Selon l’article, les nièces et les neveux revendiquent ce que la fille adoptive leur refuse. Cela sans parler du fils dit adoptif (ou pas) qui serait l’unique héritier dans le cas où cela est vrai. Avec un gestionnaire des biens (par procuration) du défunt Ben Bella. Le tout en attente d’un long procès qui va durer, comme le nôtre, 50 ans ou le double. Une histoire algérienne. Qui se passe à l’ouest. Entre le Maroc et l’au-delà. Entre Oujda et l’infini. Avec des divisons et des accusations qui ressemblent à celle de l’été 62. Avec des légataires, des Frida, des partages et des serrures comme après le 05 juillet 1962. Avec un long feuilleton sur la légitimité après le martyr, comme notre histoire à nous. Avec aussi un butin, de l’argent, des biens vacants, des maisons et des comptes bancaires à l’étranger. Comme nous tous. Et avec un fils adoptif qui ne pourra rien dire, comme nous le peuple à l’époque de nos parents. Et avec des gens qui disent que c’est son fils et d’autres qui disent que Ben Bella ne pouvait pas avoir d’enfants. Comme notre relation à nous avec nos martyrs et notre histoire nationale : sommes-nous les héritiers, le peuple adoptif ou le descendant naturel de l’histoire nationale ? Avons-nous droit au butin ou seulement au nom de famille ?
Une histoire fascinante. Comme la nôtre donc. Une sorte de remake des premières années de l’indépendance mais à l’échelle d’une famille algérienne avec Ben Bella dans le rôle du cadavre principal encerclé. Faute d’histoire simple et de légitimité assumée, la crise de l’été 62 se répète partout dans le pays et même entre soi et sa propre tête quand on est en colère contre l’Algérie. Elle se répète encore plus pour ceux qui ont été les auteurs de cette crise. Ben Bella savait-il que la guerre des wilayas était encore à venir et qu’elle n’est pas encore passée ? Comme pour nous tous, chaque jour que Dieu fabrique pour ce pays ?
23 juillet 2013
Kamel Daoud