Le pire est que même cette assertion n’est pas vraie absolument. Les petits dictateurs algériens, les mandats à vie dans certains postes sont dues à une cooptation intéressée au début mais finissent par s’autonomiser : même les parrains d’un PDG ne peuvent rien contre lui au bout de dix ans s’il est malin. Au bout de trois mandats à vie, un bon PDG, ou SG, qui sait comment il est arrivé au poste, s’arrange pour assurer ses arrières, créer d’autres circuits de soutiens et acquérir le pouvoir de résistance qu’il faut pour durer. Cette tendance est devenue majeure avec Bouteflika qui, volontairement ou pas, a affaibli le régime encore plus qu’on ne le croit. Les Deys sont plus puissants que le Bey et connaissent les faiblesses de sa psychologie et celle du système : c’est ce qui explique pourquoi jamais la corruption n’a atteint des proportions aussi alarmantes en Algérie : certains peuvent aujourd’hui s’acheter des pavillons en France, s’octroyer des prêts dans les banques qu’ils gèrent comme directeur général délégué adjoint, acheter les membre du CA, effacer le prêt et imposer des pourcentages sur les lignes de crédits et toucher des salaires de 40.000 euros par mois dans l’impunité totale, nous dit-on. La raison ? Bouteflika est malade depuis un mandat et narcissique depuis deux autres : il ne voit que sa personne ou ses adversaires ou ce qu’il veut voir. C’est sa faiblesse et la force de ceux qui l’entourent ou ceux qui en profitent. L’Algérie c’est 9000 émeutes par an contre zéro révolution parce qu’il existe neuf mille petits dictateurs contre zéro Moubarak. C’est notre drame : on n’a même pas une dictature à abattre mais un énorme système impersonnel difficile à cerner.
Une centaine de cas de mandats à vie qui président le pays par Kamel Daoud
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7 juillet 2013
Kamel Daoud