bénévolat, et les parrainages des entreprises publiques.
Cinquième constat : nos clubs demeurent marqués par l’absence de transparence dans la gestion et de déficit de communication notamment, ils restent peu ouverts aux acteurs économiques, la presse et à la société civile en bon pouvoir socio-économique. Et aucun club apparemment n’est encore porteur à ce jour d’un quelconque projet économique ou commercial, voire la concrétisation d’un partenariat porteur de perspectives de développement. Sans cela, ils auront du mal à assurer leur professionnalisation et leur pérennité.
Sixième constat : leur nouveau statut juridique de société par action qui demeure marqué par un vide organisationnel (structures et compétences managériales) et d’une politique de gestion financière comme étant derrière de beaucoup de problèmes qui empêchent notre sport-roi à se développer et s’émerger parmi les grandes nations.
Septième constat : l’argent du sport n’est pas encore orienté ou utilisé dans un esprit d’entreprise, voire avec une culture économique .Là il faut le dire, le financement ne peut continuer à être perçu ou assimilé à une fonction de caisse afin de ne pas entraver les fondements du professionnalisme. Sinon, c’est comme arroser du sable
Huitième constat : de nos jours qu’il y ait des résultats ou pas on essaye pour chaque saison sportive d’obtenir davantage d’argent, d’appartements, de voitures luxueuses, prises en charge (voyages, soins spécialisés ) cadeaux de valeurs etc. Alors qu’autrefois tous les grands joueurs et athlètes de performance pensaient seulement à l’intérêt du sport, aux couleurs du club, la ville, et enfin, à l’intérêt suprême du pays au sens large du terme.
Comme aussi il est fondamental d’œuvrer à imposer des règles d’une saine gestion, car l’aspect relatif à la gestion et à l’usage de l’argent public destiné à ces derniers impose leur rentabilité et leur contrôle rigoureux .Cela, passe inévitablement par la mise en place d’une gestion financière et comptable des clubs sportifs professionnels notamment, la tenue obligatoire d’une comptabilité financière aux normes internationales dites IAS (international accouting standards) IFRS (international Financial reporting standards) et intégrée dans l’organisation interne de chaque club c’est très important, car elle est l’outil principal de la gestion de toute société pour mieux protéger leurs actifs dans une économie de marché, d’éviter une gestion de l’à peu près, d’instaurer le contrôle des finances pour lutter contre toutes formes de mauvaise gestion et de malversations à savoir d’où vient l’argent ? Où va l’argent? Et enfin, développer leur management. Elle est devenue indispensable, lorsque l’on sait que pour la plus part des clubs, la comptabilité reste opaque. Pour cela, la nécessité de normaliser la gestion comptable des clubs par l’élaboration d’un plan comptable spécifique ou sectoriel qui permet justement de concevoir et de développer des règles et méthodes saines de gestion des clubs. A cela s’ajoute pour les besoins d’une gestion intégrée et performante, la nécessaire intégration des techniques budgétaires, un système dans lequel le contrôle de gestion interne, la transparence et les coûts de l’activité sportive et l’activité économique s’imposent avec force.
1 août 2013
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