Clips concoctés de danses frénétiques, corps dévoilés de façon obscène, révélant l’étendue des impuissances. Gestes érotisés, comme s’ils étaient beaux… Décadence? Non, Show-biz. Chaudes bises. «Vous avez été époustouflante… Vous passez au Zénith, les… dates s’affichent…
et la dernière compilée apparaît en insert sur l’écran familial, demeuré seul dans la salle de séjour désertée par toute la maisonnée. Mais dans la maison, voyez-vous, il y a trois télés. Les trois générations refusant de voir le spectacle ensemble, s’isolent, chacune dans sa chambre, pour se délecter. Et se retrouver après, comme si de rien n’était. Respect ou hypocrisie? Code social, interdisant l’étalage de la chair, mais avalant la violence à «plein écran». Appels à la mort, «mimerie» de la mort, choix de celle-ci, quand la bonté s’est évanouie, et que poésie ou métaphysique paraît incongrue. Guirra, ça tue en vouvoyant, en louvoyant, gros plans sur des dents humaines semblables à celles des grands «chadis», singes sans beaucoup d’humour. Bataille rangée dans une prison, appels au secours. Le sang s’étale et les vengeances sont glorifiées comme des héros. Là, un avertissement au bas de l’écran clignote sans que nul ne bouge. «Va dormir mon enfant ce n’est pas bon pour les gosses».
- Mais papa, ce n’est que du cinéma.
- Oui, mais il y a trop de sang, trop de violence, ce n’est pas bon pour les petits enfants.
Futé, le gosse change de sujet. Il se met à raconter à ce paternel, l’agression à laquelle il a assisté l’autre jour, alors qu’il sortait de l’école. Comment une vieille dame a été tabassée, parce qu’elle a refusé de se laisser voler son sac à main. Comment au seuil de l’immeuble des jeunes gens armés de sif, de couteaux et de bombes lacrymogènes …
- Arrête de parler de ces trucs, laisse-moi voir le film.
23 juillet 2013
El-Guellil