Ce genre de questions n’ayant pas de réponse dans un système vicié à la base : on ne peut pas s’interroger ainsi, sans fin, dans un circuit où l’électeur n’existe pas, où le citoyen est remplacé par le croyant où le client et où l’école ne produit pas la liberté mais la sujétion. C’est l’équation de la bombe et de la responsabilité : on ne peut pas donner la «bombe» ou la laisser se fabriquer dans des régimes qui n’en sont pas «responsables» dit la doctrine internationale et cela se justifie : on ne peut pas tolérer la bombe nucléaire aux mains d’un Kadhafi, d’un mollah ou d’un joufflu en Corée du Nord ou en Israël, pays bâti sur l’exclusion raciste. Mais qui fixe cette «responsabilité» ? Le plus fort et du coup, la loi devient la loi de la jungle managée.
La démocratie suppose-elle la notion de «possibilité» et de responsabilité ? Possible. En Algérien on va crier au scandale du putsch, mais on est derrière la télé et personne ne subit le sort des Egyptiens en Egypte et ne se voit menacé dans ses biens, ses idées, son corps, espoirs et libertés. Il est facile de parler de Droit quand on est chez soi et pas en Egypte. Mais le putsch est un putsch : il incarne le recul de la révolution, l’échec de la démocratie aujourd’hui et pour de longs lendemains. Il est la victoire d’un fatalisme qui se répand : nous ne sommes pas aptes à la démocratie. Les islamistes comme leurs adversaires. Ceux qui profitent sont toujours les armées. Où est l’avenir quand l’armée est une prédation, la rue un jeu de force, les islamistes un fascisme et les démocrates des prête-noms obligés à l’alliance avec le mal ?
Tout le week-end à tourner en rond dans sa propre tête.
Et à la fin ? On va encore attendre : il y a un effet dominos sur nos certitudes (en impasses), et un effet dominos sur les islamistes du monde «arabe» (révision à la baisse de leur triomphes et de leurs stratégies) et un autre sur les convictions des militaires et des régimes (ragaillardis). Et nous Algériens ? Toujours à la pointe du monde «arabe» : Après le président démissionné, on a eu le président tué, puis le président parti, puis le président importé et, enfin, le président immigré. Bonne fête d’Indépendance !
7 juillet 2013
Kamel Daoud