Et pourtant ! par El-Guellil

Il n’y en a pas un de satisfait. El meskine yechki. Le riche makhsous. El kbir yechki. Le jeune yechki. L’enfant yebki. El mra c’est normal. Le commerçant se plaint. Le fonctionnaire sur les nerfs. La grève, les nerfs de la guerre. Le gouvernement yechki. «ce n’est pas un chaab ça !». Le peuple la même chose. «Machi doula». Tout le monde se plaint, mais tout est plein. L’hôpital est plein. Les cliniques privées sont pleines. Les magasins sont pleins. Les supérettes… les grandes surfaces. Tout est raflé. Les marchands de fruits exotiques poussent à chaque coin de rue. S’ils étalent autant de produits c’est qu’il y a sûrement preneur. Les boucheries rient. Du poulet farci à la farce des prix, rien n’arrête le consommateur. L’électroménager, ça gaze. Magasin devant magasin, tout ce qui est proposé sur les magazines étrangers est étalé. Sont-ils dupes au point de ramener le dernier cri de la technologie, s’il y a mévente ? Le marchand de karènetita vide plateau sur plateau. Le chiche-kebab bouscule le kabab-chiche. Les restos sont au menu de toutes les bourses. La pomme de terre ne pourrit pas. A cinquante dinars on trouve qu’elle n’est pas chère. Entre deux bijouteries, meskiya, parures, bagues serties, krafach boulahia et kholkhal font alliance. Quoi ? Ils chôment tous ces marchands d’or ? Dors mon frère de ton sommeil 18 carats. Le prix du carburant augmente, le parc auto aussi, c’est l’embouteillage au lavage graissage. El meskine yechki. Le riche makhsous. El kbir yechki. Le jeune yechki. On n’arrive pas à joindre les deux bouts. On ne voit pas le bout du tunnel. Des tunnels on en construit, tiens – tiens un tunnel ça se construit ? L’or noir est de plus en plus noir, comme la malédiction, et n’arrête pas de dire ceux qui peuvent tout se payer. Celui qui est dans le besoin n’a même plus la force de se plaindre.