par El-Guellil
Quand bébé hurle, il déchire ses cordes vocales. Gueule le paternel. Mais jedda, elle, s’inquiète quand il est trop silencieux. Ses poumons ne se développent pas. Il suce sa tétine, c’est mauvais. S’il la refuse, c’est mauvais également. Son pouce ? Pousse pas trop loin, sa mâchoire en prendra un coup. Trop de froid, il grandit mal. Trop de chaleur, il sue et faiblit. Plus âgé, c’est d’autres problèmes. Il est nuisible de trop et de ne pas assez manger. De se mouvoir et de rester couché. De trop dormir et de veiller. De se surmener et de ne rien faire. Quand il était enfant, on lui disait : «Dire du sucre dans ton lait, ta cabessa travaillera mieux».
Aujourd’hui le sucre, c’est la mort blanche. Ah ! le sel, il faut surtout éviter. Il est à l’origine de toutes les maladies. Donc pas de sucré ni de salé ! Vous appelez ça une vie ? Paumés, on grandit dans un environnement qui fait de nous des paumés.
Il fut un temps où ils disaient qu’être nerveux était nuisible. Une autre littérature estime que la tranquillité c’était pire. Essayons donc d’aimer. L’émotion, les nuits blanches, les prises de têtes, le mauvais sang. Une tuile encore ! La moitié des maladies vient de l’amour, l’autre de la haine. C’est que le cœur aussi n’est pas si simple que ça. Soit que la «pompe de vie» n’a pas résisté à de nobles souffrances, soit que le sacré cœur a cédé à d’ignobles desseins. Alors, choisissons l’indifférence ! Là aussi il y a problème. Celui qui est indifférent à l’égard de ses proches, des femmes et des hommes, de son travail, n’est pas indifférent envers lui-même. Il s’aime passionnément, tendrement, frénétiquement. Mais ça aussi, c’est extrêmement nuisible. C’est dire que chercher la vie idéale est nuisible pour la santé.
24 juillet 2013
El-Guellil