Les effets de foule aujourd’hui, et qui ne font que commencer, prouvent que l’Algérie est une caserne populiste et c’est tout. On ne parle pas encore de l’effet repoussoir que ce cycle fermé entre rente/populisme/salaires gratuits a sur l’image internationale de l’Algérie, sa viabilité pour les flux d’investissements étrangers ou même nationaux privés. Et c’est la faute du régime: à la place d’un Etat régulateur, on a un détenteur illégitime de la richesse, provocateur de la colère et de l’exigence du «quota». On dit qu’Abdelmalek Sellal est un homme qui essaye de faire mieux; il le fera avec cinquante ans de populisme, de dépeuplement des idées, de déstructuration de l’économie et de démantèlement des valeurs du travail et de la justice sociale. Il ne peut pour le moment que se faire le régent d’une nouvelle distribution alimentaire entre donneur universel et un demandeur universel. Il va payer la facture d’Ouyahia et de tous ceux qui l’ont précédé. Tous ceux qui ont poursuivi, avec pertes et dépenses, le mythe d’un secteur public fort et gâté au détriment d’un secteur privé qui a fait ses preuves, et ceux qui ont gouverné l’économie du pays avec des logiques populistes de Souk El Fellah ou de gestion d’un immense bien-vacant.
On a inventé un peuple sans compétences et sans CV et sans maîtrise et on ne peut aujourd’hui que le payer pour le calmer, le subir ou le réprimer. Et le comble est que ce peuple a raison de demander sa part puisqu’il ne s’agit pas d’une économie nationale mais du silo de nos ancêtres.
En Algérie, on sait qui fait grève et qui demande un salaire. Mais on ne sait plus qui travaille vraiment.
22 juillet 2013
Kamel Daoud