Le monde de l’éphémère. Le chapiteau circulaire, forme de terre. Ronde. C’est leur ronde. Cirque Ammar disions-nous enfants qu’on étaient. Cirque yanamare disent ceux d’aujourd’hui, ces enfants qui ont grandi avant terme.
Au centre, les artistes apparaissent, lumière axée sur leur visage de craie et leurs yeux en forme de papillon ou de mouche communiquent des émotions yoyo. Un coup au top…un autre down…La magie des sens est sans arrêt provoquée par des numéros chargés de trouvailles. Le langage des étoiles (sur les épaulettes) est pratique. L’illusion des tours d’artistes entrainés par des milliers d’heures d’exercice. La patience des grands, disent quelques-uns. De ceux qui recherchent la perfection, pour notre bonheur. Devant les différents numéros exécutés avec minutie, avec ruse. Nous sommes de grands enfants dont les repères s’envolent pour laisser place à un moment d’abandon. Délectation. Doux, durs ! En apesanteur. Ivre d’une joie envahissante. On plane de voir de si jolies choses. Si belles. Si fantasques. Si démesurées. Si inatteignables. Dépollués de marque sociale. De ses responsabilités pesantes. On reconnait l’odeur et les formes de « madame hélas ». Le cirque est un temple où on renferme la clé de l’enfance et ses secrets. Tous ces saltimbanques, une fois la lumière éteinte et le feu de la créativité rangé deviennent de misérables âmes. Une fois sorti de leur forteresse amicale. Confortable. Rassurante. Les voilà confrontés à la haine et le mépris de la société sédentaire et utile. Plate. Les décors démontés, la musique arrêtée. Un tableau noir du malheur reprend le champ visuel mais aussi tous les champs de la vie. Là on doit savoir quitter le chapiteau. Car les saltimbanques ont pris de l’âge mais espèrent toujours être les jeunes premiers du spectacle. Et voilà pourquoi, de même qu’il y a un âge minimum pour voter, il nous faut revendiquer âge maximum pour un électeur. Le troisième âge n’incarne pas le futur, il ne peut être que le revival du passé.
21 juillet 2013
El-Guellil