Et le ver solidaire, c’est quoi ? C’est presque pareil. C’est un ver parasite qui est accroché aux parois de la société. Il a ses anneaux lui aussi, une chaîne, qui constitue un corps solidaire. La machine administrative est tellement lourde, la bureaucratie est tellement forte que ces vers se multiplient.
On les trouve généralement dans des cafés spécialisés. Ils sont bien sapés. Toujours accrochés à leur téléphone. Ils en ont deux généralement. Ils ont des connaissances partout et peuvent tout te régler. Chaque anneau ayant sa spécialité, leur répertoire téléphonique est chargé et leur portefeuille connaissance est fourni. Ce ne sont jamais eux qui demandent de l’argent pour service rendu. C’est l’autre. Eux ils le font fi sabil Allah. Ils aiment bien rendre service. Mais c’est celui qui doit fournir le document ou la signature qui demande un petit quelque chose. «C’est normal, c’est comme cela que ça marche. M’sakine, leur salaire est ce qu’il est et la vie est ce qu’elle est. S’ils ne font pas comme ça, ils ne s’en sortiront jamais».
Mais c’est grâce à nous qu’ils vivent, car nous ne sommes pas seulement responsables de ce que nous faisons, mais également de ce que nous laissons faire. On s’est habitué à chercher une connaissance, pour un rien. Le moindre petit papier, on pense toujours au petit piston. «Chouf jar ta cousine. Il a un bon poste là-bas, même si ce n’est pas son service il pourra appeler une connaissance. Ça y est le ver solidaire est actionné».
5 juillet 2013
El-Guellil