En Tunisie ? Là, un général Khaled Nezzar renverse (du moins selon le mythe) Chadli (Benali) après une sorte de 05 Octobre réussi et pas avorté. Chadli s’enfuit en France chez Mitterrand qui l’aimait bien. La bien connue zaouïa de Mostaganem est démantelée. Arrive Abassi qui gagne les élections mais laisse Aït Ahmed devenir Président d’honneur de la coalition. Cela ne va pas loin. Des crises éclatent entre les partenaires Saint Egedio. Octobre 88 devient une année entière, puis deux et même trois. Abassi/Ghannouchi mènent le pays vers sa ruine. Aït Ahmed se sent coincé et utilisé. L’UGTA aussi. La formule est un naufrage.
Au Yémen, C’est loin mais on peut y jouer : Chadli est brûlé mais est vivant. Il ne quitte pas le pays et y revient. Les militaires sont divisés entre vieille garde et nouveaux promus. Des centaines de morts et les islamistes qui basculent vers les GIA et Al-Qaïda. C’est Gao et Mali, mais vers Ghardaïa. Avec le pétrole en plus.
La Syrie ? Le régime tue. La répression du 05 Octobre 88 et les tortures durent deux ans et demi. Le régime ne tombe pas mais c’est le pays qui tombe à sa place et se fracasse et devient des ruines. Benhadj prend de l’ascendant sur Abassi qui prend de l’ascendant sur le FFS. Divisée, l’opposition avance peu puis se fait OTANiser. Le régime bascule dans la guerre de survie.
Reste la Libye : là, Chadli est lynché. Ou Khaled Nezzar. Ou les autres et leurs fils. La France revient par les airs. Le pays est divisé en milices et en puits. Après avoir été divisé en wilayas pour les fils par le Père Kadhafi.
Le monde selon nous donc. Selon notre histoire. Nous restons de grands lecteurs de l’avenir par notre passé. Chez nous et chez les autres. Avec du vrai et du faux. Nous avons l’immense expérience des revenants. Mais qui ne peuvent plus rien soulever avec leurs mains d’airs.
19 décembre 2012
Kamel Daoud