Si nous nous n’obtenons pas ces leaders, la situation de notre pays va se détériorer. Peut-être pas dans la guerre mais dans quelque chose non moins important, à savoir la capacité de pousser la société et les intérêts des citoyens de l’avant. » Dr. William A. Cohen Major General, US. Air Force Reserve
Le monde a connu des changements profonds en ce début du siècle. La concurrence est devenue plus globale, plus vive. La technologie galope. Les entreprises ne peuvent plus ignorer les besoins et les souhaits de leurs clients. Les dirigeants ne peuvent plus lancer des ordres et s’attendre à ce qu’ils soient obéis sans arrière pensés. Pour survivre dans les années avenir les organisations qui réussiront dans les affaires, les administrations, les associations devront subir un profond changement culturel. Leurs membres devront penser plus vite, travailler plus intelligemment, rêver plus grands et interagir de façon très différente. Et voici, dans tout cela, le plus important, ce changement culturel exige une race nouvelle de leaders, car l’entreprise ou n’importe quelle autre organisation ne peut plus être dirigée « au fouet » depuis un fauteuil.
Pour réussir dans le contexte économique changeant du 21eme siècle, les leaders doivent revoir leurs habitudes et développer de nouvelles attitudes et compétences.
LEADERSHIP LE MAILLON MANQUANT
L’économie algérienne, après cinq décennies de management centralisé, reste très dépendante des ressources, pétrolières en particulier. Malgré la disponibilité de l’énergie à un prix réduit, la vaste superficie du territoire, des ressources en eau relativement bonnes, la proximité de marchés importants, un marché national en plein développement, et une population habituée à travailler fort pour survivre, le développement de l’économie hors hydrocarbure reste en-deçà des espérances.
On peut attribuer cela à plusieurs facteurs :
- Le management actuel de l’économie
- La chute des valeurs des dirigeants
- Le faible niveau d’éducation des élites et la population en général
Dans tous les cas, quelle que soit la raison, la renaissance de l’économie et en général du pays ne peut venir que des actions des individus et plus particulièrement d’un nouveau leadership algérien prêt à faire face aux exigences du monde contemporain.
LES STYLES DE LEADERSHIP
Le leadership est un terme emprunté à l’Anglais, définit la capacité d’un individu à mener ou conduire d’autres individus ou organisation dans le but d’atteindre certains objectifs. Alors un leader est quelqu’un qui est capable de guider, influencer et d’inspirer.
D’après Kurt Lewin, trois principaux styles de leadership peuvent être dégagés :
- Le style démocratique dans lequel la participation de l’ensemble des membres du groupe est encouragée. Le leader joue le rôle de catalyseur. Il fédère toutes les intelligences et les met au service des objectifs à atteindre. Ce style apparait aujourd’hui comme le plus valorisé, puisque c’est à travers lui que les potentiels trouvent un cadre d’érection et expression.
- Le style autocratique privilégie l’expression du leader plutôt que celui du groupe. Le leader dicte la conduite à tenir, il prend et assume toutes les décisions. Toutes les formes de conflits restent latentes puisqu’elles sont inhibées par le pouvoir répressif du leader.
- Le style laisser faire se caractérise de la passivité du leader. Il laisse toutes les intelligences s’exprimer et joue uniquement le rôle d’informateur.
Quelles aptitudes pour les leaders ?
Les leaders qui ont réussi à travers le monde ont en commun des aptitudes reconnues qui sont :
- Des qualités de visionnaire : un leader donne une direction est un objectif au membre de son équipe. Il est apte de produire des orientations innovantes qui ont du sens pour les individus. Il doit offrir aux gens une perspective du futur, réaliste, attrayante et crédible.
- Des qualités de communicateur : une vision aussi innovante soit-elle, ne peut séduire que si elle est efficacement transmise. La communication du leader doit traduire la cohérence entre l’homme et ses idées, et surtout susciter l’enthousiasme.
- Des aptitudes d’écoute, de remise en question et d’ouverture : un gestionnaire replié sur lui-même est incapable de se remette en question. Il est alors, plus un chef qu’un leader. L’ouverture aux autres dénote une capacité à pouvoir prendre en compte les préoccupations de tout le monde pour les mettre au service du groupe.
- De la nécessité de partager le pouvoir : la distribution du pouvoir est un puissant facteur d’épanouissement des membres du groupe. Le leader qui délègue son pouvoir implique par la même occasion ses collaborateurs. Un travailleur qui a des responsabilités prend plus son travail au sérieux et se sent plus intégré au collectif.
L’environnement encourage t’il les leaders à en devenir ?
Un nombre encore trop important de jeunes diplômés arrivent sur le marché du travail en confondant prise de responsabilité et protection de territoire, leadership et statut de cadre, intelligence de questionnement et critique désabusée. La plus part n’ont ni expérience, ni méthodologie ni état d’esprit réel de travail d’équipe. Ils sont en général intellectuellement acceptable mais peu apte à communiquer, à convaincre, à entrainer vers un but commun, à ouvrir des voies nouvelles. Cet état, est la conclusion d’un système de formation défaillant.
