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Le fonds Jacques Berque transféré de Belfort à Frenda par Meriem Mahmoudi

29 juillet 2013

Contributions

Fruit sublime, de plus d’un demi-siècle de recherche, d’un effort soutenu, d’un travail acharné, ce fonds est dédié par Jacques Berque à sa ville natale et, en particulier, à l’Algérie qui célèbre le cinquantenaire de son indépendance. Par ce don généreux, qui met en exergue son amour indéfectible, Jacques Berque, l’enfant du terroir, célèbre, d’une manière vivante fort originale, le cinquantenaire de l’indépendance de son pays de naissance.

Après une longue attente et des démarches souvent périlleuses, Madame Julia Berque, par sa volonté inébranlable et sa ténacité, voit, aujourd’hui, se concrétiser le projet, si cher à son cœur, celui de transférer, dans la ville de Frenda, le fonds de son époux, M. Jacques Berque, conformément à ses dernières volontés.

Ce fonds documentaire, remis par Madame Berque, au maire de Belfort, M. Jean Pierre Chevènement, fera, pendant toutes ces années, l’objet d’un remarquable travail, pour classer, répertorier, ficher et microfilmer, avant d’être remis officiellement, à l’Algérie, le 25 juin 2013.

Ce patrimoine culturel sera mis à la disposition des chercheurs, enseignants et étudiants algériens et étrangers, qui souhaitent avoir accès à la plénitude de l’œuvre de ce fils de l’Algérie, dans toute sa richesse et sa diversité.

En effet, les autorités algériennes, et une délégation française, conduite par M. Julien Berque, arrivent le 25 juin à Frenda, dans le but de finaliser la réception du fonds documentaire, octroyé par Jacques Berque, à sa ville natale.

Ce legs est cédé, en partie, à la ville de Belfort et à celle de Frenda, sous un contrat qui prévoit, en ces termes, que «la ville de Belfort et celle de Frenda, avec laquelle J. Berque était lié, se concerteront, afin d’envisager le transfert du fonds J. Berque, concernant l’Algérie et le Coran, dès que les conditions matérielles seront assurées à Frenda.»

Après un travail qui exige de patientes recherches, un labeur de longue haleine qui s’étale sur plus d’un demi-siècle, M. Jacques Berque fait un don inestimable, non seulement à la France et à l’Algérie, mais à l’humanité entière.

Dans ses écrits, il aborde tous les thèmes, tant sur le plan social, qu’historique, ethnique et religieux. Dans ce fonds, on relève, également, des écrits biographiques, qualifiant Jacques Berque d’auteur. Cette section comporte les différentes versions de ses grandes monographies.

Sa thèse de doctorat rédigée au Maroc, intitulée ‘les structures sociales du Haut Atlas’, ainsi qu’une thèse, sur les Seksaoua, sont classées, parmi ses nombreux écrits d’auteur.

Rappelons qu’en 2004, la bibliothèque, qui porte le nom de son généreux donateur, a déjà réceptionné un lot important d’ouvrages, comprenant des livres de l’auteur et certains de sa propre bibliothèque

Ses activités, ordonnées et classées, reflètent la multiplicité de son œuvre. Regroupées (brouillons, autographes, dactylographies abondamment corrigées, documents de travail) elles retracent, fidèlement, le parcours du traducteur.

En effet, J. Berque traduit, avec subtilité, diverses œuvres : poèmes d’Ibn Roumi, les grandes odes de l’antéislamique, musique sur le fleuve, les plus belle pages de Kitab el Aghani.

Après sa retraite, il se confine, dans la sérénité de sa maison de Saint Julien en Born, se consacre, entièrement, à la méditation et à la traduction du Coran. Pour ce travail délicat et rigoureux, il entretient une longue et fructueuse correspondance, avec les plus éminents théologiens du monde musulman. Le traducteur a une maitrise parfaite de la langue arabe et du Coran qu’il apprend, dès son plus jeune âge, à l’école coranique de sa ville natale.

Dans la préface de ‘relire le Coran,’ on apprend que: «Jacques Berque nous rappelle que l’Islam est une culture, une relation sensible au monde, une appréhension poétique de la création. Et ce n’est pas un hasard ,s’il n’a abordé cette réflexion ,sur le Livre Sacré ,qu’au terme d’une existence de recherche et d’incursions, en profondeur, dans ce monde arabe, dont il a perçu l’unité, la diversité et la complexité, pratiquant la langue et ses dialectes, la vie quotidienne, les grands mouvements de la pensée et les interpellations ,sans fin ,des traditions et des modernités.»

Préfacier, il rédigea les premières pages de nombreux ouvrages, telles que la préface dédiée à Monsieur Rahmani Slimani, pour son livre de contes kabyles, et à son assistante et collaboratrice, Madame Odette Petit, pour son ouvrage consacré à la dérivation à la langue arabe. Les préfaces rédigées par M. Jacques Berque représentent 30% de l’ensemble du fonds.

Eminent professeur et pédagogue raffiné, il obtient la chaire d’histoire sociale de l’Islam contemporain à Paris. Un autre volet, très important de sa personnalité, est sa passion de former des élèves et de leur inculquer une méthode scientifique sur le plan sociologique. D’un port altier, de toute sa personne émane un sentiment de grandeur, teintée de simplicité. Ce grand seigneur, comme aime à l’appeler M. Jean Pierre Chevènement, attire naturellement les étudiants qui l’abordent. Ceux-ci témoignent, appréciant son entière disponibilité à leur égard, et son abnégation.

