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Jour Un: Qu’est-ce que ma nationalité quand je ne mâche pas? par Kamel Daoud

11 juillet 2013

Kamel Daoud

Le jour Un a ceci de particulier : le monde s’y lève lentement et ne fait rien de plus. On est tous à mi-chemin entre la condition terrestre d’hier et la condition animale de demain. Le neuf n’est pas encore arrivé. En Egypte, un pays s’effondre entre les sauterelles et la mer Rouge.Jour Un: Qu'est-ce que ma nationalité quand je ne mâche pas? par Kamel Daoud dans Kamel Daoud transLe Pharaon est mort et Moïse n’existe plus. Cela ne nous concerne pas cependant. On est au-delà du bien et du mal. Peuple survivant de deux guerres, une fausse réconciliation et sans but : rien ne nous étonne. Chez nous, le président de la République, arrivé dans un avion est reparti dans un avion. Cela fait deux mois et demi que nous sommes le seul pays au monde qui n’a pas de président et qui s’en passe. L’Egypte devrait peut-être faire comme nous : se passer de Morsi, d’Essissi et de la confrérie. Adorer le Nil et la pirogue et mâcher la récolte. Donc rien qui emballe au Jour Un. On ne mange pas et cela désactive un peu notre algériannité. Que doit faire un Algérien quand il ne mâche pas ? Question profonde dans un pays où l’indépendance signifie d’abord manger mieux que sous le Colon. Qu’est-ce que la vie quand elle n’est pas un repas aux yeux du cannibale ? Que faire du corps quand on ne le rassasie pas ? Qu’est-ce l’être sans la vitamine ? C’est quoi la nationalité dans le désœuvrement ? L’impression sourde et ténébreuse que l’Algérien qui ne mange pas perd son poids sur terre, son adhésion à la croûte terrestre, son sens. Je mange donc je suis. Et quand je ne mange plus ? Le visage devient astéroïde donc et le cerveau une voie lactée. C’est le cas du jour Un. Il se traduit chez l’Algérien par la sensation nationale de l’apesanteur. Un manque de gravité. La pomme ne tombe plus vers la terre et donc les lois de la gravité sont suspendues. On marche lentement, dans le big-bang de son vide du ventre. Tout en faisant semblant que cela n’altère en rien le réel et ses nuées. Cela viendra demain : l’explosion, le son sourd de la colère. La gorge et le couteau enlacés. La sensation qu’on est enfermé, les uns dans les autres, et jouant du coude dans un tonneau de bois qui coule. Le rite a commencé hier, la bataille commencera demain. Avec la panique des sens et la peur sourde que tout le monde va manger sauf le dernier, c’est-à-dire soi-même.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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