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La nouvelle de Adila Katia :L’usurpatrice

1 août 2013

Adila Katia

La nouvelle de Adila Katia Dimanche, 13 Janvier 2013

L’usurpatrice 1er partie

Par : Adila KATIALa nouvelle de Adila Katia  :L’usurpatrice  dans Adila Katia 16_200_150

Semra secoue la tête, et d’un geste brusque, elle ferme sa valise. L’éducatrice Nedjma fait la moue. Le geste ne lui a pas échappé. Mais elle ne peut que la comprendre. Aussi, elle sait qu’aucun mot ne pourra la réconforter.
- Tu passes le bac cette année, lui dit-elle. C’est ta chance ! Semra, tu dois réussir !
- Je sais, soupire la jeune fille. Je pars quand à l’internat ?
- Je vais t’y emmener dans un instant, si Racha est d’accord.
- Je voudrais que ce soit toi qui m’y emmènes, la prie Semra qui ne supporte plus les remarques de Racha, une des responsables du foyer. À ses yeux, j’ai tout fait pour me retrouver dans cette situation !
Ce n’est pas de ma faute !
Nedjma sourit, peinée pour elle. Semra n’est pas née sous une bonne étoile. Abandonnée le jour même de sa naissance, dans un vieux quartier de Sour El-Ghozlane, elle n’a pas eu la chance d’être adoptée tout de suite. Et quand ce jour arriva, elle ira d’une famille à une autre.
Elle n’a pas été adoptée par envie ou par amour, mais par besoin. Elle s’est retrouvée à remplir les tâches d’une bonne à tout faire.
Sans plus. Elle ne devait rien attendre en retour, pas un geste affectueux, pas un regard attendri, pas un mot pour la consoler de sa malchance. N’étant pas de nature soumise, elle s’est révoltée chaque fois qu’elle constatait qu’elle comprenait qu’elle ne comptait pas.
C’est pourquoi elle est revenue au foyer d’accueil. Elle ne s’est pas fait d’illusions. Elle ne sera pas accueillie à bras ouverts et elle a toujours su qu’on lui reprocherait de ne pas s’adapter aux exigences de sa famille. De ses familles…
- Tu dois te faire aimer, lui a dit Racha. Par n’importe quel moyen, puisqu’ils te donnent une chance d’avoir une famille, un toit… Tu es en sécurité avec eux ! Pourquoi faut-il toujours que tu crées des problèmes là où tu vas ? C’est à croire que tu aimes ta condition actuelle !
Semra soupire, en se rappelant que chaque fois qu’elle est tombée sur Racha, elle a droit à sa dose de reproches, d’insinuations et surtout le fait de savoir qu’elle la tient pour responsable de la situation la met
hors d’elle.
Car elle ne se plaît pas dans cette situation. Elle ne supporte plus d’aller d’une famille à une autre, d’être à la merci des autres.
Aucune d’elles ne l’a adoptée pour lui donner une chance mais pour profiter de sa malchance.
- Je réussirai au bac, se jure-t-elle intérieurement. Je deviendrai une femme respectable ! Personne ne pourra savoir que je suis une pupille de l’État ! Je ne dépendrai de personne…
- Encore en train de rêver !
La voix de Racha est pleine de colère et de reproches.
Semra a l’impression de recevoir une gifle. Elle sait que si elle était encore enfant, elle l’aurait reçue. Racha ne s’en serait pas privée.
- Tu vas partir à l’internat ! Je t’avertis… S’il y a des problèmes au lycée, tu le regretteras !  Fais-toi petite, reste dans ton coin à rêver !
Personne ne te le reprochera ! Ne cherche pas à te faire des amies. Dans ton cas, tu n’en auras pas la chance… Qui voudra d’une fille comme toi pour amie ? Personne. Alors ne te fais pas d’illusions !
Semra rougit et baisse les yeux pour que la responsable ne voie pas le sentiment qui gronde en elle.
Elle la déteste à un point où elle ne pourra jamais se l’imaginer, tout comme la malchance qui a fait d’elle sa proie favorite, sans raison. Injustement.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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64 Réponses à “La nouvelle de Adila Katia :L’usurpatrice”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 50e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra est en train de travailler lorsqu’elle reçoit l’appel de la chargée d’études des dossiers à l’académie.
    - Bonjour ! Semra, votre dossier a reçu un avis favorable, lui apprend-elle. Il faudra me fournir d’autres documents et j’ai besoin que vous passiez signer !
    - C’est vrai ?
    - Le transfert du dossier se fera cette semaine, poursuit la chargée. Il faudra être prête à déménager dans les semaines à venir !
    - Qu’Allah vous récompense, dit Semra, au bord des larmes. Je n’en reviens pas ! J’avais fourni les papiers, complété le dossier ! J’espérais de tout mon cœur, mais jamais je n’aurais cru que mon rêve se réaliserait !
    - Il se concrétise ! Mes félicitations ! Vous méritez d’être à l’abri ! Votre condition m’a beaucoup touchée !
    - Vous avez eu pitié de moi !, s’écrie Semra.
    - Non, non ! Ne le prenez pas mal. Vous avez eu un beau parcours, la rassure la chargée d’études. Aucune pitié pour vous ! J’ai de la sympathie pour vous ! C’est tout !
    Semra respire profondément, retrouvant son calme.
    - Je vous remercie. A quelle heure puis-je passer ?
    - Quand vous voulez. Je suis au bureau jusqu’à 16h ! Je vous attends ?
    - Je préfère passer demain matin, répond Semra.
    Elles s’entendent sur l’heure et finissent par raccrocher. Semra souffle et essuie ses larmes. Elle a envie de partager la bonne nouvelle. Elle appelle Dalila mais son portable est fermé. Elle lui envoie plusieurs messages, lui expliquant ce qui vient de se passer. Elle l’imagine en train d’enseigner.
    Elle a hâte de lui parler. Elle soupire de bonheur. Elle ne parvient pas à se concentrer sur son travail. Elle ferme son bureau, prévient sa secrétaire qu’elle a une urgence et s’absentera jusqu’au lendemain après-midi.
    Semra quitte l’établissement, presque fiévreuse. Elle est si heureuse qu’elle ne tient pas en place. Elle aurait voulu fêter la bonne nouvelle. Mais Dalila est loin et les autres, tous ceux et celles qu’elle connaît, sont juste des relations.
    Son portable sonne. Elle fouille dans son sac et répond à Dalila qui n’en revient pas.
    - Donc, c’est dans la poche ! Mes félicitations !
    - Et toi, du nouveau ?
    - Oui ! J’allais t’appeler, dit Dalila. Sa mère est souffrante. J’ignore de quoi mais ils veulent qu’on se marie tout de suite ! Dans moins d’un mois !
    - Non ?!
    - Si, prépare-toi une tenue ou une robe ! N’oublie pas tes promesses ! Tu seras là, pour moi, n’est-ce pas ?
    - Oui, normalement, lâche Semra. J’espère que ça ne coïncidera pas avec mes rendez-vous ! Je pense que ça va aller vite, vu que le lycée ouvre cette année !
    - Ouverture ou pas, je t’attends ! Je t’appellerai pour confirmer la date de mon mariage, dit Dalila. Essaie d’avoir une semaine de congé ou un arrêt maladie, car je ne te laisserai pas rentrer le lendemain de la fête !
    - C’est noté ! T’inquiète, je resterai jusqu’à ce que tu ne veuilles plus de moi ! On se rappelle ce soir ?
    Dalila est d’accord. Elles raccrochent toutes deux, heureuses et satisfaites de la tournure des événements récents dans leur vie. Semra ne voie plus le temps filer. Elle court d’un service à un autre, apporte le lendemain le dossier à la chargée d’études. Cette fois, elle se présentera.
    - A partir d’aujourd’hui, appelez-moi Ouiza ! Voici mon numéro personnel, dit-elle en lui remettant sa carte. Vous pourrez me joindre quand vous le voulez !
    Semra la remercie tout en souriant.
    - C’est très gentil. Je vous appelle dans une semaine ?
    -Peut-être que j’aurais du nouveau avant ! Bon week-end !
    Elle quitte le bureau et se rend à son travail. Une fois au bureau, Dalila l’appelle et lui demande d’effectuer des achats pour elle. Semra prend note, heureuse de pouvoir l’aider et l’assister, même à distance

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 51e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra n’a plus le temps de souffler. Une fois qu’elle quitte son travail, elle fait la tournée des boutiques, recherchant ce que Dalila voulait précisément. La liste en tête, le portable à portée de main, elle l’appelle souvent de chaque boutique, à chaque fois qu’elle hésite devant un article ou un autre. Semra hésite à lui acheter deux valises et un coffret pour ses bijoux.
    - Tu les veux de quelle couleur ?
    - Blanche, répond Dalila.
    - Il y en a de couleur beige et d’autres en blanc pur, précise Semra. Je trouve les beiges plus solides…
    - Prends le blanc pur, tranche la future mariée. Prends-moi aussi des rideaux pour ma chambre, de couleur blanche, et aussi des descentes de lit qui ont du beige, du marron…
    - C’est noté, je vais te les chercher. Mais pour les bijoux, tu as tout ce qu’il te faut ?
    - Oui, mais j’ai envie de quelque chose pour Noureddine, soupire Dalila. Que me conseilles-tu ?
    Semra qui n’a jamais offert de cadeau à un homme ne lui est d’aucun secours. Toutefois, elle pense à une belle montre.
    - C’est chic et utile, dit-elle. Ou une gourmette en argent ?
    - Parce que tu crois que les hommes portent des bijoux ?
    - Si, j’en ai vu, réplique Semra. C’est en argent et tu peux même le personnaliser, ajoute-t-elle. On pourrait graver vos initiales, c’est romantique, non ?
    - Oui, pourquoi pas !
    Dalila, qui a beaucoup de choses à faire, est complètement dépassée.
    - Ecoute, je me fie à ton goût… Achète ce que tu veux ! Mais essaye de venir trois ou quatre jours avant ! J’ai peur que cela soit un fiasco !
    Semra sourit et la rassure.
    - Tu t’inquiètes pour rien ! Tout se passera bien ! Et je serai là, lui dit-elle avant de lui demander : Dis les gâteaux, tu les as commandés ?
    - Maman s’en occupe… Je te charge du reste… On se rappelle tout à l’heure !
    Semra raccroche et range son téléphone dans la poche de sa veste. Elle fait encore le tour de quelques boutiques, heureuse de combler les volontés de son amie.
    Elle rentre chez elle, plusieurs sacs dans les mains. Ses épaules et ses pieds commençaient à la faire souffrir. Elle soupire en posant le tout dans le coin du salon. Elle retire ses chaussures, accroche sa veste au portemanteau puis file prendre une douche avant de s’étendre un peu. Elle n’a pas faim. Elle veut juste fermer les yeux, sentant la fatigue avoir raison d’elle. Elle se couvre et s’enfonce dans un sommeil sans rêve.
    C’est l’appel à la prière qui la tire de son sommeil. Elle n’en revient pas d’avoir dormi autant. Elle quitte son lit et allume la lumière. Elle écarquille les yeux en voyant l’heure.
    - C’est déjà l’aube, se dit-elle en allant à la cuisine. Elle inspecte le contenu du frigo et sort des œufs et du fromage lorsqu’elle se rend compte que son ventre crie famine.
    Elle se prépare une omelette au fromage puis va manger au salon. En voyant les achats effectués la veille, elle s’étonne que Dalila ne l’ait pas appelée. Elle se rappelle ne pas avoir sorti son portable de sa veste. Elle se lève et va regarder dans la poche de sa veste. Elle est surprise de ne pas l’y trouver. Elle fouille l’autre poche puis prend son sac à main. Elle cherche parmi tout ce qui le compose, trousseau de clefs, trousse de maquillage, parfum, déodorant. Elle ne tombe pas dessus. Elle va le vider sur la table.
    Son portable ne s’y trouve pas.
    Elle se demande si elle ne l’aurait pas glissé dans un des sacs de Dalila. Très patiente, elle les fouille l’un après l’autre. Elle est déçue et doit se faire à l’évidence qu’elle l’a perdu ou qu’on le lui a volé.
    Elle pense à la douche prise la veille et elle va à la salle de bains fouiller les poches de son pantalon, mais rien. Elle n’en revient pas…

