Chacun de nous a eu en des occasions idoines à devoir taire ce qu’il a envie de dire. De faire ou de s’en abstenir. Loin de l’ordre politique, en dehors des arcanes du pouvoir où tout se permet de se dire, il existe des circonstances qui vont faire soumettre la banale expression au contrôle des gens du moment. Comme ce jeune aimant à mourir son club sportif d’ailleurs étranger, en l’occurrence le Barça, freina sec son élan d’éloges juste à voir son employeur brandissant son nationalisme et son islamisme, montrant en clair que ces clubs font partie de la juiverie mondiale, de l’anti-islam, de la contre-sahwa et qu’ils veulent scinder le pays en Nord et en Sud. Le jeune, chauffeur de bus de son état, se frigorifie et congèle son état d’âme. Le patron du bus employeur privé du jeune le prit à partie. Le fan du club stoppa en plein croisement l’engin, coupa l’énergie, sortit en criant : oui Barça, Barça.
Eberlué transporté, je me suis dit, voilà la police d’opinion. Elle n’a pas d’uniforme, elle ne porte pas de galons visibles et scintillants, ni encore de siège social. Elle crèche en s’instituant puissante dans la gueule, le faciès, le regard des gens. Un enseignant qui blâme le gel sur la tignasse d’un adolescent, une institutrice qui se fâche d’une fillette à peine pubère non voilée, n’est-ce pas là un exercice illégal de la moralité ? Un cafetier qui refuse de servir un fumeur, sinon le sert de travers, un guichetier qui s’empresse à expédier un document selon le tonnage de l’usager, un imam dirigeant la prière qui vocifère en décibels plus que la sono faisant fi des hypertendus, n’est-ce pas là aussi une police agressive ? Doit-on pour fuir cette police, cette intolérance, cette agressivité, fuir le monde, ses bus, ses cafés, ses écoles et ses mosquées ?
22 juillet 2013
El Yazid Dib