In amenas n’a pas livré tous ses secrets. De nombreuses vies ont été sauvées. La pression à la limité de l’acharnement est à observer. Pour quel motif? Avoir refusé sereinement de travailler sous tutelle. Loin des récentes péripéties vécues à In Amenas ; essayons de porter un regard intérieur sur la composante philosophique et managériale de cette institution.
UN ACTE DE SOUVERAINETE, OUI DE SOUVERAINETE
Si tous les pays du monde, de surcroît ceux prétendant porter tout haut l’étendard des droits de l’Homme et de la liberté, disposent de tels services, sans pour autant crier à une quelconque entrave aux libertés fondamentales, pourquoi tient-on à denier à l’Algérie l’exercice élémentaire par ses services d’un droit naturel de sauvegarde et de prévention contre toute tentative nuisible étrangère ? Ainsi tout service dédié à la sécurité nationale selon une définition universelle «s’investit dans l’exercice d’actions tendant à rechercher et à prévenir, sur le territoire de la République, les activités inspirées, engagées ou soutenues par des puissances nuisibles et de nature à menacer la sécurité du pays, et plus généralement, pour lutter contre ces activités». A ce titre, il s’exprime par un service de renseignement de sécurité disposant de pouvoirs de police judiciaire spécialisée. En plus de forces armées et d’intervention rapide le cas échéant. Le cas d’In Amenas en est un illustre exemple.
De nouvelles menaces de niveau stratégique apparaissent, telle la prolifération des armes nucléaires, bactériologiques, chimiques et balistiques, la grande criminalité organisée, le blanchiment d’argent, le financement des activités terroristes et leur soutien, la liaison connexe avec la drogue et les réseaux mafieux, l’immigration clandestine, les rapts, sont des créneaux potentiellement sérieux déjà pris en charge.
L’intérêt géopolitique, qui tend de plus en plus à gérer un monde par souci de domination, augmente au fur et à mesure que s’accroissent les convoitises stratégiques. Hier n’est pas aujourd’hui. La guerre pure et dure s’est raréfiée au profit d’une autre plus sournoise et fangeuse. Nonobstant quelques relents militaires encore en cours dans certaines régions, au nom d’une légitimité internationale trop controversée, la justification est loin d’être une conquête à un espace territorial. Les batailles des territoires étant révolues. D’autres cependant s’ouvrent au travers d’un droit universel étriqué dont le seul mobile demeure la faculté juridique d’intervention et d’ingérence. La présomption de l’égalité des Etats ou de leur inviolabilité n’est devenue en fait qu’une disposition malléable et flexible selon l’humeur du puissant et la densité de sa persuasion. L’Irak, l’Afghanistan, la Libye et bientôt la Syrie, le Yémen et l’Iran sont les discours musclés liminaires à tout un plan d’hégémonie planétaire.
L’Algérie, apparaissant aux yeux du monde de par son héroïque histoire comme un symbole de la lutte pour l’autodétermination des peuples et de la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, n’est pas indemne des tentatives de déstabilisation. Enfin cette affaire de prise d’otage vient confirmer l’exercice de la souveraineté entière de l’Algérie sur son territoire.
DES ACTIONS SALUTAIRES POUR SAUVER LA NATION
Le pays a adopté le multipartisme et la démocratie, après tant de péripéties sous un régime de parti unique. Mais assez vite, le changement démocratique s’est un peu disséminé et une cacophonie meurtrière a ravagé durant presque dix ans le fondement du corps social national. Les forces barbares, criminelles et antidémocratiques voulurent prendre par la force le pouvoir national. Ce qui n’allait pas sans faire occasionner des dégâts considérables tant sur le plan humain que matériel. L’armée, appelée à la rescousse, s’est vue, dans la morale constitutionnelle, obligée d’agir par des actions salutaires afin de sauver la nation d’un véritable désastre. Elle ne transcendait pas ses missions originelles dans le domaine politique, car depuis les événements d’octobre 1988, l’institution militaire s’est automatiquement et volontairement dessaisie de toute immixtion du genre dans la gestion des affaires du pays, se limitant à la noble prescription de protection du caractère républicain du pays et de la sauvegarde de la souveraineté nationale. Cette force militaire qui, au cours du siècle dernier, a mis à genoux la puissance coloniale et ses alliées outre-Atlantique avait pu spontanément et graduellement s’adapter à une situation à laquelle elle ne fut guère préparée non sans un bilan humain assez lourd.