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 52e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra doit attendre d’être dehors pour joindre Dalila. Elle avait coupé la ligne fixe dès qu’elle avait acheté son portable. Elle entre dans un taxiphone et l’appelle.
    - J’ai essayé de te joindre pendant toute la soirée, lui dit Dalila. Il était tout le temps fermé…
    - Je l’ai perdu, répond Semra. J’en achèterais un autre… Alors j’achète une montre ou une gourmette en argent ?
    - Prends une belle montre ! Et ne tarde pas à venir !, la prie Dalila. Maman m’a demandé de prendre un congé, je risque de devenir folle sans toi !
    - Tu as bien tes cousines et d’autres collègues qui pourront t’aider !
    - Oui, mais j’ai besoin de toi ! Les autres sont des cousines, des collègues, et toi, tu es ma sœur !
    Semra est toute émue.
    - Je viendrai, s’il le faut dès demain…
    Dalila crie de joie. Semra se rend au bureau et met au courant le proviseur. Il est au courant pour son départ dans la région de Boumerdès. Quand elle lui parle de s’absenter quelques jours, il approuve. Il la rassure même.
    - On se débrouillera sans toi… Mais ne tarde pas trop ! On a toujours besoin de toi !
    - Je n’en doute pas !
    Elle mettra de l’ordre dans son bureau, réglera les urgences avant de confier les clefs à sa secrétaire. Une fois hors de l’établissement, elle se rend chez un bijoutier du centre-ville. Il possède un nombre incalculable de belles montres pour homme. Le vendeur lui en montre plusieurs, il n’hésite pas à lui détailler le produit et ses caractéristiques.
    Celle qu’elle choisit est de couleur grise et elle est en acier inoxydable. Elle est très classe. Même si elle est chère, elle la prend. Elle demande au vendeur de l’emballer. Lorsqu’elle quitte la boutique, elle se rappelle certains articles qu’elle lui a demandés pour sa chambre. Elle ne tarde pas à rentrer chez elle. Elle doit se préparer au voyage du lendemain. Elle range dans un grand sac de voyage tous les achats de Dalila, puis se prépare une petite valise, prenant l’essentiel, un joli ensemble qu’elle portera pour la fête et une robe d’intérieur. Elle se met au lit tôt, mais ne parvient pas à s’endormir de toute la nuit. Elle est déjà debout lorsque le muezzin appelle à la prière du fedjr. Elle se prépare et sort. Elle est moins de huit heures quand elle part en taxi. Il n’y a pas beaucoup de circulation. Elle arrive à Bouira deux heures plus tard puis au village T… avant midi. Il a fallu attendre que le fourgon soit plein avant que le chauffeur ne consente à démarrer.
    La porte de la cour est ouverte. La mère de Dalila y est en train de nettoyer. Celle-ci pousse un cri de joie lorsqu’elle la voit. Elle l’accueille chaleureusement, l’embrassant plusieurs fois, la serrant contre son cœur. Elle l’invite à entrer dans l’intérieur de la maison.
    Semra pose son sac et sa valise dans le couloir.
    - Ma tante, comment allez-vous ? Comment va mon oncle ?
    - Grâce à Dieu, nous allons tous bien, répond Zahia avant d’appeler Dalila. Viens voir qui est là !
    La future mariée sort la tête de sa chambre puis court à elle, lui sautant au cou.
    - Enfin te voilà ! Je me faisais du souci ! Je n’avais pas où te joindre, dit-elle. Tu as fait bon voyage ?
    - Oui. Alors c’est pour la semaine prochaine ?
    - Oui, mes cousines préparent d’autres gâteaux ! Viens, je vais te les présenter !
    Semra la suit dans la cuisine où une ambiance bon enfant règne. Elles se font la bise de bienvenue. Semra serait restée avec elles, mais Dalila l’entraîne déjà dans sa chambre où elle prépare ses affaires.
    - Tu ne crois pas que tu t’y prends tôt ?
    - Non. Il y a tant de choses à faire que je crains de ne pas être prête ce jour-là !, confie Dalila.
    - Où sont ton père et tes frères ?
    - Papa est dans son bureau en train d’inviter par téléphone la famille et les amis ! Quant aux garçons, ils s’occupent du reste !
    - Il y aura beaucoup de monde ?, demande Semra, un peu inquiète.
    - C’est la première fête qu’il donne, il tient à inviter tout le monde, répond Dalila en riant. Je crains que rien ne suffira ! Mais il ne veut rien entendre… Il n’en fait qu’à sa tête !

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 53e partie
    Par :Adila Katia

    Dalila se fait du souci pour rien. Tout se passera bien. Un disc-jockey mettra de l’ambiance durant toute la soirée après le dîner donné par ses parents. Elle se prêtera au jeu du défilé. Semra l’aidera chaque fois à se changer et à tout ranger lorsqu’elle se retrouve dans la cour, dans son fauteuil, entourée de ses cousines et collègues présentes à la fête.
    Heureusement, tous les invités ne sont pas restés pour la nuit. Ils sont revenus le matin, pour voir Dalila portant sa robe blanche, partir au bras de Noureddine. Est invitée à la fête la famille proche. Zahia ne les accompagne pas. Semra voudrait rester pour lui tenir compagnie. Elle a vu combien elle est triste. Elle s’est efforcée de ne pas pleurer devant Dalila. Mais ses yeux sont rouges à force d’avoir pleuré en cachette.
    - Non, va avec elle ! lui dit Zahia. Tu es l’unique personne en qui elle a confiance ! Je compte sur toi pour tout avoir à l’œil ! C’est toi qui as tout rangé…
    Une autre mettrait du désordre dans ses affaires !
    - Je prendrai soin d’elle et de ses affaires ! Mais je ne resterai pas pour la nuit, la prévient-elle. Je vais devoir reprendre le travail dès demain !
    - Tiens-lui compagnie jusqu’à mon arrivée. Allez, pars avec eux !
    On lui fait une place dans la voiture de la mariée. Elle tient le coffret à bijoux sur ses genoux. Elle est assise à l’avant, toute heureuse pour les mariés. La fête continuera trente kilomètres plus loin, à Bouira. La famille de Noureddine les accueillera chaleureusement. Les youyous que les femmes lancent les assourdissent un moment. La sœur de Noureddine les mène dans un grand salon où sont installés sur une estrade des fauteuils décorés de fleurs.
    Il y a tant d’invités qu’il n’y a plus où s’asseoir. La piste de danse est étroite tant on s’y presse.
    Semra reste près de Dalila. Celle-ci lui fait signe d’approcher. Elle lui parle à l’oreille.
    - Je ne ferai pas de tesdira ici… Je ne me changerai qu’une seule fois !
    - Pourquoi ?
    Mais Dalila ne répond pas. Semra pense aux robes cousues sur mesure pour cet événement. Elle porte son attention sur les invités qui se défoulent sur la piste de danse où on se bousculait. Noureddine soulève le voile de Dalila, provoquant des youyous.
    On se presse pour aller embrasser les mariés et les féliciter. C’est l’occasion pour Noureddine de leur présenter les cousines, les tantes. Toutes ont un mot gentil pour la mariée. Certaines sont prises par sa présence.
    - Je croyais que la mariée n’avait pas de sœur, dit une vieille femme à Noureddine. Si elle n’est pas mariée, tu pourrais la présenter à mon fils ?
    Noureddine le lui promet. Semra, rougissante, remarque que le salon commence à désemplir. La sœur de Noureddine emmenait les invitées déjeuner. Semra peut enfin s’asseoir et sourit lorsque Dalila prend sa main. Elles peuvent enfin parler sans avoir à crier. Le disc-jockey passait une douce mélodie après avoir baissé le son. Noureddine s’en est allé rejoindre ses invités à l’extérieur.
    - Tu pourrais te marier…
    - Non, je n’y pense même pas, dit
    Semra.
    Un jeune garçon a filmé toute la fête. Elles lui sourient avant de poursuivre leur conversation.
    - Si c’est un bon parti, pourquoi pas ?
    - Non, je préfère retourner à la vie, elle est toute tracée ! Je repars chez tes parents leur dire au revoir ! Je reviendrai dans quelques jours, la rassure-t-elle. Et puis on s’appellera tous les jours ! Je te le jure ! Dalila serre très fort la main de son amie, des larmes coulent sur ses joues. Semra les essuie.
    - Non ma sœur, ne pleure pas ! C’est le plus beau jour de ta vie ! On se reverra !
    La sœur de Noureddine vient à elle. Elle se présente à Semra.
    - Moi, c’est Halima…
    - Enchantée !
    - Je vais vous emmener déjeuner dans votre chambre ! Vous pourrez aussi vous reposer, leur dit-elle. On y va maintenant ?
    Elles la suivent dans la chambre de Noureddine où une petite table avait été dressée à leur intention. Dalila se débarrasse de son voile puis s’assoit. Elle n’a pas faim. Semra grignote un peu avant de se lever. Les tantes et les cousines de Dalila s’apprêtent à partir. Elles viennent lui dire au revoir. Un moment d’émotion où toutes pleurent.
    Toutes lui souhaitent de vivre heureuse dans son nouveau foyer. Semra l’embrasse la dernière.
    - Je pars avec elles, elles me déposeront chez tes parents ! Je rentre dès ce soir à Alger !
    - Tu vas me manquer, dit Dalila.
    - Je ne crois pas. Noureddine est là pour toi ! Je t’appelle tout à l’heure !
    Elle la serre dans ses bras une dernière fois puis rejoint ses tantes avec qui elle repart au village. Zahia sourit en la voyant. Elle demande des nouvelles de sa fille et de la fête.
    - Tout s’est bien passé ma tante, je vais rentrer à Alger, lui dit-elle. Mais je reviendrai, promet-elle.
    Elle serait bien restée, mais maintenant que Dalila n’est plus ici, tout lui semble vide. Elle réunit ses affaires dans sa petite valise et part après avoir salué toute la famille. Elle a hâte d’être chez elle. Elle ne s’en est pas rendu compte, mais elle est à bout physiquement…

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  5. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 54e partie
    Par : Adila KATIA

