Ça chauffe, ça transpire, ça sue, ça crache, ça jette son mégot, ça balance le reste de son sandwich sur le trottoir et ça ne dérange personne. Ça vend à la criée, sa colle les affiches sur la façade d’un édifice public, ça urine dans le hall d’un immeuble et ça ne semble déranger personne. La cité appartient à tous, mais nul ne se sent concerné. Ça agresse en plein jour, ça rackette tous azimuts, ça saute aux yeux, mais tous se cachent derrière leurs lunettes.
Ça vent des morceaux de pizza sur un plateau qui n’a pas connu un rinçage depuis sa fabrication. Ça propose de la kalantita aux mouches pour la resservir aux badauds, juste en face du service d’hygiène qui préfère contrôler les établissements bien établis. Ça expose sa marchandise à même le sol, et do, ré, mi, la-fa-mi de la direction du commerce est la première à lui acheter ses articles. C’est à cause du pouvoir d’achat.
Nos enfants ont pris la place des ânes, ce sont eux qui tractent les charrettes pour les installer dans des souks improvisés. Il faut bien qu’ils travaillent, ces gosses. Faut bien qu’ils apprennent à voler de leurs propres ailes. C’est mieux que voler. Ça dure, c’est dur, c’est sûr que ça changera après les séances de concertations politiques avec la société civile.
Et pour finir avec une note positive, toute une population était heureuse, ce Cinq Juillet. C’était la population carcérale, elle a attendu la grâce, elle l’a eue elle est libre, le jour de l’indépendance.
2 juillet 2013
El-Guellil