C’est ce que j’ai tout de même décidé de faire, ce matin, afin de pouvoir tenir le coup et bien démarrer la journée. J’ai donc fait le plein de vitamines «C pagrav» pour ne pas être trop atteint par la sombre luminosité qui m’entoure.
J’ai donc pris le temps de flâner sur la toile tissée par le tramway et me suis surpris à sourire et même à rire ! Comme quoi, il ne faut pas grand-chose pour se vider la tête quand elle est pleine.
Dans la vie, il faut savoir faire des choix et avoir le sens des priorités, cela fait longtemps que j’ai bien conscience que j’ai besoin de sourire et rire même si le gris m’entoure. C’est de ce gris que je ris. Bekri, nous faisait rire celui qui, grisonnant, commençait à se teinter les cheveux refusant les traces de l’âge. Alors khouna, celui qui ne cesse de se bagarrer avec les premiers plis sur le front , obsédé par son apparence à peine s’il ne prenait pas un fer à repasser pour remettre la peau en ordre. Coûte que coûte, paraître jeune, figer l’âge, et demeurer le plus longtemps possible jeune est devenu une des obsessions du nouvel homme. Lifting ting, ting. Au point où l’industrie du cosmétique et de la parapharmacie commence à développer des fards masculins. C’est que le chibani refuse sa chibanité. Le regard qu’il porte sur son corps a évolué, autant avant il le dissimulait et l’effaçait, autant aujourd’hui il l’exhibe et le sacralise au point de l’intégrer dans sa vie comme une valeur essentielle. L’homme des temps modernes accepte mal et réfute l’idée de vieillir face à une société du paraître où la beauté et la jeunesse sont constamment mises en avant. Vieillir est synonyme d’expulsion à cause de cette pression du jeunisme. Un sexagénaire en pantalon serré taille basse, une chemise qui lui colle à la peau et des cheveux gominés, baskets dernier cri et démarche défiant toutes les articulations chibanisantes. Mais il est rappelé à l’ordre quand un jeunot vient lui céder le siège: «Asseyez-vous ammi el haj, moi je descends au prochain arrêt».
7 juillet 2013
El-Guellil