L’éducation, les convictions religieuses chez beaucoup d’algériens sont désastreuses et primaires au point de provoquer la stupeur : deux mondes se dessinent et s’excluent : ce que disent et pensent les élites en vase clos, délégitimées par l’usage du français ou de l’arabe trop classique ou déjà accusées de tiédeur religieuse ou cantonnées dans les espaces académiques fermés ; et ce que disent et pensent une majorité d’algériens formatés par les chaines religieuses wahabites ou chiites, les reliquats folkloriques du FIS devenu salafisme soft, la culture anti-juive en plein boom, le malaise face à l’Occident et la négation de l’algériannité au profit d’un arabisme fantasmé. Et le pire est que cette culture talibane primaire se répand, s’encourage, se reproduit avec force et conviction et devient la culture nationale ambiante avec laquelle les élites composent. Une culture d’intolérance, d’enfermement, buttée et violente et que l’on reproduit comme « Vérité » et conviction et qu’on utilise pour culpabiliser les autres et attaquer les intimités ou imposer ses lois.
C’est donc à des jeunes de 20 ans, convaincus que la femme est une faiblesse, que le monde est un complot juif, que l’Occident est une impiété frustrante, que Dieu leur a parlé à eux et pas aux autres et que « L’islam est la « Vérité », que nous avons abouti après 50 ans d’éducation, de scolarité à budgets sans limites, d’efforts et de réformes. Et c’est aussi par cette voie que l’on peut espérer un jour s’en sortir : l’école, le savoir et l’Education. A réformer au plus vite, à négocier, à revoir et à moderniser. Nous y avons déjà perdu deux ou trois générations irrécupérables et que l’on doit aujourd’hui subir, nous pouvons au moins faire mieux pour les suivantes.
21 juillet 2013
Kamel Daoud