Durant toute sa vie, il partage son temps entre l’enseignement, les recherches et les missions à l’étranger. Il publie de nombreux ouvrages qui traitent de l’histoire sociale et de l’Islam. Une grande partie de ses cours au Collège de France est rassemblée dans ce fonds.

Conférencier à travers le monde, lors de ses missions, Jacques Berque multiplie les conférences. Les thèmes soulevés s’articulent autour «de l’anthropologie historique de Louis Massignon» de «l’Islam» et autour d’un «essai de la traduction du Coran.»

Membre de l’Académie de langue arabe, au Caire, professeur honoraire au Collège de France, sociologue et orientaliste, Jacques Berque donne à l’Institut du monde arabe des conférences où, après la publication de son ouvrage ‘ Essai de traduction du Coran’ il présente, à un large public, le livre fondateur de l’Islam. Ces conférences font partie de ce fonds.

Après l’exil de Mohamed V, Jacques Berque quitte précipitamment le Maroc pour l’Egypte où il devient expert international. Son fonds comprend un rapport sur l’organisation sociale du Maroc, daté du premier décembre 1958, puis un deuxième intitulé «rapport de mission en Tunisie» daté du 31 décembre 1959.

Durant sa longue vie, M. Jacques Berque est, également, directeur de recherche de nombreuses thèses en histoire sociale et religieuse. Ce fonds sublime, de plus d’un demi-siècle de recherche, d’un effort soutenu, d’un travail acharné est légué par Jacques Berque, à sa ville natale et, en particulier, à l’Algérie qui célèbre le cinquantenaire de son indépendance .Par ce legs généreux qui met en exergue son amour indéfectible, Jacques Berque, l’enfant du terroir, célèbre d’une manière vivante et fort originale, le cinquantenaire de l’indépendance de son pays de naissance

QUELQUES ASPECTS DE LA PENSEE DE JACQUES BERQUE

Enraciné, avec foi, dans le terroir algérien, il tente d’être un pont qui fait communiquer ; d’ailleurs, par son appartenance, il est lui-même un pont, entre les deux rives. Il rejette l’idée, que la naissance de jeunes nations creuse un fossé avec la France. Il veut que celle-ci soit un pont entre l’Europe et le monde arabe.

Son vœu, le plus cher, est de voir se resserrer le lien entre le Nord et le Sud, pour faire face à l’intégrisme. Passeur des deux rives, les générations futures lui seront redevables de l’arche qui enjambe la Méditerranée, afin de faciliter le rapprochement des peuples, et l’édification de la paix.

Homme politique, sa vocation se manifeste, lorsqu’il prend ouvertement ses distances avec le protectorat marocain. C’est ainsi, que nommé administrateur civil au Maroc entre 1934 et 1953, il n’approuve ni la politique ni les perspectives du protectorat français, ce qui lui vaut l’interdiction de séjour au Maroc.il écrit : «les faits de mon rapport de 1946, et plus encore de mes tentatives réformistes, fut de me reléguer dans un coin reculé du Haut Atlas, entre 1947 et 1953. J’assistais, de là, rongeant mon frein, à la dégradation scélérate du Protectorat.»

Par ses tentatives réformistes, «il fait raser les prisons et lieux de détention politiques, construisant écoles, infirmeries et lieux de prières, dans une perspective de développement social, rural et urbain.»

Par conviction anticolonialiste, alors que l’Algérie est à feu et à sang, Jacques Berque publie, dans le journal Le Monde, une libre opinion où il se prononce, sans ambigüité, pour l’indépendance de l’Algérie. (1956)

Sociologue, Jacques Berque manifeste, non seulement, une sensibilité et une générosité algérienne, mais une vision du monde, analogue à la société maghrébine. Sa connaissance parfaite de la langue et de la religion musulmane lui permet de mieux comprendre l’Algérie profonde ; leur relation était, pourrait-on dire, intime. Tout au long de sa vie, il demeure un homme perspicace, conscient des difficultés, sachant se mettre à l’écoute des hommes et des évènements de son pays de naissance.

Jacques Berque, est l’initiateur du dialogue entre les peuples et les religions. C’est un penseur qui prône le rapprochement des peuples par la coopération, qui doit être considérée comme une stratégie, où l’intérêt est partagé. Elle est, à la fois, devoir de solidarité, une nécessité économique politique et sociale. L’échange de techniques, qu’on intègre à son propre outillage et méthodes, ne peut être qu’efficace et bénéfique, pour les peuples.

C’est un penseur qui s’applique à imposer une nouvelle vision de l’Islam. Il fonde ses espoirs sur un Islam de progrès, ouvert sur le dialogue, non sur le choc, des civilisations, et dont le développement, à partir de la France, ne manquerait pas de jouer un rôle déterminant, à l’échelle du monde musulman. Dans ‘il reste un avenir’, il écrit: «la France doit assumer son islamité et les musulmans de France doivent assumer leur francité.» Il dénonce, avec force l’utilisation du religieux à des fins politiques, du Sacré à des fins profanes et prédit la défaite inexorable de l’intégrisme. Jacques Berque oppose à la réalité, le rêve de voir naitre de nouvelles Andalousies, où les trois religions Abrahamiques coexistent, dans la paix et la compréhension mutuelle.

Homme des deux rives, ses recherches audacieuses et approfondies sont, généreusement, léguées aux générations des deux rives. Espérons que ce riche fonds documentaire encouragera les chercheurs à venir découvrir la vie exaltante de M. Jacques Berque, à travers ses écrits, et à suivre ses traces. C’est ainsi qu’il compte céder le flambeau, entre les mains des générations futures.

Aujourd’hui, avec l’accomplissement de ses dernières volontés, son âme sereine plane, librement, dans le monde des lumières.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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