Même si tous nos échecs, longtemps ruminés, se focalisent sur la bérézina de notre football national, un peu comme un arbre rachitique qui cache une jungle immense, pourquoi les entraîneurs des Verts, les «grands et les petits», devraient-ils partir, quand nous échouons presque partout, dans tous les domaines, et à tous les niveaux ; un peu comme si personne ne veut changer une équipe qui a désappris à gagner ?! Les Algériens s’offusquent de l’humiliante élimination de l’équipe des U20, et demandent aussitôt des comptes au sélectionneur et à ses «employeurs». Mais à quoi servirait-il de réclamer la tête d’un homme, fût-il de la trempe de Vahid Halilhodzic ou de Nobilo, quand le miracle, en football, comme dans d’autres segments de la vie nationale, n’est plus de ce monde, et depuis longtemps déjà ? Que peut représenter la bérézina des Verts, comparée au désastre de l’école algérienne, devenue le réceptacle de tous les tares et avatars d’un pays, où la méritocratie n’a jamais eu droit au chapitre.
La preuve que le changement tant attendu n’est pas pour demain la veille, est ce retour en grâce de certains artisans d’un cataclysme d’un autre genre, une sorte de «lobotomisation» pure et dure face à un peuple antichoc.
D’autres segments de la vie de la communauté nationale sont autant de fiascos consommés, comme l’école ne forme plus à la vie, la santé malade depuis longtemps, l’industrie vidée de sa substance et livrée aux déprédations en tout genre, et la pratique politique, devenue une sorte de marché de dupes où le chaland se fait monter sur le dos et traîner par les oreilles…
Contrée «atypique» dans le concert des nations, l’Algérie est un pays où on peut même défier Sisyphe en personne, et remonter allégrement la pente, à contre-courant de ceux qui veulent votre chute programmée. Pourquoi, et pour quelles raisons, Ahmed Ouyahia, démissionné du gouvernement et poussé à la sortie par sa propre famille politique, ne rêverait-il pas de devenir le prochain président de la république ? Même accablé par une gestion chaotique du pays autant de fois qu’il a été à la primature du gouvernement, rien ne l’empêche d’accéder au sommet de la république; ni lui ni aucun autre vendeur de «mots creux».Et dans une sorte de «logique mécanique», pourquoi demander à l’entraîneur de l’EN de faire ses valises, quand on ne le fait pas avec d’autres, responsables d’autant de bides retentissants.
Les démoralisantes statistiques font état de 46 tentatives de suicide par immolation durant l’année écoulée, dont onze malheureusement «réussies».
Dans une sorte de logique mortifère, le pays s’apparente aujourd’hui à une épique bataille, -sans vainqueur-, entre têtes brûlées et corps enflammés.
Assurément, l’Algérie est devenue, et depuis longtemps, un ossuaire de toutes les espérances, gâchant les rêves «éveillés» de ses propres enfants. Aussi vrai qu’un mauvais rêve n’est pas toujours un cauchemar, le pays est devenu comme cet illustre savant que tout le monde admire, mais que personne ne comprend !
21 juillet 2013
El-Houari Dilmi