Il semblent oublier que c’est leur égoïsme indescriptible qui a eu pour conséquence une jeunesse oubliée, livrée à elle-même, au visage hagard et au regard effaré. Ils semblent oublier que depuis des lustres tous avons participé à casser les outils aux sculpteurs de l’avenir, les jeunes. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus d’idéal ici, maintenant. L’émigration pour les plus chanceux.
Le silence trop lourd pour les plus forts. La drogue pour les plus abattus. Un tube de misère pour éteindre une autre misère. Une bouteille de désespoir pour en atténuer temporairement un autre. Une pincée de honte pour en avaler une autre. Ouine, mais où va-t-on comme ça ?
Il est facile de pointer des doigts accusateurs sur cette partie de la société et de dire, entre deux soupirs contrefaits, que de notre temps la jeunesse était tout autre. « Nous, on a trimé, on a bossé, on s’est fait. On respectait l’âge. Les jeunes d’aujourd’hui veulent tout avoir sans bouger les »
Il est aussi aisé de faire dans le sarcasme lorsqu’on a l’avantage des années et celui de la parole.
Notre jeunesse ne va pas bien. Qu’on se le dise ! Et il semblerait que sa mobilisation tend à devenir pratiquement impossible. Trop occupée qu’elle est à regarder sous les aisselles, non pour y sentir un quelconque déodorant, mais juste à la recherche d’une éventuelle pousse d’aile. Partir, partir, loin, vers n’importe quel loin. C’est dommage, vraiment dommage, d’avoir une pareille richesse d’efforts et de créativité et de la gâcher. D’avoir une telle jeunesse et la cacher à sa propre conscience. A moins que certains d’entre nous, n’aient réellement un problème de jeunesse sur la conscience.
2 juillet 2013
El-Guellil