    Elle ne pourra pas tenir sa promesse les semaines suivantes. Tout est allé vite. Une fois nommée au poste d’économe du nouveau lycée, elle prépare son départ. Le logement de fonction qui lui est attribué est spacieux. Semra, qui avait vécu pendant des années dans un studio, se retrouve à vivre un rêve. Des rêves qu’elle s’était interdits depuis si longtemps.
    Elle habitera Baghlia. Ce ne sera pas comme à Alger-Centre où elle était libre de faire ce qu’elle veut, où les filles en jupe courte côtoient celles qui portent le hidjab, où on peut sortir au bras d’un garçon sans crainte. Elle ne s’imagine pas rentrer à 19h. Elle a vite compris en voyant ses collègues, les professeurs, qu’elle devra se faire discrète. Elle se demande si elle ne sera pas contrainte à porter le foulard.
    Semra ramène ses affaires, un bon matin, louant une camionnette pour l’occasion. Elle achète aussi tout ce qu’il faut pour la cuisine et la chambre. Le salon attendra. Elle a ce qu’il faut pour vivre.
    Elle a acheté un nouveau portable. Elle appelle de temps à autre Dalila. Celle-ci est toute à sa nouvelle vie de famille. Elles n’ont pas le temps de discuter à bâtons rompus, à cœur ouvert comme avant, mais elles sont heureuses de se retrouver pour un court instant.
    - L’appartement est neuf ?
    - Oui, il n’y a rien à refaire pour l’instant… L’année prochaine, je changerai la couleur des murs des chambres. Le salon est en beige, très chic ! Je vais acheter des matelas ! Quand vous viendrez, vous resterez passer la nuit !
    - Incha Allah !
    - Essaie de programmer un week-end, la prie Semra. Nos rencontres nous manquent ! Tu me manques…
    Dalila semble triste.
    - Oui, moi aussi, je suis habituée à tout partager avec toi ! Je te préviens dès qu’on a du temps libre… Depuis notre mariage, on est souvent invités chez ses oncles, ses tantes ! Je viens de me rappeler que papa nous a invités. On doit passer le week-end là-bas, je t’invite à nous y rejoindre !
    - Je vais voir.
    - Non, insiste Dalila. Viens, après on s’entendra sur notre visite ! Je t’y attendrai… On passera la nuit ensemble ! Et puis, ce sera l’occasion de te donner un album des photos du mariage ! Ainsi qu’un film…
    - Je viendrai les récupérer, promet Semra. Il y aura d’autres invités ?
    - Non, je ne crois pas… Je dois raccrocher ! On s’appelle avant la fin de la semaine ?
    - Oui…
    Elles se souhaitent une bonne nuit et raccrochent. Semra, très prise par son travail, ne verra pas le temps filer. Ses journées sont longues, et une fois hors de l’établissement, elle va d’une boutique à une autre. Elle a encore des achats à faire. C’est un nouveau foyer où elle peut tout se permettre. Après avoir vécu dans le studio où la propriétaire interdisait même de percer les murs, Semra pouvait maintenant céder à ses envies. Elle achète des tableaux, des doubles rideaux, des bibelots.
    Elle a repéré des meubles. Elle décide d’attendre la visite de Dalila et de son mari pour les acheter. Elle aura besoin d’aide.
    La veille de son départ, elle achète des gâteaux aux amandes et un cadeau pour la mère de Dalila. Elle prend un taxi, et pendant tout le voyage, elle se fait une joie de retrouver son amie et sa famille.
    Dalila et Noureddine sont déjà au village. Ils rentraient d’une promenade. Leurs retrouvailles sont chaleureuses comme d’habitude.
    - Tu as fait bon voyage, j’espère ?
    - Oui, répond Semra, toute souriante, remarquant que son amie rayonne de bonheur. Je vois que le mariage te réussit !
    - Oui…
    Noureddine pousse la porte de la cour et entre à l’intérieur de la maison. Dalila la prend par le bras et l’emmène dans sa chambre, la surprenant.
    - Attends, je vais dire bonjour à tes parents !
    - Non, lui murmure-t-elle. Après !
    Une fois dans la chambre, elle ferme la porte. Dalila lui explique pourquoi.
    - On a des invités et je préfèrerais qu’ils ne te voient pas !
    Semra secoue la tête.
    - Pourquoi préfères-tu que je ne les vois pas ?, demande-t-elle en posant ses affaires, dans le coin de la pièce. Qui est là ?
    - Tu ne devineras jamais ! Oncle Rabah est là…Tu te souviens du directeur du centre de vacances ?
    - Non ! Est-ce qu’il va tarder ?
    - Je ne crois pas, la rassure Dalila, avant d’ajouter ce qui l’inquiète le plus. Comme il a raté la fête, j’espère que papa ne lui montrera pas l’album de photos de mon mariage ou les enregistrements vidéo ! Je pense qu’il te reconnaîtra sur-le-champ !
    - Je crois que je vais repartir ! Je ne veux pas le voir !
    - Non ! Cela fait des semaines qu’on ne s’est pas vues ! Installe-toi ici, mets-toi au lit, je dirai à maman que tu as souffert durant le voyage et que tu te reposes un peu !
    D’ailleurs celle-ci la cherche et l’appelle. Dalila lui demande de se mettre à l’aise avant de sortir de la chambre et de tirer la porte derrière elle…

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  6. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 55e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra a le cœur qui bat très fort. Elle le sent prêt à jaillir de sa poitrine. Elle s’assoit sur le lit, les mains moites, tremblante. Elle réalise que le passé est en train de la rattraper. Si Rabah la découvre ici, allait-il la reconnaître ? C’est fort possible. Il a beau avoir vieilli, il a encore toute sa mémoire. Elle craint leur confrontation.
    Que lui répondra-t-elle s’il lui demande pourquoi ?
    Elle a agi sur un coup de tête. Elle n’aurait jamais dû prendre l’identité de son amie. Elle aurait dû postuler. Elle avait toujours craint qu’on découvre qu’elle est une enfant naturelle et pupille de l’Etat. Ce qu’elle regrette, c’est Azzedine. Elle se demande quelle aurait été sa réaction s’il avait su qu’elle était vraiment. L’aurait-il pris en horreur ? Aurait-il été compréhensif ?
    Auraient-ils pu continuer et aller plus loin jusqu’au mariage comme il l’envisageait alors ? Est-ce que sa famille aurait toléré leur mariage ?
    Elle s’allonge, portant la main à son front. Le choc de savoir l’ancien directeur du centre de vacances et toutes ses questions lui ont donné la migraine. Zahia, la mère de Dalila, entre à cet instant.
    - Sois la bienvenue ma fille !
    Semra se redresse pour l’embrasser sur les joues. Zahia l’invite à se rallonger.
    - Voudrais-tu un calmant ?
    - Non, je vais attendre un peu… Je n’aime pas les médicaments, lui rappelle-t-elle tout en s’allongeant alors qu’elle sortait une couverture fine pour la couvrir. C’est gentil, merci !
    - Repose-toi un peu ! On se verra tout à l’heure…
    Semra soupire, se demandant combien de temps elle devra garder la chambre. Elle a bel et bien la migraine. “Incroyable, pense-t-elle. Je devais feindre d’avoir souffert du voyage et là, j’ai un début de migraine !”
    Elle espère que Rabah ne passera pas la nuit. Elle regrette d’être venue ce week-end. Elle avait toujours su qu’elle prenait un risque en venant chez Dalila, sachant que son père et Rabah étaient amis et que ce dernier pouvait lui rendre visite à l’improviste et tomber sur elle. Ils sont sous le même toit et s’il ne part pas, elle ne pourra pas garder le lit durant tout le week-end.
    “Inch Allah qu’il est juste de passage !”
    Dans le salon, quelques mètres plus loin, Hocine lui montrait les photos du mariage de sa fille. Rabah qui remarque tout de suite la ressemblance entre les deux amies.
    - Incroyable ! On croirait qu’elles sont sœurs ! D’où est-elle ? demande-t-il alors que Dalila entrait dans le salon.
    - Elle est originaire de Sour El-Ghozlane… Mais maintenant, elle vit du côté de Boumerdès, ajoute-t-elle en souriant.
    Le vieil homme fronce les sourcils, allant d’une photo à une autre où Semra apparaît sous divers profils. Il pince les lèvres, n’en revenant toujours pas.
    - Tu te souviens de la fois où je t’ai rendu visite avec un ami… La fille qu’il allait demander en mariage s’était volatilisée et on avait découvert qu’elle avait usurpé l’identité de ta fille ! C’est étrange comme elle lui ressemble ! Je pense que c’est elle !
    - Je ne crois pas mon oncle ! Semra me ressemble mais ce n’est pas elle ! dit Dalila.
    - Peut-être mais elles se ressemblent ! insiste-t-il.
    Noureddine allait parler mais Dalila lui a jeté un regard en pinçant les lèvres. Il ravale les mots qu’il allait sortir de sa bouche.
    - Maman voulait savoir mon oncle si vous voulez des crêpes arrosées d’huile ou de beurre ? demande-t-elle pour changer de sujet.
    - Merci mais je ne vais pas rester. A ma prochaine visite Inch Allah !
    - Non, fais-moi plaisir et reste une nuit de plus !
    Dalila sent ses cheveux se redresser, sur sa tête. Elle est suspendue aux lèvres de Rabah. Elle prie pour qu’il refuse.
    Car s’il reste, elle ne pourra pas leur cacher la présence de Semra. Cela finira mal…

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  7. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 56e partie
    Par : Adila KATIA

    -Pourquoi m’as-tu regardé ? Pourquoi, je devais me taire ?
    Dalila sourit à son mari tout en lui intimant de baisser la voix.
    - Chut !
    Elle l’entraîne dans la chambre de ses parents. Elle lui doit une explication et elle ne peut pas lui mentir. Elle lui raconte sans donner trop de détails mais elle se tait quand il écarquille les yeux. Il n’en revient pas qu’elle lui ait laissé sa place.
    - Comment a-t-elle justifié son absence auprès de sa famille ?
    - Elle…
    Elle hésite à lui dire toute la vérité. Qui sait comment il réagira en apprenant que son amie intime est une enfant illégitime, retrouvée abandonnée à Sour El-Ghozlane. Elle ne peut pas lui dire qu’elle est une pupille de l’Etat. Même si c’est quelqu’un de bien qui a réussi sa vie, le regard des autres change. Les gens sont sans pitié. Dalila se demande que lui dire qui puisse ne pas soulever d’autres questions. Elle ne veut pas s’enfoncer dans d’autres mensonges même s’ils sont innocents. Elle soupire.
    - Comprends-moi ! Sa famille était dans la misère et elle voulait les aider. C’est pourquoi elle m’a remplacée à l’insu de tous ! Même papa n’est pas au courant !
    - Tes parents auraient accepté de les aider. Pourquoi ne pas leur en avoir parlé ? l’interroge-t-il.
    - Comme ça… Ecoute, Semra a juste travaillé, empoché le salaire et filé avant qu’on ne découvre la supercherie ! S’il te plaît, le prie-t-elle. Cela doit rester entre nous ! Semra n’a rien fait de mal !
    - Mais elle aurait pu le faire !
    rétorque-t-il.
    - Elle a juste gagné le salaire à la sueur de son front ! J’espère qu’il va partir dès maintenant, car je ne peux pas la garder dans ma chambre tout le week-end ! dit-elle avant de soupirer. J’ai hâte de le voir partir ! Je vais aider maman… Promets-moi de ne rien dire à mes parents !
    - T’inquiète !
    Dalila lui envoie un baiser et file à la cuisine. Le cœur serré, il lui semble que le temps s’est arrêté, qu’ils mangent lentement, qu’ils parlent trop politique et sport. Ils devraient apprendre à manger silencieusement et plus vite.
    Elle se retient de crier de joie lorsqu’elle les entend sortir dans le couloir. Elles sortent de la cuisine pour dire au revoir à Rabah. Elle soupire de soulagement lorsque son père décide de le raccompagner à la gare routière.
    - Enfin, lâche-t-elle en allant trouver Semra qui se redresse à son entrée. Il a fini par partir ! J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter ! Pourquoi est-il venu ce week-end ?
    - Tu es sûre qu’il est parti ?
    - Oui, sinon je serai mal !
    Elles ont eu chaud toutes les deux. Quelques instants plus tard, Semra peut enfin quitter la chambre sans craindre de tomber sur l’ancien directeur, témoin direct de son histoire d’amour raté et de l’usurpation de l’identité de son amie. Elle respire mieux, et le reste de la journée se passe dans une ambiance chaleureuse. Les deux amies se retrouvent et passent la nuit ensemble.
    Elles peuvent enfin parler sans craindre d’être surprises.
    - Tu crois qu’il reviendra sur le sujet ? demande Semra.
    - Je ne sais pas… J’espère que ça ne va pas le travailler, dit Dalila. Car je suis autant impliquée que toi. J’avais menti à mes parents, à Noureddine…
    - Même s’il a des doutes, il ne pourra pas vérifier et cela remonte à des années, dit Semra qui se veut rassurante. J’ai changé depuis. Même si on se croisait, il ne me reconnaîtra pas ! Je suis sûre qu’on se fait du mauvais sang pour rien !
    - Inch Allah !
    Le lendemain, Semra rentre chez elle. Dalila et Noureddine retournent à Bouira. Quelques semaines plus tard, Dalila lui apprend qu’elle est enceinte. Elles s’appellent régulièrement mais ne se voient plus autant qu’avant. Semra est prise par son travail, et le week-end elle le consacre à sa maison. Elle aurait rendu visite à son amie si celle-ci avait son propre foyer. Elle ne voulait pas s’imposer auprès de sa belle-famille. Parfois, Dalila lui racontait les petites misères que lui faisait sa belle-mère.
    - La vie est ainsi faite ! Sinon tu vas t’ennuyer, dit Semra. Et comme ça, tu auras toujours quelque chose à me raconter ! Dis, tu n’aurais pas des secrets ?
    Dalila n’ose pas lui dire, mais en rangeant les albums de photos laissés chez ses parents, elle a remarqué qu’il en manque plusieurs. Elle a demandé à sa mère à qui elle les a donnés, mais celle-ci était tout aussi surprise. Son père aussi n’y avait pas touché. Il lui est venu à l’esprit que c’était peut-être son ami Rabah qui les avait pris. Cela faisait des mois depuis qu’il était parti. Il n’était pas revenu, et au téléphone, il n’avait plus parlé de “l’inconnue” qui avait usurpé son identité. C’était bon signe, pense-t-elle. Elle ignore pourquoi mais elle s’attend chaque jour à ce qu’il lui rendre visite. Pour l’interroger…