Initialement armée populaire vouée à la libération, elle se transformera, avec doigté et dextérité vers la fin de la guerre de libération nationale, en une authentique armée de métier constituée de compétences, de corps d’élite et d’une solide expérience. De ce fait, et lorsque l’Etat s’est trouvé menacé dans ses fondements par les actes subversifs perpétrés par les groupes terroristes, l’ANP a été aux premières lignes de la lutte pour restaurer et maintenir la sécurité, la stabilité du pays et préserver la République et les institutions étatiques. Concomitamment, l’institution militaire a poursuivi dans un élan studieux la mise en œuvre du vaste programme de modernisation dans lequel elle s’est engagée pour répondre aux exigences de la défense nationale et être au diapason des armées modernes. Avant l’attaque des tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001, la notion de terrorisme n’avait pas la même définition. Les grandes puissances, l’opinion officielle internationale en faisaient un menu fretin, croyant à un brin local de révolte ou de soubresauts fiévreux d’ordre politique interne. L’Algérie ne cessait de déployer par preuve et conviction le caractère transnational de ce fléau, ses capacités de nuisance, sa connexion directe avec le trafic de drogue et les stupéfiants et son aptitude à frapper à tout moment et en tout lieu. Ainsi, lors d’une conférence d’une instance des Nations unies tenue à Vienne en Autriche, en 1995, l’Algérie, en son nom et au nom des Etats arabes et africains, a introduit un projet de résolution voulant mettre une liaison franche entre le terrorisme et le trafic des psychotropes. Mais elle s’est heurtée au veto américain et britannique. Depuis, le monde a changé. Fortement.
L’apparition des foyers de tensions de par le monde a contraint la réticence des puissances mondiales à plus de mesures et de compréhension. Ainsi l’Algérie commençait, par le biais de son armée, à exporter l’expérience acquise dans la lutte antiterroriste et l’ingénierie militaire et à contraindre à la réduction de ce potentiel criminel. L’affaire d’In Amenas a encore une fois authentifié la vérité algérienne.
UN GRAND PAYS, DE GRANDS DEFIS
L’Algérie est devenue, depuis l’indépendance du Sud Soudan, le 9 juillet 2011, le plus vaste pays d’Afrique de par la superficie. Il est le deuxième pays arabe le plus peuplé après l’Égypte et partage ses frontières avec sept pays voisins (Libye, Maroc, république sahraouie, Mauritanie, Mali, Niger et Tunisie). Cette immensité territoriale densifie davantage le rôle de l’armée algérienne à sécuriser l’ensemble du pays. C’est à juste titre, par-devant la réplique des menaces et l’implantation du terrorisme d’Al-Qaïda sur son aile Sud (le Sahel), qu’elle s’est mise dans la permanence d’une vigilance accrue. Objectif fondamental : la défense du pays contre toute atteinte à son intégrité territoriale. Ce qui allait accroître encore l’appréhension de cette menace, c’était assurément le conflit libyen. Les groupes de rebelles, dotés anarchiquement d’armes et de moyens de guerre, par la France, l’Italie et autres entités européennes, sont devenus pourvoyeurs de dangers. Le brouillard et l’anarchie qui sévit encore en ce pays constituent non seulement pour l’Algérie mais aussi pour les autres pays limitrophes, un risque permanent tant des armes de valeur destructrice circulent librement. L’Algérie, dans un passé récent, lors de la guerre des sables, eut à connaître un nuage menaçant. Sans la mobilisation de ses énergies alors naissantes, sans l’engagement inébranlable de son armée sur le qui-vive, le pays aurait connu quelques démêlés. La modernisation de l’armée projette une approche didactique de défense moins agressive, singularisée par une politique de défense et de sécurité du territoire. L’enjeu qui se greffe à cette approche reste confiné dans la manière de rallier le souci de la sécurisation interne, le besoin de s’affirmer en tant que force tranquille et le besoin d’ouverture vers un monde pluridisciplinaire, multipartisan et démocratique.
