Le crime de Constantine déjà «islamisé» et récupéré par Kamel Daoud

De la tragédie aux bazars islamistes. Le double crime pédophile de Constantine a basculé dans la polémique sur la peine de mort et pas sur le débat sur «la peine à vivre» dans ce pays. On y incrimine deux présumés coupables puis on monte sur le dos de l’affaire et des victimes pour s’engouffrer dans la brèche. Aujourd’hui, les islamistes de tous bords, wahabites embusqués, chourikistes sournois et chouyoukh vous parlent de la peine de mort comme une loi du talion à réintroduire. Le crime a laissé place à la récupération politique pour un courant qui n’arrive pas à sortir de l’illusion post-FIS et de la bulle du fantasme 90. Sans victoires électorales et sans avancées notables sauf en scandales et en vassalités, les théo-militants activent aujourd’hui à se placer comme acteurs dans l’espace de la législation : à défaut d’imposer le califat par le haut, on tente d’introduire la charia par le bas. Le conservatisme, coupable du crime du malaise du corps de l’Algérien, de sa tristesse, de ses perversions, se fait l’avocat d’une soudaine bonne cause : la peine de mort. Un art du métier d’être islamiste : peaufiner les morts et les crimes, pas conquérir la lune ou inventer l’IPAD. Et c’est donc devenu le cheval de Troie pour une kaboulisation soft et graduelle. La manière entriste et menteuse de ce courant. Le débat n’est pas en effet sur le «pour» ou «contre» la peine de mort mais sur ceux qui s’en font les avocats faussement innocents et qui veulent entrer par la brèche pour avancer dans l’échiquier politique. Et pour ce faire, rien de mieux que l’ancienne méthode : récupérer les mouvements de foules et les colères, puis jouer les émotions profondes : la filiation, le sexe ou la corruption. En manque de politique, les conservateurs collectionnent donc les plaies et en appellent aux lapidations, chasse aux sexes et décapitation, à défaut de maîtriser le métier de bâtir et d’être moderne et tolérant. Sale et méchant opportunisme qui prend ce peuple par les oreilles pour le loger dans des Kaboul en chantiers.