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  8. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 57e partie
    Par : Adila KATIA

    Dalila rencontrera beaucoup de problèmes auprès de sa belle-famille au point où elle ne pouvait plus vivre avec eux. Noureddine a pris le parti de sa femme. Après la naissance de leurs jumelles, ils sont loué une maison dans son village natal. Ils n’habitent pas loin de la maison de ses parents. Chaque jour, Dalila confie Julia et Sandra à sa mère qui adore s’en occuper. Dalila travaille l’esprit tranquille.
    Semra va souvent les voir. Elle adore les fillettes qu’elle considère comme ses nièces. Elle les gâte au point où Dalila la gronde à chaque fois. Au troisième anniversaire, Dalila donne une grande fête. Noureddine la filme et prend des photos. Toute la famille est présente, même ses parents sont venus, mettant de côté leurs différends.
    Dès qu’il se retrouve seul, dans son bureau où il se connecte souvent, il a un compte sur un réseau où il commente l’actualité du quotidien. Il met en ligne des photos de l’anniversaire. Ce n’est pas la première fois qu’il en met. Il reçoit toujours des compliments de sa famille et de ses amis. Il en a beaucoup, surtout depuis qu’il a ses relations amicales virtuelles. Des contacts, il en a près d’une centaine.
    Dalila n’aime pas les réseaux sociaux, mais elle ne peut pas l’empêcher d’y aller et d’y faire ce qu’il veut. Comme son compte est toujours connecté, elle va souvent jeter un coup d’œil. La boîte e-mail est aussi ouverte. Elle est surprise de trouver un message avec le nom du directeur. Ce n’est pas lui qui l’a écrit mais son fils. Son père Rabah ne s’y connaît pas en informatique, et d’après ce qu’elle lisait, son fils, en faisant des recherches, est tombé sur lui. Il s’est rappelé qu’il les avait invités à son mariage. En s’attardant sur les photos récemment mises en ligne, ils avaient regardé les photos ensemble, et Rabah avait été frappé par les photos où il y avait Semra.
    Elle est là à lire et à relire le mail quand elle réalise à son grand soulagement que le mail est arrivé le matin même et que son mari n’a pas eu le temps de l’ouvrir. Noureddine était parti dès sept heures et demie, déposant les fillettes chez ses parents avant. Dalila prévoyait de faire le ménage durant la matinée, et c’est en nettoyant le bureau de son mari qu’elle a eu envie d’aller se connecter. Mais Noureddine avait laissé tout ouvert. Il n’avait rien à cacher.
    Le cœur battant à tout rompre, elle décide de répondre. Elle explique qu’ils ne connaissent rien de sa famille et qu’elle venait rarement. Il n’en savait pas plus sur elle.
    Elle se rend dans les paramètres et ajoute l’expéditeur aux courriers indésirables. Car si Rabah ou son fils réécrit à son mari, en lui posant d’autres questions, ce dernier ne mentirait pas pour elle.
    Elle éteint l’écran, finit de dépoussiérer avant de rincer le sol. Elle vaque à d’autres occupations à travers la maison, mais ce mail l’inquiétait. Elle ne cesse d’y penser. Elle se demande si elle doit en parler à son amie. Elle ne voudrait pas lui communiquer son anxiété. Mais qu’adviendra-t-il s’il découvrait que c’est bien elle l’inconnue qui avait emprunté son identité ?
    Semra n’avait rien fait de mal et n’avait nui à personne. A part le fait de s’être lancée dans une relation amoureuse impossible, elle est un ange. Il n’y a rien à redire sur son comportement. Elle est une femme exemplaire, sans reproche.
    - Allah, viens-moi en aide !
    - Parce que tu as besoin d’aide ?
    Dalila soupire et s’efforce à sourire à son mari qu’elle n’a pas entendu entrer. Il remarque son air soucieux.
    Son sourire est forcé, cela lui a sauté aux yeux.
    - Ça va ? Bonne matinée ?,
    lui demande-t-elle.
    Tes élèves se sont bien tenus ?
    - On peut dire… Tu travailles cet après-midi ?
    - Oui, c’est pourquoi je t’ai demandé de laisser les filles chez maman, lui rappelle-t-elle. D’ailleurs je vais me préparer…
    Dalila file sous la douche, se prépare à sortir. Elle se rappelle les copies qu’elle a promis de rendre à ses élèves. Elle les met dans son cartable puis enfile sa veste. Elle passe au bureau de son mari qui est déjà en train de naviguer sur internet.
    - J’y vais, lui dit-elle. Je peux compter sur toi pour récupérer les filles ?
    - Bien sûr, répond-il avant de lui demander. Dis, tu n’aurais pas touché à mon PC ?
    - Je l’ai dépoussiéré, répond-elle. J’en ai profité pour regarder les photos ! Elles sont très réussies ! A toute !
    - Bye !
    Dalila part, réalisant qu’elle n’a pas vidé la corbeille virtuelle. Elle pense à le faire plus tard. Son portable vibre dans sa poche. Elle le sort pour répondre. Elle aurait été bien heureuse d’entendre Semra. Elle pense à répondre et à lui dire ce qu’elle a découvert mais elle hésite encore…

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  9. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 58e partie
    Par : Adila KATIA

    Dalila n’a pas décroché. Son amie aurait deviné au ton de sa voix qu’elle n’était pas bien. Elle se rend à ses cours, elle tente de se donner à fond. Elle voudrait oublier mais comment ne pas y penser ? Elle hésite encore à rapporter à Semra ce qui se passe.
    Elle craint la réaction de son mari et de son père s’ils découvrent la vérité. A chaque fois qu’elle ne s’y attend pas, l’ami de son père, ancien directeur du centre de vacances, revenait poser des questions sur Semra. Pourtant, elle n’avait commis aucun délit. Elle n’a pas ouvert d’autres comptes ou envoyé du courrier en son nom. Elle n’a pas commis d’actes répréhensibles. Elle s’est juste fait passer pour elle. Il y a si longtemps maintenant, pourquoi il ne passe pas à autre chose !, peste-t-elle.
    Après les cours, elle ne rentre pas chez elle. Elle se rend chez ses parents qu’elle trouve réunis autour de ses filles.
    - Bonsoir. Comment allez-vous ? J’espère qu’elles ont été gentilles et obéissantes !, dit-elle en s’asseyant près de sa mère. Ça va, elles ne te mènent pas la vie dure ?
    Zahia sourit.
    - Elles mettent de la couleur dans notre vie… Je serais bien triste lorsqu’elles rentreront en classe ! Elles grandissent si vite…
    - C’est vrai, reconnaît Dalila. J’ai l’impression de les avoir eu hier ! Je les revoit dans leurs langes ! J’adorais les voir dormir. Elles dormaient en souriant aux anges…
    - Ce sont des anges… Veux-tu du café ?
    - Oui, un café me ferait du bien !
    Sa mère part en chercher dans la cuisine. Dalila est restée avec ses filles et son père qui regardait un jeu télévisé. Il baisse le son et se tourne vers elle. Lorsqu’elle voit son regard perçant, elle sent son cœur manquer un battement. Bien avant qu’il ne parle, elle sait de quoi il va lui parler. ç’aurait été trop beau que le vieil homme n’appelle pas son père pour le mettre au courant ou l’interroger une nouvelle fois sur son amie.
    - Rabah te passe le bonjour, il a appelé pour souhaiter un joyeux anniversaire aux filles, dit-il. Ton mari a mis les photos sur internet !
    - Ah !…
    - Rabah a regardé les photos où il y a Semra, il voudrait son numéro de téléphone, poursuit-il. Il voudrait même te parler !
    - De quoi ?
    - Tu devrais dire de qui ?, rétorque-t-il. Tu sais, son sixième sens lui dit que c’était elle qu’il avait eue chez lui !
    - Bon, s’emporte Dalila. Même si c’est le cas, où est le problème ? Que je sache, elle n’a rien fait de mal !
    - Peut-être, mais aujourd’hui j’ai compris une chose, dit-il. Elle ne pouvait pas savoir qu’il allait y avoir une Dalila qui s’absenterait et qui en profiterait pour se faire passer pour elle !, dit le père. Elle devait avoir une complice et c’est toi ! A l’approche de l’heure de vérité, elle s’est volatilisée !
    - Je ne suis complice en rien ! Qu’une autre se soit fait passer pour moi, je n’y peux rien ! Et ce ne devait pas être une criminelle puisqu’on n’a pas reçu de réclamation !
    - Grâce à Dieu !, s’écrie-t-il. Tu aurais pu te retrouver en prison pour des actes répréhensibles que tu n’as pas commis ! Elle aurait pu attenter à ton honneur en se comportant comme une moins que rien !
    - Papa, ce n’est pas arrivé grâce à Dieu, mais crois-moi, ce n’est pas Semra ! Si toi, tu as des doutes, moi je n’en ai pas !, affirme-t-elle, alors que sa mère apportait des tasses de café sur un plateau. Semra est un ange, même maman est de mon avis !
    Zahia confirme d’un hochement de tête.
    - Elle est très présente dans ta vie autant que peut l’être une sœur ! Le bon Dieu t’a donné la sœur que je n’ai pas pu avoir !
    Dalila sourit à son père qui finit par remettre le son de la télé. Elle et sa mère parlent de choses et d’autres. Aussitôt le café avalé, elle aide sa mère à ranger les affaires de ses filles dans leurs sacs, puis à les porter, avant de prendre congé. Une fois dehors, tenant ses filles par la main, elle soupire. La curiosité de Rabah a éveillé des doutes chez son père. Les réponses qu’elle a données ne l’ont pas convaincu, elle en est sûre. Elle entend son portable sonner dans son sac et elle devine que c’est Semra qui rappelait. Elle avait attendu la fin des heures de cours, elle devait s’inquiéter de son silence. Ce n’est pas dans ses habitudes d’ignorer ses appels…

