Ils nous mentent. Depuis toujours. Depuis que De Gaulle leur a dit qu’il les comprenait. Depuis que les «marsiens» ont squatté l’Algérie de père en fils. Depuis qu’ils ont interdit la voix des autres, de ceux qui ont combattu en oubliant de se planquer bien au chaud et de fracturer les immeubles et les villas.Ils nous mentent et ça continue, sans vergogne, sans sourciller ni avoir peur d’être rattrapé par l’histoire. Et plus c’est gros plus ça passe. Ils nous mentent et ça se voit, chaque jour, lorsque le soleil se lève sur un pays en crise de tout. De logement. De confiance. De pain, d’huile et de responsables honnêtes. Ils nous mentent en écrivant l’histoire, en ajoutant des mensonges, en construisant des légendes et en déchirant des pages de vérité. Ils nous mentent dans leurs promesses, dans leurs explications vaseuses pour justifier l’incompétence et la gabegie, dans leurs discours officiels rasoirs et leurs sermons d’hypocrites. Ils nous mentent sur la main étrangère, sur la démocratie des barbus et le nationalisme des apparatchiks. Ils nous mentent sur la gestion du pays, ses avoirs en pétrole, ses placements à l’étranger, sur la valeur réelle du dinar et de combien vaut un Algérien sur le marché local et international. Ils nous cachent la vérité sur leurs fiches de paie parallèles, sur leurs comptes en banque et leur patrimoine immobilier. Sur des neveux oubliés et des alliances bienheureuses. Ils nous mentent ouvertement au journal télévisé, les jours fériés et dans les mosquées. Ils ne diront jamais qui gouverne l’Algérie, en vrai, pas en façade ni trompe-l’œil, et que certains monopoles sont plus puissants que celui de l’Etat. Ils nous mentent sur la justice et sa liberté. Ils oublient de nous dire combien a coûté réellement l’autoroute Est-Ouest, une merveille d’exécution et un exemple de transparence. Qui sont les corrompus et qui les protègent. Pourquoi l’Algérie est le seul pays qui a de l’argent dans les poches et 1 méga de connexion. Pourquoi les ministres existent et que les Algériens sont flous. Ils nous mentent sur les enquêtes assassinées, les procès estropiés et les coupables blanchis. Ils nous mènent en bateau pour contempler les châteaux qu’ils nous ont bâti en Espagne, poussant les fils du peuple à nager pour sauver leur peau. Ils nous mentent en disant que c’est la faute aux autres, à ceux qui ne nous aiment pas, aux ennemis de la révolution, aux voisins, aux francophones, aux démocrates, aux autochtones et à ceux qui n’applaudissent pas à un quatrième mandat. Ils nous mentent en nous distribuant quelques litres de pétrole et des logements sociaux pour vivre un peu plus dans leur mensonge, sur notre dos voûté. Ils ont travesti la vérité comme ils ont acheté les consciences et la paix sociale. Ils ne nous disent pas pourquoi Boudiaf est mort, lui tout comme Abane Ramdane, Amirouche et tous les autres. Ils nous ont tellement menti que le jour où ils diront enfin la vérité personne ne les croira.
20 juillet 2013
Moncef Wafi