Dépendant du régime absolument, les Algériens en colère inventent: certains ont même élevé un mur pour couper une route, il y a deux ans. Poursuivre: on «coupe» aujourd’hui le bac aussi. il faut en parler encore et encore. Des parents d’élèves demandent aujourd’hui «un second tour» parce que leurs enfants ont été perturbés par des tricheurs, par le sujet jugé difficile, par l’histoire nationale de l’émeute continue. Les perturbateurs demandent un sujet plus facile. Ou pas de sujet du tout. Juste le bac. Ou même pas le bac, juste l’argent qui est au bout de longues études. Le salaire final. Ou même la totalité de leurs salaires possibles en Algérie. En un seul virement. Ou encore plus: la part du puits. Un quota de barils livré à la naissance, à la mairie d’enregistrement. A la maternité. Ou encore plus: le sac, pas le bac. Le pétrole en vrac. Le morceau d’Algérie qui revient à chacun mais que chacun va emporter sous son aisselle et le revendre, le donner, le brader, le cacher ou le barricader. Pourquoi un bac d’ailleurs? Il suffit d’un couteau. Il suffit de couper quelque chose pour obtenir quelque chose. La guerre de libération avait inventé un peuple à partir de quelques douars et de quelques quartiers. Le pétrole, l’ANSEJ, l’argent facile, le non remboursement des prêts et l’impunité et les fraudes électorales ont fait le contraire: à partir d’un peuple, on a fabriqué des coupeurs de routes. Pourquoi un bac d’ailleurs? Aucun président algérien n’en a un. Et l’actuelle APN est la pire association d’analphabètes qui ait jamais existé en Algérie indépendante.
Il faut donc juste prendre son argent ou celui du plus idiot et partir. Pourquoi une civilisation? Un pantalon? Se laver les mains ? D’ailleurs pourquoi s’habiller, se raser ou cuire la nourriture? Juste attraper l’animal le plus proche de la main et le manger cru. Juste violer la femelle. Mettre un pagne et avoir un javelot. Cette terrible histoire du bac, s’il elle n’est pas suivie de sanctions publiques et de réformes, sera suivie par le chaos. Il fallait le redire.
5 juillet 2013
Kamel Daoud