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  10. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 59e partie
    Par : Adila KATIA

    Dalila finit par sortir son portable de son sac et décroche sans même regarder. Elle est persuadée qu’il s’agit de Semra.
    - Bonjour ma chère, si tu permets, je te rappelle quand je serai tranquille !
    - Bonjour ma fille…
    Dalila s’arrête, tirant ses filles par le bras pour les empêcher d’aller plus loin. C’est Rabah. Il a dû avoir son numéro auprès de son père. Elle ne pouvait plus le fuir. Elle sait que quoi qu’elle puisse lui répondre, il ne sera jamais satisfait. Il continuerait à fouiner. Qui sait ce qu’il allait encore découvrir ? Et ce qu’il allait faire ?
    - Quelle surprise !, s’exclame-t-elle.
    Elle prend de ses nouvelles en attendant ces questions. Le vieil homme ne
    tarde pas à lui dévoiler la raison de son appel.
    - Je dois joindre la femme des photos… Il faut que je lui parle ! Je voudrais comprendre pourquoi elle s’est fait passer pour toi, dit-il. Je n’arrive pas à l’oublier… Je voudrais la retrouver !
    - Mais mon amie n’a rien à voir avec cette inconnue !
    - Je veux seulement la voir, lui parler… Dalila ma fille… Arrange-moi un rendez-vous ou emmène-moi à elle ! Je dois lui parler !
    - Mon oncle… Ce n’est pas elle ! à quoi bon ?
    - Je veux juste la voir de mes yeux, me convaincre une dernière fois pour toutes que ce n’est pas elle ! Je ne lui veux aucun mal… Comprends-moi, je dois en avoir le cœur net, une bonne fois pour toutes ! J’ignore pourquoi mais à chaque fois que je la vois en photo, je pense à la jeune fille qui avait fait tourner la tête à un de mes amis ! Le pauvre l’adorait… Elle avait pris la fuite alors qu’il comptait se marier avec elle !
    - Ah… Mais mon amie…
    - Dalila ma fille, je veux juste la voir… Donne-moi son adresse si tu ne peux pas m’accompagner, insiste-t-il. Je la verrai à son travail ! Je te jure que je ne lui ferai pas de problèmes ! Je veux juste des réponses à mes questions…
    Dalila hésite à lui donner son adresse.
    - Je te jure que je ne lui nuirai pas dans sa vie privée et professionnelle ! ajoute-t-il. Dans le fond, elle n’a rien fait de mal…
    Ses filles commencent à s’impatienter. Rabah les entend et décide de rappeler plus tard. Dalila raccroche. Elle est complètement perdue. Elle ignore que faire. Elle saisit ses filles par la main et elles rentrent à la maison. Noureddine est sorti. Elle en est soulagée. Elle n’aurait pas supporté son regard et ses questions. Elle est mal à l’aise.
    - Maman, je peux regarder la télé ?
    - Moi je veux jouer…
    Toutes deux se sont débarrassées de leurs sacs. Dalila sourit et les aide à enlever leurs manteaux et leurs chaussures. Elles vont à la chambre en criant. Dalila leur demande de faire moins de bruit tout en enlevant sa veste. Elle va poser son cartable au bureau de son mari puis se rend à la cuisine où il avait pris un goûter. La table en porte encore les traces. Elle nettoie puis se met en tête d’appeler Semra. Elle doit lui raconter et avoir son avis.
    Elle cherche son portable et va à sa chambre. Elle appelle son amie, s’excuse de ne pas avoir répondu à ses appels. Semra devine tout de suite qu’elle n’est pas bien. Elle demande des nouvelles des fillettes, de Noureddine avant de penser à une querelle.
    - Qu’a fait Noureddine pour te mettre dans cet état ?
    - Rien.
    - Tes parents ont des soucis de santé ? Tes frères ?
    - Non, tout le monde va bien, la rassure-t-elle mais elle sent au ton de sa voix qu’elle n’est pas dans son état normal.
    - Alors, qu’est-ce qui se passe ?
    Dalila soupire.
    - Semra ma chère, Rabah veut te voir !, lâche-t-elle d’un coup. Il veut te voir, te parler… Il est convaincu que c’était toi, même si j’ai beau dire le contraire. Il tient à te voir ! Je ne sais plus quoi
    faire !
    L’amie reste un moment silencieuse.
    - Dis-lui que je suis d’accord ! Je le verrai à Boumerdès… Donne-lui mon numéro !
    - Tu veux vraiment le voir ? Qui sait ce qu’il projette de faire ? s’écrie Dalila. Je crois qu’il ne t’a jamais pardonné !
    - Ce sera l’occasion de lui demander pardon ! Tu sais, c’est quelqu’un de bien… Même en colère, il ne ferait pas de mal à une mouche !
    Ne t’inquiète pas, tout se passera bien !
    - Comment peux-tu garder ton calme ? Croire que tout se passera bien ? Semra, j’ignore comment cela finira !, dit Dalila au bord des larmes. Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur !
    - Fais ce que je te dis ! Donne-lui mon numéro ! Je dois en finir avec cette histoire passée qui m’a rattrapée ! Elle ne peut pas gâcher mon avenir, la rassure la jeune femme. Je veux seulement éclaircir les choses, répondre à ses questions, l’aider à m’oublier…

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  11. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 60e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra n’a pas parlé à Rabah. Elle a reçu son appel mais elle n’a pas eu le courage de répondre. Même si elle est décidée à le voir, elle se demande ce qu’elle aurait pu lui dire au téléphone. Elle regrette de ne pas avoir mis son répondeur. Elle l’aurait écouté parler. Elle aurait pu savoir ce qui l’attendait réellement.
    Elle attend un moment avant de lui envoyer un message, lui proposant de le rencontrer le lendemain, à la gare ferroviaire de Boumerdès. La réponse ne tarde pas à parvenir. Il a accepté. Elle constate qu’il est impatient d’avoir des explications.
    Semra prépare ses affaires pour le lendemain puis va faire du rangement dans les placards. En fait, tout est bien rangé. Elle abandonne au bout de cinq minutes. Elle va au salon et allume la télévision. Elle zappe d’une chaîne à une autre. Tous les programmes lui paraissent inintéressants.
    Elle est là, à penser à Rabah et Azzedine quand Dalila l’appelle. Rabah l’a mise au courant.
    - Sois prudente Semra ! On ignore ce qu’il a derrière la tête !
    - Ce n’est pas un criminel dont je dois me méfier, juste un vieux à la retraite qui cherche des réponses ! J’espère que nos retrouvailles se passeront bien ! Je te tiens au courant, je le vois à onze heures !
    -D’ici demain, je n’aurais plus d’ongles !
    -Tu t’angoisses pour rien, dit Semra en riant doucement. Il est inoffensif…Il est à la fin de sa vie ! Je suis sûre que tout se passera bien…Sois tranquille ! Dors bien…Je t’appelle demain, après mon rendez-vous !
    - Inch Allah ! Bonne nuit, à toi aussi !
    Dalila raccroche. Son mari a mis les petites au lit, pendant qu’elle finissait de ranger la cuisine. Elle y reste, à réfléchir à tout ce qui risquait d’arriver à Semra. Elle est responsable des erreurs passées. Elle était jeune quand elle avait poussé son amie à la remplacer au centre de vacances. Elle se rappelle, sans joie, l’avoir poussée dans les bras d’un homme amoureux d’elle. ce dernier l’était au point où il voulait se marier avec elle.
    - Qu’Allah me pardonne ! Je pensais faire son bonheur, pense-t-elle tout haut alors que Noureddine passait dans le couloir. Elle n’a pas eu de chance ! Elle ne le mérite pas…elle a mal commencé sa vie et risque de mal la finir, à cause de moi !
    - Ma parole, tu es folle ! Tu parles toute seule, constate-t-il en entrant dans la cuisine. Je te croyais au téléphone…
    Dalila lève des yeux tout tristes vers lui. Elle tente d’ignorer les larmes qui lui brûlent les yeux.
    - Qu’est ce qui se passe chérie ?
    - Si tu savais…
    - Tu as des problèmes ?
    - Non…c’est Semra, lâche-t-elle d’un coup. Je voudrais aller la voir demain !
    - Pourquoi ?
    - Pour comprendre pourquoi, il faut que je te raconte tout depuis le début…
    Mais elle ne trouve pas les mots pour lui expliquer elle a poussé son amie à prendre son identité, pourquoi elle en a fait un secret. Même ses parents ignorent qu’elle est sans famille.
    - Après avoir quitté le centre de vacances, elle est retournée au foyer en attendant la fac. Je l’aidais comme je pouvais. Heureusement une fois à la fac, on a eu des amies et Semra pour ne pas se retrouver à la rue, faisait du babysitting. Certaines familles aisées avaient besoin d’elle, pendant des semaines. Comme ça tombait souvent durant les vacances, cela réglait un problème qui se posait chaque année. Lorsque la cité fermait, elle travaillait chez ses gens et parfois, venait ici ! Grâce à Allah, elle n’a pas mal tourné ! Elle a eu la chance d’avoir ce poste d’économe puis ce logement de fonction !
    Noureddine écarquille les yeux, n’en
    revenant pas.
    - Tu m’as menti…tu me mens depuis des années, constate-t-il.
    Le pire c’est que tu es à l’origine de tous ces mensonges ! Mais pourquoi ?
    Tu ne me faisais pas confiance ?
    Dalila ne peut plus contenir ses larmes. Elle se lève et ferme la porte de la cuisine, ne voulant pas que ses cris réveillent leurs filles.
    -Non, ça n’a rien à avoir avec la confiance, réplique-t-elle, étranglée par la peine. Je n’ai jamais trouvé le bon moment, pour te raconter !
    - Il n’y en aurait jamais eu !
    -J’étais dépassée, se défend-elle. J’ignorais que…qu’on en arriverait là ! S’il arrive quoi que ce soit de fâcheux à Semra, je ne me le pardonnerais jamais !
    Noureddine passe la main dans ses cheveux. Il est blême de colère.
    -Tu crois que moi je vais te pardonner ce que tu as fait ! Tu te fous de moi depuis des années ! Si le vieux n’avait pas vu les photos, tu ne m’aurais jamais rien raconté ! Que caches-tu encore dans ton placard ? Qu’est-ce que je risque de découvrir dans un an ou deux ?
    - Rien ! Je te le jure…
    Mais il ne l’écoute plus. Il sort de la cuisine, prend sa veste et sort en claquant la porte derrière lui. Dalila ne le suit pas, ne cherche pas à le retenir. Elle s’affale sur la chaise et pleure. Elle pense à son amie. Maintenant que Noureddine était remonté contre elle, qu’allait-elle faire ?

