Il a voulu habiter la Belgique de Tintin et il a fini par avoir le passeport de Raspoutine. Obelix a tourné son gros bide à la Gaule pour ne pas payer la dime au chef de la tribu et s’en est allé quêter le saint Graal fiscal dans l’église orthodoxe. Depardieu, l’un des monuments du cinéma français, a été à l’affiche d’un drôle de scénario où les riches étaient surtaxés, selon eux, ce qui l’a finalement poussé à trouver l’exil en Russie. En bon invité, il a loué la démocratie toute poutinienne accusant d’ignorance les pourfendeurs du tsar et oubliant que des chanteuses contestataires pourrissent en prison pour avoir dénoncé le régime de Poutine. Depardieu a quitté son pays pour ne plus payer d’impôts et est parti se les geler là-bas dans le froid sibérien alors qu’il aurait pu rester ici, chez nous, en Algérie, peinard, tranquille sous le chaud soleil de la Méditerranée. Depardieu aurait pu s’installer à Tlemcen alors qu’il avait déjà trois orteils et la moitié de sa bedaine en Algérie, cultiver ses vignobles offerts gracieusement par ceux qui ne possèdent pas de terre et fabriquer sa vinasse. Ni la Russie, ni la Belgique ne lui auraient donné mieux. Un statut, une terre et surtout pas d’impôts. Des Depardieu, il en existe des centaines, que dis-je, des milliers en Algérie qui ne payent aucun impôt, par principe et par complaisance. Ils amassent des fortunes ici, envoient fils et maîtresses à l’étranger, se soignent dans les hôpitaux de l’extérieur avec l’argent du peuple, achètent villas et résidences en Europe et payent les redevances qu’ils doivent payer en France ou ailleurs avec le sourire béat du citoyen qui s’acquitte de ses obligations. Ils sont légion, les Depardieu algériens à frauder le fisc et à flouer l’Etat, avec parfois sa bénédiction. Et entre fuite des capitaux et fraude fiscale, ils foisonnent ces « intouchables », laissant le salarié seul payer l’IRG qui fait tant mal à sa fiche de paie. Depardieu est une caricature de cinéma en comparaison avec nos professionnels de la fraude et son combat contre la décision politique de lui prendre plus d’argent, nous rappelle tristement le sort de notre pays qui ne peut contrôler librement ses riches. L’opération « d’où tu tiens ça », un must de chez must dans la conception toute dialectique d’un rapport à une réalité toute cartésienne, aurait pu, aurait dû apeurer tous nos Depardieu nationaux mais elle a fini, comme le fameux payement par chèque, dans la poubelle de la petite histoire algérienne.
26 juillet 2013
Moncef Wafi