L’APPUI A LA DEMOCRATIE : UN PRINCIPE SACRO-SAINT
L’armée algérienne ne fait plus de politique. Ceci en effaroucherait plus d’un qu’il n’en étonnerait. Eh oui, ceci est devenu une réalité tangible. Depuis son retrait des instances exécutives du parti du Front de libération nationale et à la lumière des nouvelles dispositions constitutionnelles, elle s’est mise au service de la nation en gardant avec beaucoup d’ardeur les compétences attributives conventionnelles que sont les siennes : la protection du pays. Même l’amalgame, créé par justement l’exercice de l’acte politique par certains acteurs en mal d’égérie, n’a pu l’attirer vers les méandres d’une ingérence dans la trame politique nationale. Gardienne, elle surveille le développement de la démocratie et fait en sorte qu’elle s’épanouisse. De nombreuses élections ont eu lieu, aucun mot d’ordre ne fut lancé par ses dirigeants. La liberté d’expression élective est reconnue, sous le sceau de la confidentialité, à tout élément faisant partie de cette institution. Par définition, son effectif supérieur ou subalterne est déclaré légalement apolitique. En aucun cas, depuis l’instauration d’un climat politique ouvert aux charmes de la démocratie, l’institution militaire avec tous ses démembrements n’a eu à faire d’intrusion dans les trajectoires d’ordre politique qui transcendent le pays. Bien au contraire, l’on a vu celle-ci inciter, par un silence actif et de non-ingérence, les forces nationales politiques, à plus de débats et de cadres concertationnels.
UNE ENTITE RESPECTEE, SAVAMMENT GEREE
La défense totale et entière du pays reste une déclaration frontale, sans équivoque, soutenue par toutes les composantes militaires et paramilitaires d’une Algérie se voulant libre et souveraine. Composée des commandements des forces terrestres, navales et aériennes, ainsi que d’un état-major responsable de l’emploi et de la préparation des troupes au combat, l’institution s’organise selon un schéma général conforme aux normes des armées contemporaines. Le sommet de la hiérarchie militaire aboutit directement au chef de l’État, constitutionnellement chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale. La restructuration organique et la professionnalisation entamée ont fait de l’armée nationale populaire une entité respectée, savamment gérée. L’unité du commandement comme l’avait affirmé le premier ministre dans se conférence de presse du 21 janvier courant est un atout majeur bloquant toute mauvaise supputation.
Les conflits régionaux ont eu certes des effets pervers sur la quiétude régnant jusqu’à un temps récent au niveau de nos frontières. Cependant, depuis le prélude de la guerre de Libye en février 2011, conflit dans lequel l’Otan est le principal belligérant, le statut géostratégique de l’Algérie demeure situé dans une notion aléatoire, voire menacé. Le bombardement des dépôts d’armes et de munitions de l’armée libyenne par les forces aériennes et navales de l’Otan et leur pillage par les rebelles dont des membres de l’organisation terroriste AQMI ont entraîné un accroissement comminatoire et pesant des armes conventionnelles en Libye et au Sahel. C’est toute la hardiesse des services de sécurité générale, entre police et gendarmerie, qui est mise en épreuve. Plusieurs tentatives d’introduction frauduleuse de ces armes furent avortées. Les services spécialisés ont la tête partout. Le cas du site gazier en est le dernier.
«La colonne terroriste» repérée, suivie et anéantie dans le sud récemment et dont avait parlé le premier ministre en est une autre.
