Un congé payé pendant ce mois, permet d’arrondir les trente jours de dépenses: il y en a qui se mettent en association, qui louent des locaux et s’investissent dans la zlabia, la chamia et autres sucreries. Non, ce ne sont pas des spécialistes ni des pâtissiers! De simples fonctionnaires, en vacances. Ils achètent leurs marchandises en gros chez des fournisseurs, y’a qu’à se débrouiller un bon coin, une rue commerçante, et le bénéfice est garanti. Ils se relaient et demeurent ouverts tard le soir.
Ceux qui font dans la braise, eux, ne travaillent que le soir, jusqu’à l’imsak. Ils installent leur table, et proposent leurs sandwichs aux retardataires, ces accrocs de rami et belote, qui ne savent pas quitter la table à temps. Ils sont heureux de trouver, sur leur chemin, quelques grillades qui remplaceront le shour’, des fois que le addane les surprenne avant d’arriver au dortoir familial.
Et puis, il y a les deux collègues. Celui qui n’a pas droit au congé, et l’autre qui l’avait planifié «spécial Ramadhan». Le premier a une voiture, le second trente jours de repos. Le contrat est simple. Il passe sa bagnole à son acolyte qui fera le taxi clandestin. La recette est divisée en trois parties. Une pour la voiture, et les deux autres «lik, liya». Mais généralement ça finit toujours mal. La confiance, oualou! Le contrat ne dépasse pas les quinze jours. «Ghaya, tchu donnes la voitchure à ton copain, il te fourgue une misère en guise de recette, et toute la journée, il embarque sa ghoula de femme, et vas-y que tu me promènes.» Pendant quinze jours elle le martèle, la suite vous la devinez. Il pointe avant le ftour’ chez son copain. «Jib les clés de la voiture. Jib les papiers et mel youm tu ne me connais pas.»
22 juillet 2013
El-Guellil