En plus, pourquoi parler de la constitution puisque personne ne la lit, tout le monde la viole ? Le pouvoir et la puissance se décident par la force, pas par la loi. En Algérie ils sont deux : ceux qui sont armés et ceux qui ne le sont pas. Armés et civils. Houkouma et plèbe. La bonne constitution serait un vrai contrat de management entre les deux parties : les armés et les désarmés. Ou un contrat expliquant «qui est la propriété de qui ?», et dans quel sens de la flèche : le peuple ou ses maitres ? Cela serait une vraie constitution. L’actuelle étant un blabla et la suivante sera un blabla-bis. La preuve ? Personne ne parle des autres détails possibles dans la révision de la constitution : est-ce que le premier ministre sera premier ministre ou simple maire national ? Les monopoles d’Etat, la religion, le bonheur ? Rien. On limite la constitution à son noyau d’olive : deux mandats à vie ou un mandat à vie ? Car c’est la seule question. Preuve que la question du pouvoir n’est pas une question d’Etat. C’est différent.
Et comme dit plus haut, on sait qu’il y a autant de différences entre le vrai pouvoir et la constitution, qu’il y en a entre le burnous et le cheval. Le premier n’étant qu’un habit, le second étant le moteur. A la fin ? Cela ne tranche rien d’amender ou pas, de feuilleter ou de lire ou de zapper. Il n’y pas de débat sur la constitution et cela n’intéresse que les violeurs du pays : le peuple croit que le bonheur est après la mort et la constitution n’est que le mode d’emploi fictif de la réalité politique. Hérésie inutile et produit déclassé du Pouvoir ; Sid-ahmed Ghozali avait au moins raison sur une chose : il ne sert à rien de discuter sur la constitution : elle ne fixe pas les limites et les identités des pouvoirs. Cela se passe ailleurs, pas sur la notice. Et c’est dommage. La loi fondamentale du pays n’intéresse personne, elle n’a pas de visibilité, on n’y accorde pas d’importante et on ne parle d’elle que pour parler de soi et des autres. Mariage de «El Mout’3a». Traduire : mariage de jouissance. Tradition de guerre et de rapine dans l’Arabie sauvage. On n’y recourt donc que le temps de la batille et de la jouissance. Le reste du temps, on fait ce que l’on veut. Il n’y pas d’obligation de fidélité dans ce genre de mariage.
21 juillet 2013
Kamel Daoud