Benbitour: il a trop parlé et peu de gens ont compris. Son défaut est qu’il croit que les Algériens sont comme lui : lettrés, intelligents, technocrates. En plus il n’est ni de l’Est, ni de l’Ouest, ni du Centre, ni Kabyle. Il ne correspond pas à la doctrine des régions tournantes, puisque le Sud n’est pas une région ou une wilaya historique qui pèse. Son défaut est qu’il apparait comme un peu mou, trop gentil. Les Algériens aiment les hommes durs qui prennent le Pouvoir par virilité ou par chantage ou qui le quittent par bravade ou par courage. Ou qui s’y soumettent par cupidité.
Aït Ahmed: il est trop vieux. La génération d’autrefois. Il représente le souvenir, pas l’avenir malgré son image positive chez les Algériens. Le Pouvoir l’a détruit, mais l’opposition comme métier aussi.
Zeroual: il est trop propre pour ce travail. Il est le président des Algériens qui ne veulent pas être présidents, maires, sénateurs, députés, responsables, élus ou désignés. Les Algériens qui veulent vivre en Algérie mais sans jamais toucher à l’Algérie ou s’y impliquer.
Amar Ghoul: il a les yeux trop brillants pour être fiable. Il ne semble pas avoir eu de dents de lait durant son enfance qu’il a bouclé avec une fausse barbe. Le bonhomme provoque la méfiance, le soupçon : il est venu au ministère par la religion puis à la politique par la trahison. Si on lui donne l’Algérie, il la donnera aux chinois. Il n’est pas un produit garantit même pour les décideurs. D’ailleurs, malgré son islamisme d’étiquette, on ne sait pas de quelle religion il est.
Amara Benyounes: il souffre d’un manque de visibilité et d’images. Les Algériens ne le connaissent pas. Il semble être en apprentissage : il lui manque une guerre, ou une briqueterie au Maroc, ou une balle dans le dos, ou des moustaches. On ne sait pas. En plus, il a trop d’idées, ce qui est mauvais signe pour être Président.
Mouloud Hamrouche? Il ne le voudra pas. Il a compris. A vu. Est venu et est reparti. Depuis, rien. Cela fait vingt ans, donc trop longtemps. On ne se souvient pas de lui. Sauf ses ennemis. Et il les connait.
Ghozali ? Le but intime, secret, inavoué et inconscient de cet homme n’est pas d’être président, mais d’être PDG de Sonatrach, d’avoir 25 ans à nouveau et d’avoir les deux pendant cinquante ans. Depuis longtemps, cet homme ne pardonne pas aux temps, c’est à dire aux gens. On ne peut rien en tirer sauf une vengeance et un président qui se venge sur le sort on en a déjà connu avec l’actuel.
Moussa Touati ? C’est comme Soltani, Menasra, Djibouti, Djaballah etc se sont des personnages secondaires pour toujours. On ne peut pas en faire un film, seulement des répliques.
Ahmed Ouyahia: trop hautain pour servir. Compétent mais allemand de l’extrême-droite. Il peut servir le Pouvoir, mais desservir la cause et l’image. Pour être Président, il lui faut revoir son image. Son problème : il a des moustaches mais pas de burnous. Traduction : il a de la dureté mais pas de la noblesse.
Belkhadem ? Oui. Il peut être Président, mécanicien, graisseur, chef de Zaouia, ministre, cuisinier. Cet homme n’a pas d’os ni de résistance donc il peut être Président. Les documents officiels il les tamponnera avec son front pour montrer son obéissance. L’Algérie sera alors détruite.
Et les autres ? Il n’y en a pas. Le Régime ne permet pas l’émergence de figures alternatives, de nouveaux personnages ou de leaders. C’est un gigantesque célibataire hermaphrodite. Il est capable de faire revenir Boudiaf de la tombe et pas seulement du Maroc, rien que pour éviter le changement ou la transition.
19 juillet 2013
Kamel Daoud