Rationner. C’est ce qui se décide, mais cela ne sert à rien. Cela ne fera que raréfier le produit, immobiliser les gens et créer des tensions encore plus vives. Conclusion, on ne sait pas. Le pays est percé par les côtés et par le bas et le haut. Comme une sorte de ballon qui perd son eau par dix trous. Au Nord, la mer : elle perce le pays, son histoire. Par là, «fuitent» les harragas, les présidents malades, les ex-ministres, la matière grise. Question : avec ce qu’on lui suppose comme délit, Chakib Khellil est-il hallaba pro-USA ?
Puis le pays est percé par les côtés : vers le Maroc et vers la Tunisie. Vers le premier fuitent les huiles, les sucres, les médicaments et le cuivre. Vers le second, «fuitent» des devises fortes avec plus d’un million de touristes par an et des moutons par milliers. Vers la Libye et le Mali ? C’est phénomène d’osmose : y fuitent le bétails et y entrent armes et Djihadistes qui voulaient être les Hallabas de In Aménas. Vers le Sud-ouest ? Les subventions sur les produits de base. Le peuple sahraoui hébergé, est aussi une catégorie de Hallabas, en passant.
D’ailleurs, sous le soleil, entre poussières et idées, on se pose la question : qui n’est pas Hallaba dans ce pays à base d’hydrocarbures ? Qui ne vit pas de pomper les puits ? D’où peut-être ce décret des Hallabas : voler du pétrole n’est pas voler. C’est prendre et revendre. Certains apparatchiks du régime, proches du pétrole et de la Décision, ont deux passeports, deux nationalités, deux comptes en devises. Les hallabas ont deux réservoirs. Oui, sauf qu’il faut lutter contre les deux, puisque l’un n’excuse par l’autre. Sous le soleil dur, des idées grises. Dans le mot hallabas, il y a le verbe traire. Le pays est un pis. La terre est une vache. La nation est un bidon.
2 juillet 2013
Kamel Daoud