Cependant, le DSM-5 en recense plus de 350. On peut citer le cas des personnes qui vivent un deuil. Certaines peuvent présenter divers symptômes?: tristesse, perte d’appétit, troubles du sommeil, sentiment de culpabilité, etc. La version 4 du DSM estimait que ces symptômes devenaient pathologiques s’ils se prolongeaient au-delà de deux mois. Désormais, avec le DSM-5, le délai est juste de 15 jours. Une personne qui a perdu un être cher pourra donc être considérée comme faisant un épisode dépressif majeur si elle continue à être triste au bout de deux semaines. Alors qu’elle est juste normalement endeuillée, sans oublier la variabilité culturelle, où le deuil culturellement, pour certaines civilisations, est associé à certains symptômes cités plus haut, pour répondre aux normes de sa culture. Ainsi, il y a le risque de » déshumanisation » de l’homme et de la médecine. Comme l’écrit Maurice Corcos, chef du département de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte à l’Institut mutualiste Montsouris, dans un ouvrage fort intéressant l’homme selon DSM (2011). Il déclare à un journaliste de la croix que : » En voulant délimiter le normal et le pathologique, on ne cesse d’élargir les catégories de la maladie mentale « .
Pour les » pour » du DSM-5, l’avantage de ces classifications, c’est de permettre à la psychiatrie mondiale d’avoir un langage commun. Toutefois, ils contestent l’idée d’une hégémonie de la psychiatrie américaine sur le reste du monde. Car tous les comités ayant travaillé sur le manuel, il y a eu un expert international, selon le professeur Kovess-Masfety, psychiatre, épidémiologiste et enseignante à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), tout en dénonçant certaines » contre-vérités » avancées par les opposants. » Il peut arriver que des personnes développent d’authentiques dépressions après la perte d’un proche, dit-elle. Et dans ce nouveau manuel, il y a en fait tout un chapitre qui explique précisément la différence entre les symptômes normaux du deuil et ceux d’un épisode dépressif majeur. Le but est bien d’éviter de faire la confusion. «
Le professeur Kovess-Masfety met aussi en avant le fait que le DSM-5 ne recommande pas de traitements. » C’est juste un outil de diagnostic qui n’empêche pas le médecin de garder son libre arbitre et de ne pas prescrire un médicament s’il estime que cela n’est pas justifié. «
Un autre argument a été avancé par les » pours » c’est pour mieux rembourser les malades et qu’ils soient bien pris en charge par les assurances maladies. C’est le cas aux USA. Mais qui n’est pas forcement dans les autres pays.
En terme de conclusion, le DSM est un outil de travail, il peut être précieux quand l’utilisateur est doté d’un esprit critique, qui lui permettrai de l’utiliser à bon escient et surtout de prendre le temps car c’est difficile de poser un diagnostic de maladie mentale chez un enfant, par exemple. Car certaines situations peuvent être évolutives, c’est ainsi au professionnel d’éviter d’annoncer les diagnostics comme une certitude, mais il faudrait pouvoir faire un diagnostic qui n’enferme pas la personne à vie. De plus, il faudrait changer les représentations de la maladie mentale, enore très stigmatisantes, dans nos sociétés.
* Neuropsychologue
1 août 2013
Yazid Haddar