Dimanche, 25 Novembre 2012 09:50
…PORTRAIT…
Comme toutes les femmes passionnées, elle n’a pas de marche arrière. Elle aime en bloc et elle déteste en bloc ; pas de juste milieu. La tiédeur, elle la laisse aux hommes qui aiment les siestes. Elle ne dort que d’un œil. Et si elle va nager, elle prend avec elle ses habits. Pas de confiance. La vigilance comme valeur première. Et l’affrontement jusqu’au bout. En s’attaquant au secrétaire général du RND, Nouria Hafsi n’a pas attendu qu’il ne soit plus premier ministre. Elle l’a attaqué au sommet de sa puissance pour lui montrer que la “force n’est rien et que la justice est tout”, dixit la pasionaria. Quelles que soient les raisons de ce divorce entre un membre fondateur du RND et son patron réputé insubmersible, il n’empêche qu’on ne peut manquer d’éprouver une sorte de stupeur : est-elle inconsciente cette femme qui monte à l’assaut d’un des hommes les plus puissants du pays ? Du tout. Elle n’est ni folle ni légère. La musique, elle connaît. Elle la joue très bien d’ailleurs. Preuve, elle est la première femme élue au sénat et, excusez du peu, secrétaire générale de l’UNFA. C’est dire. Le combat, elle adore, c’est comme ça. Certaines aiment les parfums, d’autres les habits de marque, d’autres les honneurs et d’autres encore le mariage et les corvées du ménage, elle c’est la lutte, elle c’est l’attaque en permanence, sans répit et sans fatigue. Voyez. Le RND ne l’avait pas choisie comme tête de liste en 2002 dans sa bonne ville de Saïda ? Que va-t-elle faire ? Pleurer toutes les larmes de son corps ? Elle se conduit, dans une ville conservatrice, en homme, je veux dire en femme qui n’a pas peur d’affronter les jugements et le poids des traditions. Alors ni une, ni deux, elle ferme le bureau du RND ! Quoi ? Elle a osé ? Oui, je répète elle a fermé le bureau du RND au nez et à la barbe des militants de Saïda. Non content de ce haut fait, elle fait un meeting, avec force banderoles et toute la presse à ses côtés, en dénonçant le mépris et le machisme des caciques. Elle devient une célébrité dans sa ville. Elle fait même concurrence à la figure tutélaire de Medeghri. Pour les Saïdis, prompts à s’enflammer comme tous ceux que le pétrole arrose moins que le nord, elle devient le symbole de la résistance de la province à la capitale. Pour elle, la femme n’est pas une garniture : “Dix-sept femmes de ménage ont été élues à l’APN pour dévaloriser encore plus la femme et à porter un coup fatal à ses combats.” Elle parle des hommes sans haine ni rancœur.
Elle leur sait plus de faiblesses que les femmes. Oui, le sexe fort est faible par ses passions et ses débordements. Et le sexe faible est fort par sa maîtrise et sa détermination. Qui des deux est le plus fort ? Nouria sourit comme un chat qui voit une belle et grosse couleuvre devant lui. La femme, comme le chat, n’avale pas les couleuvres…
H. G.
hagrine@gmail.com
7 décembre 2012
Hamid Grine