Mercredi 1er mai 2013 restera dans l’histoire du football (et du sport) algérien une journée mémorable pour les citoyens et les sportifs. Ce jour-là, fête du Travail, c’est aussi la finale de la Coupe d’Algérie de football, au stade du 5 juillet de la Capitale, entre deux grands clubs algérois, «ennemis intimes » depuis des décennies.
Le Président de la République, malade et hospitalisé en France, est absent, et c’est le Premier ministre, A. Sellal, qui le remplace. A la tribune présidentielle, tous les «décideurs» sont venus. Ils sont tous là. Les grands, les petits et les moyens, les médiatiques, les médiatisés et les anonymes. Tous les «pouvoirs» : l’officiel, l’officieux, le réel, le surréel, le virtuel, le profond Dans les tribunes, plus de 60 000 spectateurs de «presque partout», de tout le pays et même de l’étranger, les deux clubs ne laissant insensible personne. L’Algérie, d’ici et d’ailleurs, est en haleine devant le «petit «écran»
Après les big-bisous lors des présentations habituelles, le match se déroule dans une ambiance populaire. C’est la fête.
Un incontestable but de l’Usma. Un gardien de but de l’Usma époustouflant. Un arbitrage mené avec brio et sans fautes. Un public qui applaudit. Presque aucun incident. Pour une fois !
Devant plus de 60 000 spectateurs ou bien plus, devant les caméras des télévisions, ne voilà-t-il pas, patatras ! que les joueurs du Mouloudia, titulaires et remplaçants, l’entraîneur, les dirigeants, le soigneur, le staff médical «zappent» la tribune officielle (pour une cérémonie protocolaire qui se déroule, immuable, depuis des décennies et comme cela se fait ainsi dans le monde entier) et regagnent les vestiaires, laissant notre Premier ministre, réputé pour son flegme, sidéré par un tel comportement de gens sourds (et, semble-t-il, pour certains, peu accueillants) aux supplications des «envoyés spéciaux » : un ministre de la République et un conseiller du Premier ministre. Du lourd !
Seuls les éléments de l’Usma se plièrent au protocole habituel pour le plus grand plaisir des supporteurs et des téléspectateurs. La joie des vainqueurs et des supporteurs (y compris ceux du Mouloudia, pour la plupart «moitié-moitié »), a, heureusement, vite effacé, pour un petit temps, la «honte» (enregistrée en direct, presque de la «mondovision») et la colère des citoyens. Une colère d’autant plus légitime qu’on avait, juste avant, appris que le Mca avait reçu un «gros» chèque, récompensant l’accession à la finale tout en sachant que l’équipe était désormais «subventionnée» par notre si «généreuse» Sonatrach.
On ne sait pas encore, de manière précise, ce qui s’est réellement passé ici et là (on espère beaucoup en les enquêtes menées), mais ce qui est certain, c’est que le drame de Mascara d’un côté et le «spectacle» du 5 Juillet de l’autre sont venus re-poser, de manière tragique pour le premier et violente pour le second, moult problématiques : Le rapport Décideur- Subalterne au sein de la Haute Administration. Le rapport Pouvoir (s) – Football. Ainsi que plusieurs interrogations : sur les «favoritismes» bureaucratiques. Sur la violence entretenue, rarement involontairement, par les détenteurs des rênes de la décision (les «Chefs», les «parrains» et autres «patrons»). Et, enfin, celle, la plus importante, de la violence «déléguée» par des «décideurs» ou des «parrains «ou des «appareils» soit à leurs «bombardiers», soit à leurs «voyous», soit à leurs «soldats » qui, eux-mêmes, ont leurs «hommes de main» qui se mettent, à partir d’un moment T d’exercice du «pouvoir», à agir en potentats et en satrapes. Les nouveaux monstres !
