Ça mange dans des poubelles. Ça dort dans les rues. Ça meurt de maladie d’un autre siècle. Des enfants gèlent de froid. Ici, chez nous et partout dans le monde. Et voilà que depuis des mois les verbologues de différents médias tressent
des nattes d’une certaine fin du monde prévue par un certain calendrier maya. Mais bien entendu l’Algérien sait que c’est de la rigolade cette histoire, même que ça le fait rire. ( Les rigolades ne font pas rire généralement). Car il sait que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour obtenir l’emballage final pour cette fin de monde. Il faut encore un peu plus réchauffer l’atmosphère, il faut d’autres guerres, d’autres drames, d’autres atteintes à la dignité des peuples. Il faut surtout que les profits s’accroissent encore et encore, au détriment du plus grand nombre. Il faut que plus d’enfants meurent de faim, que des peuples entiers n’aient plus du tout accès à l’eau, qu’on organise des assises sur la famine, des assises pour s’asseoir sur les vrais problèmes, afin de maintenir l’illusion du tout va bien.
Nous refusons de regarder la vérité en face. Notre système tue la planète, détruit les peuples, ruine le lien social, ignore l’avenir. Pourtant, c’est toujours vers des apocalypses autres que nous regardons, en refusant sans doute de prendre en compte nos responsabilités et notre folie destructrice.
L’essentiel est ailleurs. Yal khaoua. Notre planète brûle, les générations futures ne sont pas certaines de continuer la grande chaîne de la vie humaine. Pourtant, il faut que le spectacle continue, que les économies tournent encore, qu’elles proposent des moyens nouveaux d’accélérer la catastrophe finale. Le superflu est préférable au nécessaire qui passe bien avant l’indispensable. On s’invente des apocalypses qui ne se produisent jamais, mais on évite de regarder celles que nous engendrons. La faim du monde. Allah ijib el khir.
24 décembre 2012
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