Mon songe par El-Guellil

Tu tombes, ce n’est pas grave, c’est savoir se relever qui est important. Chkoune fina ne vit pas d’illusion autant que de pain ? Illusion sur notre avenir bien entendu ! Cette illusion, ce désir d’améliorer notre condition. Quoiqu’on dise qu’hier est mieux qu’aujourd’hui, le demain nous préoccupe pleinement. Le chauffeur de taxi qui commence avec un vieux tacot espère toujours acquérir une voiture neuve. Le petit magasin, on rêve de l’agrandir. Le tbib fait tout pour devenir professeur. Les écrivains et les artistes rêvent de gloire et de réputation. Les ambitieux rêvent des honneurs. Le petit planton espère devenir responsable de la sécurité. Les fonctionnaires et les militaires rêvent d’un avancement infini. Les patrons rêvent de la fortune et les ouvriers rêvent de repos. Qui de nous autres n’a pas rêvé d’une villa, d’une belle tonobila et d’une épouse jamila ? Mais ceux qui ne se flattent plus de voir changer leur destinée rêvent du moins d’une longue vieillesse. Msab ghil essaha ya khouya. Voilà qu’on se met à exprimer des vœux modestes en nous mettant, par pudeur, à cacher l’immensité de nos aspirations. Mais imaginez qu’une main levait le voile qui nous cache notre sort futur. Ayayaye… morne découragement. Ce serait comme l’extinction du feu qui réchauffe les âmes… C’est pourquoi quand l’individu voit toutes ses espérances devenir chimériques, le retour à la barbarie devient sa seule issue. Et la croyance à l’immortalité de l’âme devient son seul berceau, elle le fait vivre, il combattra, luttera, tuera… Alors, laissons au peuple sa part de fleurs, les épines il n’en n’a eu que trop…, n’entendez-vous rien venir ?…