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Ould Khelifa donne espoir à Ould Beria par Kamel Daoud

23 juillet 2013

Kamel Daoud

C’est le Beria de la corruption en Algérie dit-on. Du nom de Lavrenti Beria, le grand-père du KGB et l’imminence grise du Kremlin, à l’époque de Staline. Un murmure de Beria et c’est un Goulag qui s’ouvre. L’Algérie a le sien depuis presque trente ans, dit-on. Le bonhomme fait trembler les hauts cadres, lance les rumeurs, contrôle les on-dit, revend les informations sur les nominations et sous-traite sa position. A un homme d’affaires d’Oran, il aurait pris 14 millions de DA pour intercéder une grâce auprès de Bouteflika. Service jamais rendu. On le dit propriétaire initial de 400 logements AADL, 15 walis, 56 chefs de daïra et plusieurs directeurs centraux. Rien qu’avec un téléphone. Le bonhomme, très connu, avait compris l’essence du régime : cela ne fonctionne pas par décrets et lois, mais par les rumeurs, les salons, les menaces verbales, les insultes, la primeur dans les informations. Depuis peu, dans le cadre de la lutte contre la corruption ou dératisation, il y a un effet de loupe indirecte sur ce Beria : on le dit arrêté à l’aéroport, refoulé, puis parti avec une valise. Les uns l’affirment. D’autres vous jurent qu’il est encore à Alger. «Il fait le dos rond et attend que cela passe». D’autres le présentent comme une menace genre «je dis tout». Depuis trois décennies, il en a vu. Le propre des imminences grises est qu’elles ont le mandat plus long que les présidents : lui en a vu passer trois et en est au quatrième. On parle de Pouvoir apparent et pouvoir réel en Algérie, on oublie le vrai : le Pouvoir conseillers.

Et c’est parce que Beria existe que le reste a fini par exister. Cette façon d’user du pouvoir, du téléphone, de la nomination et des rentes s’est généralisée auprès de la génération actuelle des petits-fils idéologiques de Beria d’Alger. Tous font comme lui. Du coup, puisqu’ils lui ressemblent, l’empire de Beria s’est agrandi : plus ils sont sales, plus il est puissant. Plus le pouvoir est faible, plus il est fort. Ainsi de suite. C’est l’effet domino inverse : quand le centre s’affaiblit, la périphérie se renforce en autonomie.

Donc tout cela pour dire que la corruption est une institution aussi. Une culture liée au concept du bien public, défectueuse à cause des butins de guerres. Celui qui ne «prend» pas est vu comme un idiot. Celui qui ne mange pas est un dos-d’âne. Celui qui ne comprend pas qu’il faut payer, finit par le payer. Ainsi de suite. C’est dire que ce fut amusant d’entendre le Président de l’APN proclamer que le régime est bon et que tous les hauts cadres ne le sont pas. ««Il existe, en Algérie, une grande majorité d’hommes et de femmes intègres dans différents postes de responsabilité qui veillent à préserver les fonds publics» dira-t-il, à l’ouverture de l’actuelle session de l’APN qu’il préside. Et là où élu aurait dû s’inquiéter de la corruption, il s’inquiète des accusations de corruption ! Là où on doit s’élever contre le scandale on se scandalise que les Algériens généralisent. Du coup, le crime change de camp : les Algériens sont coupables de généraliser et les corrompus sont presque innocentés parce qu’ils sont une minorité. On parle alors d’excès et on se fait avocat de l’intérêt d’une minorité, au lieu de celui de la majorité. De quoi laisser songeur sur la définition du mandat de députation : représenter le peuple ou le pouvoir ? Le Pouvoir répond le chœur. De l’absurde en live. Des élus du peuple qui au lieu de surveiller les «exceptions corrompues» comme ils disent, se chargent de faire des mises au point au bon peuple.

Et Beria ? Il existe toujours. Les propos de Ould Khelifa lui donnent déjà de l’espoir : l’orage va passer et il a déjà des avocats bénévoles.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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