Ce sont ces services qui protègent, à leur corps défendant, et par la haute valeur expérimentale et pragmatique qui les anime, la sérénité du pays. Si avant cette mutation géopolitique régionale vécue par nos voisins, les frontières étaient quelque peu tranquilles, elles constituent, avec la survenance justement de ces derniers événements, l’objet d’un souci permanent. Les services y veillent comme on le fait pour le lait sur le feu. Un regard, une présence, une concentration en veille continue. L’Algérie se retrouve sans ambages, menacée de tous les flancs. Malgré ceci, l’ANP, forte de sa confiance, de l’élan de soutien du peuple ne croit pas aux miracles. Elle agit beaucoup et ne parle pas trop.
SOUS UN IL VIGILANT, RASSURANT
Ainsi nonobstant les désarticulateurs de la cohésion sociale et les détracteurs haineux, les services ont toujours cet œil vigilant, cette oreille attentive. La menace n’est pas exclusivement intérieure. A contrario de certaines voix dont la liaison est branchée sur l’onde nostalgérique, semblable à celle de leur maître, l’appétence pour une autre espèce d’intervention en Algérie est aussi mise en alerte. La probabilité, voire l’effectivité de «la main de l’étranger» est prise par ces contradicteurs sur un ton ironique et insouciant. Ils en font une sorte d’hilarité et de dérision. Cette vérité que seule la postérité, un jour, pourra en effeuiller les épisodes est le plus souvent caricaturée, par ceux-là mêmes qui ont intérêt à ce qu’elle se fasse, qu’elle agisse, qu’elle vienne décomposer l’union nationale et altérer l’histoire et ses épopées. La sécurité extérieure du territoire, tel un rempart infranchissable de par la foi et l’engagement de ses acteurs, aurait été l’une des meilleures au monde pour avoir à temps opportun su déjouer le complot et l’aversion guettant le pays. Digne héritière du fameux MALG, la sécurité générale du territoire obéit aux principes constitutionnels de défense du pays, en tant qu’organe réflexif, préventif et informatif ; voire de formation spéciale professionnelle de l’armée, tout en adoptant un agencement structurel qui avait conduit à une adaptation de la doctrine militaire sur la sûreté sectorielle. La menace ainsi n’est pas sans rapport de pouvoir peser sur les infrastructures sensibles dans des domaines tels que la circulation des personnes et des biens, l’énergie, l’industrie, la santé ou la communication.
La paix, son maintien, la cohésion sociale et la sacralisation de l’intégrité territoriale demeurent l’objectif principal d’où se tire toute la puissance managériale de nos différents services de sécurité. La sécurisation de la vie citoyenne passe inévitablement par la présence puissante de services aussi puissants et forts.
L’Etat de droit est là justement par tous ses organes à garantir et à stabiliser la situation sécuritaire qui prévaut, nonobstant quelques poches d’insécurité par-ci par-là. Le travail est long et pérenne. La sécurité comme enjeu et défi n’est-elle pas l’affaire de tous? Du monde et de ses structures internationales.
L’ASSAUT ; UN MESSAGE CLAIR ET IMPORTANT
En dehors de ce bilan professionnellement positif, il existe un message des plus importants. Avec l’Algérie on ne badine plus. La négociation n’a pas de droits de cité dans des situations où un honneur est mis en défi. Comme la concertation actionnelle ou ce qui s’apparente à un « bon à tirer» signé de l’extérieur ne peut se consentir tout aussi facilement. La souveraineté est entière et totale, dans vie comme dans le drame. L’assaut à une seule signature. Algérienne. Ok ? Le message est l’on ne peut plus clair ; que quiconque qui aura dorénavant à prendre des otages sur le sol algérien, à l’extrême dénouement ; périra avec. Ainsi après des tergiversations et des comportements douteux ou parfois peureux de certaines capitales, considérant la valeur de la vie humaine comme sacrée, mais ne reculant pas devant le profit ; l’assaut des forces spéciales algériennes eut, après coup à leur donner résolution et détermination. Accueilli à son début avec «précaution» et «inquiétude» voire «inopportun» il s’est finalement avéré «être la réponse la mieux adaptée» et «un acte de courage». C’est eux qui le disent maintenant.
24 janvier 2013
El Yazid Dib