«Imaginez-vous, raconte-t-il, un groupe de locataires dans un même immeuble. Ils se réunissent pour prendre démocratiquement une décision. Ils ont dans la cagnotte un pécule qui leur permet, soit de peindre la façade du bâtiment, soit de nettoyer la cave et la débarrasser des eaux usées qui risquent, à long terme, d’abîmer les fondations. Le seul architecte de cette grande assemblée leur explique, science à l’appui, que la cave était prioritaire. Retaper une façade d’un immeuble qui risque de s’effondrer serait ridicule». A chacun son argument.
- Des parents viennent passer les vacances chez nous. Comment puis-je les recevoir dans un immeuble décrépi ?
- Ouana, «ya des jons» qui vont venir demander la main de ma fille… Alors, «les stétique il faut ikounou stiki…»
- Moi, j’ai mis mon appartement en vente. Avec une façade galeuse, c’est la valeur de mon logement qui en prend un coup !
- Sincèghement, quand la voitchure du sbitar me dépose devant «lémeuble», je ghouji de honte. Au point où je mets une virgule et je leur demande de me déposer devant la conserverie…
- Tu veux dire le conservatoire ? corrige l’avocat voisin.
- C’est pas la peine de faighe l’intéressant ! Je sais que dans la conserverie, on conserve la cultchure, et dans le conservatoire la confitchure. En plus, ce n’est pas galant, c’est très gauche pour un type qui fait du droit. Mais, ça ne m’étonne pas de la part de quelqu’un qui est obligé de porter une robe pour gagner son pain ! Moi je suis pour la façade.
- Et moi aussi, et moi aussi !.
Ainsi, le vote à main levée a donné démocratiquement la priorité à la façade. Morale de l’histoire ? Moralité ? Aucune ! Démocratie de façade
15 juillet 2013
El-Guellil