En cas de pépin, la suite est assez « drôle» (sic !). Chacun, dans le premier cas comme dans l’autre, pénétré de regrets (re-sic !), accuse l’autre ou le «haut» ou cherche à esquiver la désapprobation (populaire) et l’opprobre (médiatique) . Chacun essaie de faire passer son comportement d’ «enfant gâté» de la République (Présidence !? Lobbies !? Groupes de pression émanant du pouvoir «profond» !? Puissances ou entreprises étrangères !? et, que sais-je encore), pour des errements, donc pardonnables. «Maken Oualou !», «C’est pas moi, c’est l’autre» ou, pour un acte dicté (toujours par allusion) par une hiérarchie ou une source, certes bien réelle, mais bien souvent invisible ou intouchable ou invérifiable. Ici, ce sont surtout des prénoms qui sont utilisés pour «faire passer les messages». Ça fait plus intime donc plus efficace : cela va de Said à Tewfik en passant par Abdelghani , Chakib et Abdelaziz .Ce dernier, un peu moins ! Trop risqué et utilisé uniquement pour les grandes occasions politiques. Ce sont aussi des appareils : Drs ,«Services » et j’en passe. Par le passé, on avait, côté personnes, Kasdi, El Hadi, Mohamed Chérif, Halima, Hocine, Vrai, faux ? Info ou intox ? Tous ceux, hommes et appareils, qui ne peuvent pas démentir publiquement. Du n’importe quoi !? Mais, hélas, c’est ce qui passe le mieux dans un pays où l’autorité ressemble de plus en plus à un gruyère ouvert à tous les vents, à toutes les rumeurs et à toutes les arnaques.
Tout en pensant que la «rahma» ( au départ une action de simple compréhension d’une faute, transformée peu à peu en «réconciliation» et en «pardon total», et action désormais institutionnalisée et entrée dans les mœurs sociales et politiques) qui va venir au secours du coupable pour alléger ou esquiver les sanctions prévues par la réglementation (déjà mille une fois violée) ou par la loi (déjà mille et une fois contournée ou ignorée).
Des explications ont été fournies, plus ou moins claires. Des sanctions sont tombées, plus ou moins» sévères, ou vont l’être. Le problème n’est plus là, les dégâts (physiques et/ou immatériels) irréparables ayant déjà été causés.
Le problème se situe au sein de cette nouvelle (et dominatrice) forme originale (re-re-sic !) de gouvernance des choses de la vie publique, forme née ailleurs , mais adaptée à nos mœurs et coutumes : Maken Oualou, Ma Alich, Mektoub, Ouach Fiha, Ouassaâ Qalbek, Dir Errahma fi Qalbek, doublés de cette manie que même les journalistes les plus avertis ont , en acceptant de pardonner (ou de ne pas trop parler des fautes commises) aux «petits» tant que les «grands» n’ont pas «rendu compte» de leurs méfaits. Les fautes et les crimes des grands de ce monde devraient-ils donc excuser tous ceux des autres ? Alors qu’il est plus simple d’attaquer les deux mauvais génies en même temps, d’autant que l’un est largement produit par l’autre, cet autre étant, à partir d’un certain moment de la tragédie en cours, l’élément vital.
On a vu, paraît-il, par le passé, des «fins» dramatiques de parcours de vie de cadres «pressés» et oppressés par leur hiérarchie. On a vu des clubs de sports, de foot en particulier (sport ramenant les foules et l’argent), pris en mains (ou confiés à), sans contrôle, ni habilitation par des maffieux pourtant connus de tous, certains ayant utilisé , dit-on, l’argent de travailleurs . pour devenir riches et, de surcroît, dans la foulée, devenir «élus du peuple» ou aidant certains, en rameutant les masses de supporteurs, cette «foule solitaire» , à devenir «représentants du peuple». Echkarra !
Il faut sanctionner l’un pour contrer ou punir l’autre, les deux se nourrissant l’un de l’autre. Sans cela, rien n’arrêtera la prédation menée ou entretenue par les «parrains» d’«en haut» et les méfaits des «bombardiers», des «voyous» et des autres «chouakra» d’«en bas».
1 août 2013
Belkacem AHCENE DJABALLAH