Rien à redire. Les spécialistes sont unanimes. La symbolique sportive emprunte une part importante de ses références à l’art de la guerre. Outre les considérations stratégiques qui fondent la logique de tous les sports collectifs, le langage sportif est saturé de métaphores guerrières. Défense, attaque, des brancards pour évacuer les blessés. On ne botte plus un ballon, on tire la balle.
Bien normalement, cette symbolique est aussi celle des supporters, mais au-delà du langage, on la retrouve dans la tenue ou l’uniforme aux couleurs du club et dans l’action (défilés, tambours, fumigènes…). Le public devient ce douzième homme et on sanctionne une équipe en décidant un nombre de «rencontres à huis clos».
A l’occasion de matchs importants, rassemblant un vaste public, ce référentiel guerrier s’enrichit de connotations insurrectionnelles. Des chants sont scandés en chœur comme l’hymne au combat pour catalyser les troupes. Les convois de supporters «accompagnés» par les forces de l’ordre, les cordons de policiers, les barrières de sécurité, etc., rappellent à tous la dangerosité potentielle de l’événement même s’il a été prouvé que l’anticipation d’un spectacle violent augmente l’agressivité des individus Et tout cela est alimenté par des subventions inéquitables. On magouille, on graisse la patte, on trafique des élections pour présider aux destinées d’un club. Guerre au sommet, guerre à la base, guère de sérénité.
Comment voulez-vous que tout ce symbolisme guerrier utilisé dans les stades et la mise en scène insurrectionnelle qui y est liée n’aient pas des conséquences sur le comportement des individus? Du point de vue de son organisation sociale et du point de vue de sa pratique dans les stades, le football réalise un cocktail explosif parce qu’il offre aux inconditionnels des référents identitaires et qu’il leur permet de revendiquer leur identité dans des contextes d’interdépendance négative, saturés d’une symbolique d’affrontement. Les ingrédients de ce cocktail ont contribué au succès planétaire du football. Mais ils sont aussi très probablement à l’origine de la violence qui a toujours accompagné ce sport. Et la politique en use à outrance.
20 juillet 2013
El-Guellil