Certains retenus dans le tiers présidentiel (cette énormité léguée par Zeroual) au sénat sont des catastrophes et promènent un bilan d’échecs qui ne touche pas seulement au présent mais à l’avenir. Ils n’ont pas été sermonnés, jugés ou interrogés mais nommés sénateurs. Benbouzid, le Beria des nouveau-nés en est la preuve.
Le message de ces nominés aux oscars de la ride et de la position assise ? Le même que celui délivré par l’effacement des dettes des agricultures (certains) à l’époque ou celui des terroristes accueillis avec lait, dattes, pensions et carrières de sable, à l’époque précédente : l’acte n’est pas lié aux conséquences, en Algérie. Il n’y a pas de justice ni de sanction. Et c’est cela le drame le plus profond de l’Algérie : l’effort n’est pas lié à la récolte et on peut ne rien faire et être riche, travailler et finir en semelle ou tuer et finir en seigneur. Les gardes communaux des années 90 ont été tabassés par des policiers, d’anciens émirs de l’AIS bénéficient d’escortes et d’avantages. Et tant que cet équilibre profond du pays est mis à mal, le pays ne sera qu’une foule qui mange et une caste qui vole.
En parlant de la génération Tab djenana, Bouteflika a fait son contraire : il a nommé Ould Khelifa, le deux centenaires à la tête de l’APN et ses amis à ce sénat réduit à la fonction d’emploi de vieux. Bouteflika vient d’envoyer, par SMS majeur, le message de sa génération à la nôtre : vous crevez de crever sans cesse et on vivra si longtemps qu’on enterrera vos petits-fils. Il vient aussi de confirmer le message de l’impunité, l’irresponsabilité qui paye, l’échec qui conduit à la réussite paradoxalement, la récompense faite à l’incompétence, le copinage, la réduction des institutions du pays à des mamelles pour amis intimes et la monarchisation de l’Algérie. Bouteflika, et beaucoup d’Algériens le répètent, regardant le «printemps arabe» ailleurs, n’a heureusement pas de fils. Sauf qu’il a trop d’amis !
Il fallait en parler. Mais il fallait aussi parler de quelque chose de plus important qui se passe à Aïn Salah : des magistrats en grève de la faim pour réclamer de la justice pour La justice algérienne. Le pourrissement, l’impunité, les abus, les dépassements, les corruptions dans le secteur de la Justice en sont arrivés à cette limite invraisemblable où mêmes des juges n’ont plus d’autres recours contre l’injustice que la grève de la faim !
26 juillet 2013
Kamel Daoud