De notre côté ? Le but de Bouteflika est atteint : il est acclamé par les foules, accompagné par la France, souriant sous les caméras. De leurs mauvaises loges, Moubarak, Kadhafi, Bachar ou Benali et Ali Saleh doivent lui envier cette troisième jeunesse et cette chance inouïe.
Pour ceux qui ont accompagné les deux Présidents durant ces deux jours, on aura retenu cette insistante de François Hollande à citer le nom de son Bouteflika chaque deux mètres. Bouteflika sort de cette visite encore plus vivant que ses morts cycliques, plus présent, plus confiant dans son destin et plus intéressé par l’avenir. Et après l’effet trompeur des analyses sur les relations entre les deux pays, les économies, investissements et autres, certains ont même commencé à ressentir ce soupçon fin et insistant sur l’essentiel : il y avait comme un air de pré-campagne pour le nôtre. Le bonhomme est plébiscité par la fanfare, la France et la foule. Il ne reste donc plus entre lui et le 4e mandat que quelques centimètres et des formalités. François Hollande avait même l’air d’un colistier doux et fraternel dans ce jeu de couple. Dans les foules dites « spontanées », le cri n’était pas celui de « vive Hollande », mais « vive El Aziz », nom intime et de Royauté de Bouteflika dans le territoire du Tlemcénois. Hollande est donc venu pour renouer un meilleur lien avec l’Algérie, aplanir la mémoire et parler d’avenir, il vient de nous sceller presque un quatrième mandat, peut-être même malgré lui.
22 décembre 2012
Kamel Daoud