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  12. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 61e partie
    Par : Adila KATIA

    - Maman, je te dis qu’on s’est disputés !
    Zahia tente de rassurer sa fille.
    - Il rentrera d’un instant à l’autre ! Il n’a pas où aller ! Au village, il n’y a ni café ni cyber et encore moins un bar où il ira noyer sa colère !
    - Cela fait plus d’une heure qu’il est sorti, s’écrie Dalila qui ne tient plus en place. Je me demande où il est allé. Je pensais qu’il était venu vous voir !
    - Non ma fille. Il n’est pas ici. D’ailleurs, pourquoi vous êtes-vous querellés ?
    - Pour des futilités… Pardon maman, je ne voulais pas te déranger si tard ! Bonne nuit !
    Zahia lui demande de la rappeler lorsque Noureddine rentrera. Dalila le lui promet et raccroche. Elle reste dans le salon, se couvre d’un plaid dans le fauteuil faisant face à l’entrée. Elle allume la télé pour avoir un peu de lumière et coupe le son. Elle guette les bruits venant de la ruelle. Elle pense à son mari qui traîne dehors. Uniquement pour se calmer et pour ne pas lui dire des mots que seule la colère dicterait et qu’il ne penserait pas. Pour ne pas céder à la pulsion de la secouer, pour que les vérités qu’elle cache, tombent une à une.
    Dalila n’aurait pas supporté qu’il la touche. Elle ne lui aurait pas pardonné. S’il y a une chose qu’elle ne supporte pas, c’est bien la violence verbale ou physique à l’encontre des femmes et des enfants.
    En pensant à toutes les erreurs faites dans sa vie, il y en a qu’elle regrette et d’autres qu’elle est prête à refaire. Semra est une sœur pour elle. Personne ne pourra comprendre que l’amitié qui les lie depuis si longtemps s’est enracinée en elles. Leur amitié s’est muée en amour fraternel.
    Pour elle, elle le pense depuis si longtemps, Semra est sa sœur. Elle fera tout pour l’aider, la protéger.
    Sa décision est prise. Elle partira à Baghlia, chez Semra, que cela plaise à son mari ou non.
    Elle se passera de sa bénédiction.
    Dalila règle l’alarme de son portable puis va s’assurer que ses filles dormaient. Elle les borde, les regarde dormir un moment avant de se décider à aller dans sa chambre. Elle prépare ses affaires pour le lendemain puis se met au lit. Elle ne parvient pas à s’endormir tout de suite. Mais la fatigue finit par avoir raison d’elle.
    Elle est en proie à des cauchemars et se réveille plusieurs fois, le cœur battant à tout rompre.
    Le matin, elle se lève bien avant que l’alarme du portable sonne.
    Elle se prépare à partir avant de réveiller ses filles. Moins d’un quart d’heure après. Elle est sous le choc en découvrant que son mari a passé la nuit dans la voiture. Il en sort en la voyant avec les petites.
    - Où les emmènes-tu de si bonne heure ? demande-t-il en se baissant pour les recevoir dans ses bras. Ah mes petites chéries !
    - Comme d’habitude, répond-elle sans les regarder. Allez les filles, on y va !
    Mais Noureddine ouvre la portière
    arrière.
    - Montez ! leur ordonne-t-il. Je vous emmène…
    - C’est à cinq minutes d’ici !
    - Quand même ! Allez, monte sans faire d’histoire !
    Dalila s’exécute. Elle prend place du côté passager. Elle évite son regard. Elle aurait voulu ne pas le voir. Moins de cinq minutes plus tard, il les déposait devant la maison de ses parents. Il ne descend pas.
    Dalila est soulagée de voir la lumière de la cuisine allumée. Elle frappe doucement. La porte s’ouvre d’un coup, comme si elle l’attendait.
    - Bonjour ma fille… tu ne m’as pas dit que tu passerais ? lui dit-elle en s’effaçant pour qu’elles entrent.
    - J’aurais dû te prévenir mais je dois y aller ! Je ne reviendrais pas avant ce soir !
    - Où vas-tu donc comme ça, toute seule ? Pourquoi, Noureddine n’est pas rentré ? Vous allez quelque part ?
    Dalila soupire, exaspérée d’avoir à répondre à autant de questions à la fois. Mais elle ne peut pas s’attarder. Elle doit partir.
    - Je t’expliquerais ce soir ! Bonne journée maman !
    Elle l’embrasse rapidement sur la joue puis sort, tirant la porte derrière elle. Noureddine est encore dans la voiture. Elle y monte et lui dit :
    - Je dois voir Semra. Emmène-moi à la gare !
    - Tu te crois où pour partir seule ?
    - Je n’ai pas le temps de me quereller, réplique-t-elle.
    J’y vais que tu le veuilles ou non !
    - Tu vas le regretter !
    - Ecoute, je dois y aller ! On discutera de regrets et d’autres sujets à mon retour ! propose-t-elle. Je t’en prie, dépose-moi à la gare !
    Noureddine démarre. Il ne la dépose pas à la gare.
    Il l’emmène à Boumerdès malgré son refus à être accompagnée…

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  13. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 62e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra s’est préparée avec soin. Elle porte un bel ensemble noir qu’elle accompagne d’une chemise rose. Elle a retenu ses cheveux, avec une barrette. Elle s’est légèrement maquillée et porte, pour unique bijoux, des boucles d’oreilles. Elle décide de partir à l’avance. Elle veut le voir arriver.
    Elle vérifie avoir pris son portable, remarque plusieurs appels en absence de Dalila mais ne la rappelle pas tout de suite. Elle le fera après avoir vu Rabah. Elle ferme à clef, derrière elle. Elle prend sa voiture pour se rendre à son rendez-vous. Elle espère qu’il ne lui en voulait plus. Cela fait si longtemps. Elle soupire en pensant à Azzedine. Elle se plait à croire que si Rabah ne l’a pas oubliée, lui aussi devait se rappeler d’elle. Mais elle perd son sourire, persuadée qu’il devait lui en vouloir d’être partie comme une voleuse.
    Elle avait préféré la fuite qu’à l’humiliation s’il avait découvert, avant son départ, ce qu’elle était vraiment.
    - Où que tu sois, j’espère que tu es
    heureux !
    Semra sait que si elle était bien née, ils auraient pu être heureux. Comme dans ces histoires d’amour où tout finissait bien. “Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…”.
    Elle ne connaîtra jamais le bonheur et elle n’aurait jamais d’enfant. Ces choses-là ne sont pas pour elle. Elle ne s’est jamais donné l’occasion d’oublier son histoire d’amour avec Azzedine. Elle continue de chérir les doux souvenirs des moments passés en sa compagnie. La solitude est sa campagne depuis longtemps. Elle s’est habituée à elle.
    Elle se demande s’il a fait sa vie. Certainement, pense-t-elle. Il est bel homme, il a une bonne situation. Il fera le bonheur de n’importe quelle femme au monde, quelle que soit sa religion, sa nationalité. Elle aurait voulu être cette femme.
    Elle soupire profondément. En acceptant de rencontrer Rabah, elle pourra peut-être en savoir un peu sur ce qu’est devenu Azzedine. Puis elle s’efforcera d’oublier. Elle ne tournera pas la page car elle adore se replonger dans les souvenirs de cet été-là.
    Semra gare sa voiture, dans un parking, en face de la gare routière.
    Elle sursaute presque lorsqu’un jeune vient vers elle.
    - C’est payant, lui dit-il après l’avoir
    saluée.
    - Aucun problème, mon frère ! D’ailleurs je ne tarderais pas !
    Elle serre son sac à main, craignant qu’on ne le lui vole. Les agressions ne se comptent plus dans les gares routières ou aux arrêts de bus. Elle va attendre près d’un salon familial. C’est là qu’ils ont rendez-vous. L’endroit est facile à trouver. Même si Rabah n’est pas de la région, il passera inévitablement devant.
    Elle guette les passants, regarde les voitures et leurs passagers dans l’espoir de le voir.
    - Bonjour…
    La voix a fusé derrière elle. Elle la reconnaît. Semra se tourne et recule. Elle ne les a pas entendus arriver. Elle s’attendait à voir Rabah. Il était venu accompagné de celui qu’elle n’aurait jamais pensé revoir un jour. Rabah avait perdu tous ces cheveux et il avait maigri. Son visage était marqué par le temps. Il y avait de la surprise et des questions dans son regard.
    Quant à Azzedine, même s’il avait pris de l’âge, il était resté le même. Aussi beau que dans ses souvenirs. Il a un sourire et un soupir de soulagement. Comme s’il venait de réaliser que c’est bien elle.
    - J’ai tant rêvé de ce jour, dit-il alors qu’elle restait figée à les regarder. Alors comme ça, tu t’appelles Semra !
    Elle regarde autour d’elle.
    - Non, n’aie pas peur ! lui dit-il. Dès que mon oncle Rabah m’a appris la nouvelle, j’ai sauté dans le premier avion ! Je suis arrivé hier soir. Je ne voulais pas rater cette occasion de te
    revoir !
    - Allons-nous asseoir dans le salon, propose le vieil homme. J’ai hâte d’entendre tes explications ! Depuis tout ce temps…
    Semra hésite à les suivre. Cela se lit sur son visage et dans ses yeux. Le cœur serré, elle n’arrive pas à dire un mot. Elle est encore sous le choc. Des questions se bousculaient dans sa tête. Est-ce qu’ils allaient la dénoncer à la police ? Pourquoi Rabah avait-il contacté Azzedine ? Pourquoi ce dernier s’était empressé de revenir ? Lui en veut-il encore ?
    - Oui, on sera plus à l’aise, pour discuter, poursuit Azzedine. Allons, entrons !
    Semra sent son portable vibrer dans sa poche. Elle le sort, constate que c’est encore Dalila. Elle l’éteint. Elle a encore la gorge nouée. Elle n’aurait rien pu dire à Dalila. Elle ne voulait pas l’inquiéter. Dalila aurait vite deviné qu’elle n’était pas bien.

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  14. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 63e partie
    Par : Adila KATIA

    Très galant, Azzedine la laisse passer devant. Ils s’installent à l’intérieur du salon familial. Semra s’assoit en face d’eux, le cœur battant, les mains moites. Elle a l’impression d’être en face de deux juges. Azzedine la scrute des yeux, semblant ne pas croire qu’elle est en face de lui.
    - Je t’ai cherchée… Pourquoi es-tu partie ?
    - Demande lui pourquoi elle s’est fait passer pour une autre !
    - Pourquoi ? demande Azzedine alors que Semra a du mal à déglutir.
    - Je ne sais plus pourquoi vraiment, finit-elle par répondre. Je voulais passer des vacances en dehors du centre. Travailler, me sentir utile… Enfin, je n’ai pas commis de crime…
    - Tu aurais pu ! intervient le vieil homme alors que son téléphone portable sonne. Il le sort nerveusement de sa poche, pestant contre l’appelant.
    - Oui, je suis avec elle… Comment ça ? Tu es ici ? On se trouve à l’intérieur d’un salon… Attends, Dalila, je sors. Je reviens, dit-il à leur intention en quittant la table.
    Rabah sort dehors et regarde autour de lui. Il se dirige vers Dalila et Noureddine qui arrivent à pied.
    - Soyez les bienvenus, leur dit-il en les embrassant. Ça va ?
    - Oui, répond Dalila en le prenant par le bras. J’avais hâte de vous retrouver mon oncle ! Où est Semra ?
    Rabah leur désigne le salon familial du menton.
    - Ils sont là-bas, ils m’attendent !
    - Qui est avec elle ?
    - Azzedine ! lui apprend-il. Dès que j’ai découvert qui elle était, je l’ai appelé et il a sauté dans le premier avion ! On l’a cherché pendant des semaines et des semaines, poursuit-il. C’était inespéré !
    - Comment est-il ? Est-ce que mon amie court un danger ? Est-il furieux ? Est-ce qu’il lui en veut ? l’interroge-t-elle, subitement inquiète.
    - Non, Azzedine est quelqu’un de calme et il tenait beaucoup à elle, la rassure Rabah. Mais moi, je lui en veux !
    - Si tu es d’accord, on va les laisser discuter un peu !
    Le vieil homme secoue la tête et parle avec les mains, lui témoignant son état nerveux.
    - Non ! Je vais les retrouver ! Elle allait s’expliquer !
    Dalila ne le laisse pas passer.
    - Mon oncle, c’est à moi de tout vous expliquer !
    Allons ailleurs, laissons-les !
    - Non ! non ! Elle s’est foutue de nous ! Je ne veux pas qu’elle recommence ! Elle risque de l’embobiner une nouvelle fois ! C’est une criminelle !
    Dalila est au bord des larmes et s’agrippe à son bras.
    - Mais crois-moi ! Je suis responsable de tout ce qui est arrivé ! Je te le jure sur ce que j’ai de plus cher ! Laisse-moi t’expliquer ! Allons-nous asseoir ! Je t’en prie mon oncle !
    Noureddine intervient.
    - Ça vaut le coup de l’écouter ! Elle ne la couvre pas, dit-il. Elle était terrible wallah !
    Rabah consent enfin à les suivre. Ils vont au parking, près de leur voiture. Noureddine propose de s’asseoir à l’intérieur mais Rabah étouffe. Et Dalila est aussi tendue que lui.
    Quand elle se met à lui raconter, elle put voir plusieurs sentiments passer sur son visage, la surprise, le choc et la déception. Il y a aussi de la suspicion dans son regard. Elle doit encore jurer sur sa vie. Il pousse un râle exaspéré.
    - Pendant toutes ses années, tu t’es foutue de nous ! Et elle est aussi complice que toi ! Tu ne t’en rends pas compte mais vous avez gâché la vie d’un homme !
    - On ne pouvait pas savoir qu’ils tomberaient amoureux et que c’était du sérieux… Pour elle comme pour lui !
    Dalila sort son portable et compose le numéro de son amie. Elle soupire en tombant sur l’opératrice qui annonçait : “Votre correspondant est injoignable pour le moment, veuillez réessayer plus tard !”
    - C’est mieux ainsi, dit Noureddine. Il vaut mieux les laisser seuls, pour s’expliquer une bonne fois pour toutes !

