Mine de rien notre monde ne se divise qu’en deux grands groupes. Ceux qui sont tenus de consommer et ceux tenus de produire (entendre par produire, importer). Bien sûr, la première population agit aux dépens de la seconde, et ce depuis que le câble électrique ou téléphonique a supplanté le pigeon voyageur. Nous nous devons de symboliser une réussite sociale, quitte à devoir ravaler nos idéaux les plus élémentaires. Il est plus difficile de croire en la liberté quand une baïonnette vous fouille les omoplates. Et il sera presque aussi dur de croire à l’égalité des chances quand le banquier vous tiendra en joue avec ses taux d’intérêt exorbitants. C’est le jeu : on a remplacé le canon par le portefeuille et l’artillerie des prix semble plus efficace pour raser une ville qu’un bombardement.
Nous voilà déambulant sans but au cœur du temple de la consommation. Une errance sans but, une recherche du temps que l’on veut tuer et de la noyade oculaire dans l’opulence des rayonnages anonymes. Certes ça converse, ça , discute de tarifs, de marques de qualités et de superlatifs, mais tous font preuve de la même mollesse intellectuelle, de celle qui fait que l’on s’appesantit non sur la nécessité mais sur le superflu. Alors, depuis la conception de l’idée de besoin jusqu’au constat déprimant d’absence de ce dit besoin, cette jeunesse se trouve donc prisonnière de critères stupides et dénués de fondement. Navrant. Je n’ai pas encore rencontré des jeunes discutant d’un livre ou d’un film, sinon à travers la dernière « chedda d’une stare.
5 juillet 2013
El-Guellil