Et le temps passe. On ne sait pas comment cela va finir dans un pays qui a une seule télévision qui ne peut pas filmer son propre président sur son lit de malade. Dans le tas ? Nous sommes un tas de peuple déposé au fond de l’armoire. L’enjeu se fait doucement sans nous. Le régime dépend du pétrole et donc il n’a pas à rendre compte sur la santé de son président, sur nos paniques ou sur nos interrogations. Vu dernièrement un clip d’un salafiste tunisien qui prêche étonné : « pourquoi faut-il consulter le peuple sur la Chaariâ ? On ne consulte pas un peuple sur le choix d’Allah ? La Chariaâ, on s’y soumet ou on est tué, c’est tout ! C’est quoi cette histoire de démocratie ? ». La même idée circule dans la tête du régime mais sur un autre intégrisme : celui de la clandestinité et du tutorat féodal: on ne consulte pas le peuple sur l’Etat et l’état de santé ! C’est le choix des grands électeurs. En quoi le peuple doit-il être concerné par la santé d’un président ou un bulletin de santé ou même par la vérité ? Donc il s’agit de la même idée : la première avec barbe, la seconde avec moustaches. En quoi cela vous concerne que cela soit Benflis ? Hamrouche ou Fabius ou Bouteflika 4ème Calife, juste pour les prochaines années?
A la fin ? On connaît presque tous le titre de cette pièce de théâtre française : « le malade imaginaire » de Molière. Dans notre cas, le malade est réel. C’est nous qui sommes fictifs. Imaginaires. Aujourd’hui donc, l’équipe de la résurrection (équipe qui annonce qu’il va revenir) a moins de chance d’être crue car elle fait partie du régime qui ment. Celle de l’occultation définitive (équipe qui parle de coma) est plus proche de la conviction même quand elle est loin de la vérité. Quand un régime est trop clandestin, son peuple devient fictif et la vérité est un avis.
7 juillet 2013
Kamel Daoud