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  15. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 64e partie
    Par : Adila KATIA

    Semra regarde le vieil homme sortir et le voit s’éloigner. Elle n’en revient pas que Dalila soit venue avec son mari. Elle soupire de soulagement. Son amie de toujours est là. L’ombre d’un sourire éclaire son visage. Azzedine lui sourit, rapproche sa chaise de la table qui les sépare. Le départ de Rabah les a rapprochés.
    - Tu n’as rien à craindre… quel que soit ton prénom, nom et situation, lui dit-il. J’ai l’impression de rêver.
    Je n’espérais plus te revoir. Pourquoi es-tu partie ?
    - Je devais partir, murmure-t-elle sans oser. Je n’avais pas le courage de te dire la vérité ! Je souffrais de notre séparation mais je n’avais pas le choix ! Durant toute ma jeunesse, on m’a blessée avec des mots et des regards déplacés ! J’en ai vu de toutes les couleurs !
    - Mais je ne suis pas comme les autres !
    Semra hausse les épaules.
    - Comment pouvais-je le savoir ? Je voulais garder une belle image de toi ! Je refusais de prendre le risque de voir ton regard changer envers moi, dit-elle. Tu pouvais me prendre en horreur ! Et je n’aurais pas supporté !
    - Mais je t’aimais ! s’écrie Azzedine.
    - Oui mais je t’avais raconté des histoires ! Les morceaux d’une vie d’une autre qui est mon amie ! J’avais un passé qui gâcherait l’avenir !
    Azzedine secoue la tête.
    - Aami Rabah a toujours suspecté quelqu’un de proche de Dalila ! dit-il. On ne pouvait pas se douter qu’elle était au courant de tout !
    Semra s’était un peu détendue. Une question lui brûle les lèvres. Pour la première fois, elle ne fuit pas son regard. Elle rougit légèrement tout en lui demandant :
    - Dis… je croyais qu’après toutes ses années, tu m’aurais oubliée ! Pourquoi es-tu venu ?
    Elle a un mouvement de recul quand il pose la main sur la sienne. Elle veut la retirer mais il la serre comme s’il avait deviné son intention.
    - Je n’ai jamais cessé de penser à toi, dit-il. J’ai toujours les photos ratées. Je les regarde souvent. Je me demandais ce que tu étais devenue, si tu avais fait ta vie, si tu étais heureuse ! Je me rappelais les moments passés ensemble. Dans mes rêves, je te retrouvais ! On partageait des choses… Ah ! Semra, j’étais perdu avant aujourd’hui… Avant maintenant, précise-t-il. Maintenant j’ai retrouvé l’espoir que j’ai perdu au fil des années, celui d’être avec toi !
    La jeune femme est émue jusqu’aux larmes. Elle s’efforce de ne pas fermer les paupières car les larmes couleraient et elle ne veut pas pleurer.
    - Qu’est-ce que tu dis ?
    - Oui, tu as bien compris, insiste Azzedine. Je suis heureux d’être là, avec toi ! Semra baisse la tête et ferme les yeux. Elle donne libre cours à ses larmes. Quand elle pense à la nuit passée à se ronger les ongles, elle a un rire nerveux. Elle s’est imaginé les pires scénarios : Rabah l’interrogeant avant d’appeler la police. Elle avait pensé appeler un avocat pour lui demander conseil, et même à en engager un pour sa défense. Elle s’était vue derrière les barreaux d’une prison, partageant la cellule avec d’autres criminelles en tous genres. Elle aurait mal fini…
    Elle a un rire nerveux mais elle soupire de soulagement car elle a vu tout faux. Rien de tout cela n’arrivera. Azzedine est venu pour elle. Il est si heureux que son regard est chaleureux et brillant.
    - Tu sais… Enfin tu ne peux pas savoir mais, aujourd’hui, c’est un come-back vers la plus belle année de ma vie Semra ! Tu es là et je ne veux plus qu’on se sépare !
    Elle n’ose pas le lui dire mais c’est réciproque. Le sentiment est encore là et elle n’en revient pas qu’Azzedine soit toujours amoureux d’elle.
    - Tu n’as pas fait ta vie, j’espère ? demande-t-il inquiet.
    - Non.
    - Grâce à Dieu, soupire-t-il. J’ai paniqué à l’idée que tu étais peut-être mariée et mère ! Hamdoullah tu es encore libre ! Mais… est-ce que tu veux encore de moi ?
    - Tu crois que c’est possible entre nous ? Ta famille, tes amis qu’en penseront-ils ? lui demande-t-elle.
    - Si tu penses que leur avis compte…! Seul notre bonheur a de la valeur ! Rien ni personne ne pourra me détourner de toi ! Tant que tu n’es pas recherchée par la police pour quelques crimes inavouables, je te propose de finir ta vie avec moi ! Semra, veux-tu devenir ma femme ?
    Elle le regarde puis se lève. Elle éclate en sanglots. Aveuglée par les larmes, elle bouscule des clients qui entrent. Elle veut s’éloigner, prendre du recul. Tout allait trop vite. Elle a l’impression d’être prise dans un tourbillon qui la happe d’un coup…

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  16. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 65e partie
    Par : Adila KATIA

    - Ça va ? Vous n’allez pas bien ? Vous avez besoin d’aide ?
    Semra s’accroche au lampadaire. Elle a des difficultés à respirer. Quand elle lève les yeux, elle tombe sur le regard inquiet d’un passant. Il s’arrête à sa hauteur.
    -Etes-vous cardiaque ? Ou diabétique ? l’interroge-t-il. Vous avez de la famille, quelqu’un qu’on peut appeler ?
    La jeune femme n’a pas le temps de répondre que Dalila arrive, affolée.
    - Semra, qu’as-tu ? Tu es si pâle !
    Rabah et Noureddine les ont rejointes. Azzedine arrive en dernier. Tout en soutenant son amie, par le bras, Dalila s’en prend à lui.
    - Mais qu’est-ce que vous lui avez dit pour la mettre dans cet état ? Qu’est-ce que vous avez fait ?
    - Rien, se défend-il. Je lui ai parlé de mariage et elle est partie en courant ! Tu te sens mal ? Où as-tu mal ?
    - Je crois que j’ai eu un malaise, répond-elle en respirant profondément.
    - Je suis sûre que tu n’as pas mangé et dormi depuis mon dernier appel, dit Dalila. Allons à ta voiture ! Où est-elle garée ?
    - Juste en face, murmure Semra.
    Dalila se tourne vers son mari et lui ordonne presque :
    - Va acheter du jus et des gâteaux, s’il te plaît, ajoute-t-elle en se rendant compte de la sècheresse de son ton.
    Azzedine se permet de passer un bras sous celui de Semra et ils la soutiennent jusqu’à sa voiture qu’elle le veuille ou non. Dalila lui a jeté un regard glacial.
    - J’ai fait des milliers de kilomètres, pour la retrouver. Je ne vais pas l’abandonner maintenant sous prétexte qu’elle d’une hypoglycémie !
    - Vous lui mettez la pression !
    - Je n’abandonnerais pas ! Je ne veux que son bonheur, insiste-t-il. Il faut le comprendre et l’accepter ! Si vous craignez de perdre votre amie, moi, je refuse de la perdre une seconde fois !
    Semra se tourne vers Azzedine qui se répète une nouvelle fois pour que les mots pénètrent son cœur et sa raison.
    Une fois dans le parking, elle s’assoit sur le siège passager et garde les jambes à l’extérieur.
    - Ne faites pas cette tête, leur dit-elle. je vais bien… c’était juste un malaise…
    - Est-ce que c’est la première fois que cela t’arrive, l’interroge Azzedine, légèrement penché sur elle.
    - Oui, le rassure-t-elle, je n’ai aucun problème de santé !
    - Grâce à Dieu ! Hamdoullah…
    Noureddine et Rabah les ont rejoints. Dalila saisit la boîte de gâteaux et les jus en petites bouteilles. Semra refuse de manger mais boit du jus. Elle se sent réellement mieux.
    - Et si on allait déjeuner ensemble, propose Azzedine. Nous n’avions pas fini notre discussion ! Vous êtes d’accord ?
    Semra lève les yeux vers lui. Elle voit qu’il attendait une réponse, à une autre question. Dalila la regarde et sourit en voyant qu’elle avait repris des couleurs.
    - Une autre fois, propose-t-elle. Elle a besoin de se reposer…
    - Un déjeuner n’est pas une traversée du désert à pied, réplique Azzedine. Je ne lui veux aucun mal. N’ayez aucun doute à ce sujet ! Vous pouvez rester avec nous !
    Les deux amies échangent un regard. Semra hoche la tête.
    - Il est presque midi, dit-elle.
    - Je propose de trouver un bon restaurant donnant sur la plage, dit Azzedine en souriant. Si tu le permets, je prends le volant ! Vous nous suivez ?
    Ils ne leur laissent pas le choix. Semra se sent beaucoup mieux. Elle remet les clefs à Azzedine. Il conduit avec sûreté, tout en lui jetant des coups d’œil. Ils ne se parlent pas. Ils n’en ont pas besoin. Leur silence et leurs regards suffisent pour dévoiler leurs pensées secrètes. Semra le sent mais il se retient de poser la main sur la sienne. D’ailleurs, ils ne tardent pas à trouver un restaurant dont la terrasse donne sur la mer. Ils prennent place autour d’une grande table. Un serveur vient leur souhaiter la bienvenue et leur récite le menu. Ils passent leur commande. Azzedine s’est assis près de Semra, et c’est naturellement qu’il a posé la main sur la sienne. Cette fois, elle ne tente pas de s’éloigner de lui. En voyant son regard et toutes ses promesses muettes, elle a l’impression de repartir au temps de sa jeunesse.
    Est-ce possible que leurs sentiments aient réellement résisté au temps et à l’éloignement ?
    Le déjeuner se passe calmement. Il saute aux yeux de tous que Dalila et Rabah ont du mal se retenir d’aborder le sujet qui les a réunis. Azzedine et Semra décident de sauter le dessert.
    - On va marcher un peu, au bord de l’eau. On vous retrouve un peu plus tard !
    Dalila les aurait suivis si son mari n’avait pas saisi son bras quand elle s’est levée. Même Rabah est déçu.
    - T’es folle ou quoi ? s’écrie-t-il. Ils ont besoin d’intimité. Pourquoi ne veux-tu pas l’accepter ?
    - Je ne sais pas, soupire-t-elle. C’est plus fort que moi !

