LA CHRONIQUE EST UN GENRE LITTÉRAIRE AVEC SES SPÉCIFICITÉS QUI RAPPELLE POUR SA BRIÈVETÉ LE BILLET OU LE FAIT DIVERS DONT IL SE DÉMARQUE PAR LE STYLE SOUTENU.
Lorsqu’on les parcourt, même pour celui qui les a lues au fil des jours, les chroniques nues font penser à un autre genre, «Le Journal» tel qu’il a été élaboré par Aimé Césaire ou Edwar Glissant ou Mouloud Feraoun, avec cette différence que, dans «Le journal», il y a des références spatio-temporelles précises. Quelques écrivains d’antan ont préféré le roman épistolaire pour faire revivre l’actualité brûlante dans ses différentes péripéties. «L’amant imaginaire», écrit à la 1ère personne malgré sa polyphonie, en est un exemple. Le pourquoi de ces chroniques Normalement, c’est pour sensibiliser le public aux faits, évènements, agressions multiformes dont il est la cible potentielle dans un quotidien qu’il n’arrive pas à vivre intensément, tant tout est imprévisible. Anne Marie Lick, auteur de la préface de ce livre, dit que celui qui compose les chroniques s’assied dans un coin de rue pour scruter du regard toute la diversité des individus qui font la société : menteurs, tricheurs, lâches, flagorneurs, rapaces, goinfres. C’est tout ce monde qu’on voit défilant à longueur de journée qui fait fuir dans le désert le personnage Zarathoustra de Nietche ou le Misanthrope de Molière. Toutes les bêtises humaines sont rassemblées, ici, dans leur accomplissement répété à l’infini depuis la nuit des temps, dans un monde où les naïfs subissent les coups bas des malins, vicieux et intéressés, qui font la matière de ces chroniques écrites en s’appuyant sur les anecdotes plus ou moins extravagantes ou drôles de la vie quotidienne, parfois racontées avec humour pour susciter un intérêt auprès du lectorat. «Casse ta plume et casse toi», un titre doublement injonctif semblant s’adresser aux hommes et femmes de plume qui osent, à leur risque et péril, donner à leurs écrits un ton de polémique ou de contestation laissant supposer des intentions. Le texte suivant «Epilogue» confirme ce qui a été dit précédemment. Elaboré à la manière d’un code de bonne conduite pour une soumission aveugle, il a pour but de dire «attention ! pas de transgression, sous peine de réaction violente ou de punition». Les impératifs sont là, nets et clairs. Voici quelques exemples pris au hasard pour plus de conviction : «Rappelle-toi que, parfois, le silence est la meilleure des réponses. Lis plus et regarde moins la télé. Rappelle-toi les trois R: respect envers toi même, respect des autres, responsabilité de tes actions». Une diversité de thèmes créatrice de motivation Les qualités du style et le contenu enrichissent et ne peuvent que susciter un intérêt particulier auprès des lecteurs, mais à condition que ces derniers aient été suffisamment informés, sinon entraînés au décryptage des messages véhiculés par ce genre de texte. On connaît bien les motivations de passionnés de plus en plus nombreux de billets et de faits divers, mais beaucoup moins d’amateurs de chroniques qui reconnaissent les profits qu’on en tire. Certaines d’entre elles s’apparentent même aux fables, à la fois, par le titre et le contenu, mais tout est conçu par allusion à l’actualité. Imaginez les connotations de «Maître Corbeau au chant huant le loup, le lion et le mulet, la loi des cigognes» dont la lecture nous fait sortir des sentiers battus. «La contrée désolée», de Cherif Abdedaim, doit attirer un nombreux public en mal de sensations fortes, de textes courts, faciles à lire et enrichissants par la vie et le niveau de culture. C’est l’expérience de tout un peuple, véhiculée à l’intention de tous ceux qui ont besoin d‘apprendre ou de vivre des souvenirs heureux ou malheureux, qui reconstitue le vécu collectif. «La Falaqa» est un exemple de texte qui remet le lecteur à une époque déterminée de notre histoire, celle de nos parents et grands-parents. Le titre «falaqa» dénote d’une période, malheureusement révolue, parce qu’elle n’a donné que des braves, des grands de notre société qui ont fait l’histoire. L’école coranique a joué un rôle capital par le passé et fait un contraste frappant avec le monde dit, à tort, moderne, du moins en ce qui nous concerne, compte tenu du fait que nous n’avons pris que ce qu’il y a de plus mauvais dans ce monde. Nous sommes devenus des consommateurs indisciplinés d’images perverses de l’internet et des télévisions étrangères qui dépersonnalisent notre jeunesse. Nos jeunes ne respectent plus personne, pas même les maîtres d’école et les parents. Les épreuves du bac en sont des indicateurs de preuve et d’un pire qui se profile à l’horizon. Cherif Abdedaïm vous apporte sous une forme agréable 200 chroniques à lire avec délectation et vous n’en tirerez que de grands profits.
22 juin 2013
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