Englués dans des considérations bassement matérielles, ceux qui sont présentés comme les élus du peuple, finissent de ruiner tout espoir de renouer avec la confiance, depuis longtemps perdue, du citoyen-électeur dans ses propres institutions. Clôturant sa session d’automne, sans vraiment l’avoir débutée, la Chambre basse du parlement a mis en congé-détente ses députés, sans que ces derniers n’aient proposé le moindre texte de loi.
Se contentant d’entériner sans discussions ni débats, dignes de ce nom, les projets de loi proposés par le gouvernement, nos députés, comme à leur douce habitude, se mettent en réserve de la République, en attendant la prochaine session, où ils viendront, à nouveau, chauffer leurs sièges, sous le sceptre du Parlement. Très loin de la mission constitutionnelle qui doit être la leur, celle de se mettre au service exclusif du peuple, nos députés, – chacun selon sa vision propre -, excellent dans le pousse-toi que je m’y mette.
Il faut dire que dans les travées du palais Zighout Youcef, se déroule, à huis clos, une bataille d’un autre genre: celle de qui engrangera le plus d’avantages et autres prébendes. Réunis, cette semaine, sous la présidence de son président, Ould Khelifa, le bureau de l’instance législative a refusé de répondre favorablement à la demande de la Commission des Finances, dont les membres réclament une formation à l’étranger.
Selon nos sources, le bureau de l’APN a mis en avant les coûts élevés de la formation à l’étranger, et son incidence négative sur le budget de l’Assemblée. Par un cynisme renversant, le bureau de l’APN estime que le rôle d’un député est de légiférer, et non pas de se former à l’étranger (sic). Depuis l’Assemblée constituante d’après l’indépendance jusqu’à l’ère de Bouteflika, laquelle des législatures a réellement légiféré, au sens propre du mot, dans un pays où le pouvoir exécutif a toujours porté le poids du pays sur son dos ?
Jouissant d’un statut doré qu’ils ont eux-mêmes voté, avec salaires mirobolants et autres avantages à la pelle, les députés réclament davantage de royalties, comme des passeports diplomatiques et des voyages à l’étranger, finissant de consommer un divorce d’avec les Algériens, définitivement désintéressés de la chose politique, et de ceux qui la représentent que plus mal. Composé d’un amalgame explosif d’arrivistes en col blanc, d’opportunistes de tout acabit, et d’alliances d’intérêts contre-nature, la deuxième Chambre du parlement ne veut plus rien dire, aux yeux des Algériens qui, assurément, n’ont jamais attendu que le «miracle» s’accomplisse de la part de ceux qui viennent les courtiser, une fois tous les cinq ans.
24 juillet 2013
El-Houari Dilmi