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  17. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 66e partie
    Par : Adila KATIA

    - Ça me rappelle des souvenirs qui m’ont accompagné où que j’allais, dit Azzedine, en tenant Semra par la main. Ils mettaient du baume dans mon cœur… tu sais, ajoute-t-il en riant doucement. Je me suis mis à écrire des poèmes… J’ai un vieux journal que je cache dans le tiroir de mon bureau ! Si ma sœur tombe dessus, elle me taquinera jusqu’à mon dernier jour !
    Semra s’arrête pour le regarder dans les yeux. Il est sérieux. Il poursuit, heureux d’accrocher son regard.
    - Tu sais, elle t’en voulait… Même ma mère. Elle a essayé de me marier bien des fois, lui confie-t-il. De charmantes filles… Mais à chaque fois, je me rappelais ton souvenir ! Et je refusais !
    - Tu aurais pu trouver le bonheur auprès de l’une d’elles, lui dit-elle. Tu sais, je ne suis pas angélique ! Tes rêves risquent de devenir des cauchemars, l’avertit-elle. Ta sœur, ta mère, ta tante et tous tes amis t’en voudront de ne pas les écouter ! Peut-être que je ne suis pas la femme qu’il te faut ! Je ne suis pas bien née et si j’ai fini par m’y faire, je ne suis pas prête à revivre tout ça, les insinuations, les insultes ! Même si on sait que ce n’est pas de ma faute, je suis toujours coupable aux yeux des autres ! Je ne veux pas batailler pour ce qui est perdu d’avance ! Car toi aussi, tu finiras par abandonner !
    Azzedine prend son autre main et la serre.
    - Crois-tu que si mon amour n’était pas aussi fort que j’aurais sauté dans le premier avion ? J’avais peur que tu ne t’évapores dans la nature ! Je ne voulais pas que tu files, tu comprends ? De nouveau, je me sens revivre ! J’ai des envies, des rêves à réaliser ! Et tout ça, avec toi ! Semra, veux-tu m’épouser ? Je te jure sur ce que j’ai de plus sacré que je ferais ton bonheur ! Je voudrais rattraper toutes ces années perdues et être à tes côtés, pour t’aimer, te protéger des gens malintentionnés ! Je serais un mur, personne ne pourra t’approcher pour te blesser avec des mots ou des gestes ! J’anticiperais sur tout, je te le jure ! Semra sourit, avec des larmes dans les yeux.
    - Je voudrais tant y croire, murmure-t-elle.
    - Ma chère, crois-moi ! Je suis là, pour toi ! A ton avis, pourquoi suis-je revenu ?
    Elle hausse les épaules avant d’émettre.
    - Tu as de la famille, des amis…
    Azzedine sort de sa poche son passeport et lui montre la page tamponnée à la PAF.
    - Je suis rentré hier soir, pour toi ! Ma famille et mes amis, je ne les ai pas vus depuis des années !
    - Ils te manquaient et tu es venu, dit-elle en se libérant pour essuyer ses larmes. Je peux le comprendre, c’est normal !
    - Il n’y a que toi ! Je resterais ici, le temps qu’il faut pour t’en convaincre ! Et chaque jour, je te poserais la question à laquelle tu évites de répondre ! Je te veux pour partenaire à vie ! Si tu veux prendre le temps d’y réfléchir, vas-y ! Mais n’oublie jamais, je t’aime… comme avant, autant qu’avant ! Non, rectifie-t-il, plus qu’avant ! Je viens de renouer avec la vie ! J’ai l’impression de t’avoir quittée hier ! Tu es plus belle que dans mes souvenirs ! Semra, en te retrouvant, en me permettant de faire ma vie avec toi, ma vie aura un sens !
    - Tu me mets la pression, lui reproche-t-elle.
    - De quoi as-tu peur ?
    - De l’avenir, de la réaction de ta mère, de ta tante et des autres quand ils sauront que je suis…
    Azzedine pousse un soupir, exaspéré par le fait qu’elle ne l’écoute pas.
    - Mais je te jure que pour toi je mettrais une croix sur eux ! dit-il. Sois sûre que pour notre bonheur, je me passerais de ma famille et de bien des choses pour être avec toi ! Ya Semra, pour l’amour de Dieu, crois-moi !
    Il y a tant de sincérité dans sa voix qu’elle le croit sur-le-champ. Mais elle ne répond pas à sa question même s’il y a des prières dans son regard. Plusieurs années ont passé, et elle voudrait croire que leur histoire d’amour peut encore reprendre là où elle a été interrompue. Par sa faute, pour leur bien à tous deux…
    - Je vais y réfléchir, lui dit-elle.
    - Un premier pas vers le bonheur !
    - Tu le crois vraiment ?
    - Oh que oui ! Que la vie est belle !
    Semra sourit et regarde autour d’eux. De jeunes couples, certainement des étudiants vu leurs sacs à dos, passent bras dessus bras dessous. Elle croise leurs regards et reconnaît que le jeune étudiant a la même lueur brillante qu’Azzedine. L’amour s’y lit. Il y a tant de promesses d’amour que le soleil est plus chaud et brillant. La mer est calme et son eau est d’un bleu azur. A l’horizon, elle ne fait qu’un avec le ciel. Des éclats de rire d’enfants surveillés par leur grand-père lui parviennent. Ils jouent au foot, et le fait de marquer des buts dans des bois imaginaires les rend heureux. Elle voudrait être comme eux, spontanée, pour vivre son bonheur pleinement. Elle voudrait ne pas penser à ce qui découlera de leur union si elle décide d’accepter. Il y a tellement de “si” à chacune de ses pensées qu’elle s’assoit d’un coup, sur le sable, épuisée à l’avance de la bataille à venir. “Si” elle accepte…

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  18. Artisans de l'ombre Dit :

    L’usurpatrice 67e partie et fin
    Par : Adila KATIA

    - Promets-moi d’y réfléchir sérieusement, insiste-t-il, l’interrompant dans ses sombres pensées qui plissent son front. Souris ! Je refuse de te voir soucieuse ! Tu es si belle !
    Semra sourit en secouant la tête. Elle hésite encore, elle ne veut pas lui donner de faux espoirs. Même si elle est heureuse de le voir aussi amoureux d’elle, même si ces mots la bouleversent au fond de son cœur, elle hésite encore.
    - Voilà qui est mieux ! soupire Azzedine en souriant à son tour. Permets-moi de te revoir, donne-moi ton numéro de portable, je tiens à t’entendre tous les jours, de nuit comme de jour !
    Ils s’échangent leurs numéros avant de retourner au restaurant où leurs amis les attendaient. Dalila se lève et va vers Semra. Elle la prend à part pour l’interroger. Elle remarque le sourire de son amie.
    - Qu’est-ce qu’il te voulait ?
    - On devait discuter, répond-elle. Tout ce qui compte pour lui, c’est notre bonheur ! Il m’aime ! C’est fou mais j’ai l’impression que rien n’a changé entre nous, lui confie-t-elle. Sauf que maintenant, il n’y a plus d’omission et de mensonge ! Il sait que je suis une enfant naturelle et il accepte totalement la chose ! Je commence à regretter de le lui avoir caché ! Par ma faute, par ma peur d’être découverte, on a perdu des années !
    - Ne me dis pas que tu vas reprendre avec lui ? s’écrie Dalila. Tu vas le
    revoir ?
    Semra hausse les épaules.
    - Je crois !
    - Vous m’excusez, dit Noureddine, mais on n’habite pas la ville d’à côté ! Il est temps qu’on rentre !
    Rabah est du même avis.
    - Oui, la route est longue et j’ai horreur d’être sur la route, de nuit !
    - On garde contact, dit Azzedine, prenant le numéro de Noureddine. On programmera une sortie ?
    - Inch Allah !
    Ils se disent au revoir. Dalila rejoint son mari, dans leur voiture. Ils sont tous garés dans le même parking. Rabah monte dans la sienne et attend son ami. Azzedine et Semra prennent leur temps pour se dire au revoir. Lorsqu’ils les voient se serrer les mains, les yeux dans les yeux, tous sont convaincus qu’ils assistent à la reprise de leur histoire d’amour.
    Ils ne se trompent pas. Chaque jour, ils se sont appelés puis vus sur Skype. Semra finit par accepter ses rendez-vous, à Alger-Centre. Chaque rencontre est un pas vers une relation stable. Quand Semra accepte de se marier, il appelle toute sa famille et leurs amis pour leur apprendre la nouvelle. Il aurait donné une grande fête si Semra en avait accepté l’idée.
    - J’ai envie de crier au monde entier mon bonheur ! lui dit-il. Je voudrais le partager avec ma famille, mes amis !
    Mais Semra lui explique les raisons de son refus :
    - Un mariage en toute intimité, voilà ce qu’il y aura, dit-elle, très triste. Je n’ai pas de famille et mes amies se comptent sur les doigts d’une main ! J’ai bien des collègues et des voisins mais je ne les inviterais pas ! J’aurais voulu avoir ma famille mais Allah en a décidé autrement ! Il y a longtemps que j’ai accepté ma condition d’enfant naturelle ! Je ne veux pas qu’on médise le jour de notre mariage, tu comprends ? Ils ne manqueront pas de remarquer l’absence de ma famille…
    Azzedine finit par rendre les armes. Quelques mois après, sa tante a organisé une petite fête où ont été invités leur famille et leurs amis intimes. Hadja Aïcha et Sabah sont aussi présentes. Jamais elles n’ont vu Azzedine aussi heureux. En fait, le couple rayonne de bonheur. Azzedine avait fait les procédures de regroupement familial.
    - Mon amie, la sœur qu’Allah m’a donnée, je ne te remercierais jamais assez ! C’est un peu grâce à toi que j’ai rencontré Azzedine !
    - Et c’est grâce à mon mari, qui a posté les photos de l’anniversaire de tes nièces sur le réseau, que vous vous êtes retrouvés, lui rappelle Dalila en larmes. D’un côté, je suis heureuse pour toi, pour vous, rectifie-t-elle. D’un autre, je lui en veux de t’emmener si loin ! On ne se verra pas avant longtemps !
    - Nous reviendrons chaque fois qu’elle en aura envie, promet Azzedine qui n’a rien perdu de la conversation. Je te le promets et je vous invite chez nous lors des prochaines vacances !
    - Ce serait merveilleux ! Vous allez me manquer !
    - Pourrais-tu vérifier si tous mes papiers sont dans mon sac à main ?
    Dalila va vérifier, et il ne manque rien. Les papiers y sont bien réunis. Elle vérifie l’heure du vol d’avion à destination de Paris.
    - C’est l’heure, s’écrie-t-elle. Vous devez être là-bas deux heures avant le décollage !
    Les invités les accompagnent à l’aéroport. Les adieux se font en larmes et avec des promesses de se retrouver un jour. Semra et Azzedine s’envolent de nuit vers Paris. Une nouvelle vie commence pour elle. Elle semble rêver tant elle a toujours espéré cet instant. Elle pose la main sur le bras de son mari qui s’est assoupi sur son siège. Il est bien là, en chair et en os. Elle ferme les yeux à son tour et se laisse aller à une douce rêverie. Elle porte un nom qu’elle n’a pas usurpé et son mari est un homme merveilleux. Elle ne demande pas plus. Son rêve a commencé dès l’instant où ils s’étaient retrouvés…
    Fin

    Adila. Katia

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