D’autre part, le mouvement associatif en Algérie n’est pas favorable et encourageant pour former des leaders sociaux qui sont capable de créer une dynamique sociale pour tout changement est développement positif de la société.
La tâche de former des leaders se fait au niveau des organisations de bases de la société qui sont les associations. Malheureusement l’évolution des textes juridiques qui encadrent les associations qui sont les pépinières des futurs leaders ne permettent pas l’épanouissement de toutes sortes d’initiatives et de projets de constitution de nouvelles associations.
Une comparaison dans ce cadre, nous montre le déficit enregistré dans ce domaine. En Algérie, il y’a plus de 1000 associations nationales et 88000 associations locales qui ont été recensés jusqu’au 25 aout 2011 a indiqué le ministre de l’intérieur et des collectivités locales. En France, d’après une étude du centre d’économie de la Sorbonne auprès des associations réalisé en 2005-2006, la France comptait :
- 1 ,1 million d’associations
- 15 millions de bénévoles
- 1,9 million de salariés (à temps plein ou à temps partiel)
Actuellement, ce sont plus de 70000 associations qui se créent chaque année.
Il est important de signaler que, l’augmentation de la densité de la toile des associations est proportionnelle au renforcement de l’immunité contre la colonisabilité( concept de Malek Bennabi) qui est l’ensemble des facteurs et des conditions qui maintiennent le musulman dans son état de faiblesse chronique, de décadence, de post-almohadien. A ce titre, les élites algériennes sous la colonisation ont compris l’importance de la formation des leaders et où on peut les former. A cet effet, après la promulgation de la fameuse loi de 1901 sur les associations, les élites algériennes de l’époque, aussi bien arabophones que francophones, avaient participé à la mise en place d’un réseau d’associations culturelles, sportifs, éducatifs, religieuses. De la majorité de ces associations ont sorti les leaders qui ont conduit le peuple algérien vers un idéal de liberté avec une confiance en soi. Car il avait en 1954, au sein du peuple algérien le nombre nécessaires de leaders pour faire la révolution.
Le chahid Larbi Ben M’hidi le savait quand il prononçait sa célèbre phrase : « Jeter la révolution dans la rue le peuple la prendra en charge ».
En conclusion
Il y’a un besoin urgent en Algérie d’un nouveau type de leadership possédant le courage et les compétences nécessaires pour construire et réinventer une nouvelle Algérie en ces temps de changement complexe, dynamique, imprévisible et dans tous les domaines socio-économique, politiques et technologiques.
Des programmes de développement des capacités de ce nouveau leadership sont nécessaires et doivent être initié le plutôt possible on mettant en place des mesures concrètes et réalisables, et notamment :
- Promouvoir le leadership des jeunes au niveau local et national par leurs contributions aux réunions de leurs communautés et autorités locales et nationales et cela dès leur jeune âge à l’école, lycée et université. Exemple participation au conseil de classe, aux réunions des assemblés populaires communales etc.
- Créer des Masters pour le développement du leadership au niveau des universités et instituts de management ayant pour objectif de contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants.
- Organisation des séminaires et journées d’étude par les chambres de commerce et d’industrie pour les entreprises afin de les sensibiliser sur l’importance du leadership dans le management.
- Promouvoir le leadership au sein des associations par le biais de la formation. Du fait, que la plupart des projets couronnés de succès par les associations étaient menés par des personnalités dynamiques, créatives, et affichant un potentiel de leadership.
- Alléger les procédures de constitution d’association prévues par l’article 12 de la loi n°12-06 du 12/01/2012 relative aux associations. Car les documents accompagnant la déclaration de l’association sont décourageants. Du fait, des facteurs de temps et argent (casiers judiciaires, timbres, honoraires du huissier).
- Mettre en place des stratégies pratiques pour changer et améliorer les valeurs culturelles qui permettent l’émergence des leaders dans la société. A titre d’exemple, le mot leader en arabe «Caïd» représente dans l’inconscient collectif du peuple algérien l’adjoint-indigène fonctionnaire exerçant ses fonctions à la tête d’un douar, essentiellement une fonction de police, renseignement de l’autorité municipale, aide au recouvrement d’impôt au service du colonisateur Français.
Alors, il faut réhabiliter le mot leader et plus particulièrement « Caïd » en arabe. Par exemple, on réalisant des films, des documentaires, des émissions, des livres, cela peut jouer un rôle dans la transformation des valeurs culturelles de la société.
* Ingénieur d’état en Chimie Formateur: Training of trainers-TOT- Diplômé du Canada Global Centre
Références
- WILLIAM A. COHEN. THE NEW ART OF THE LEADER, ed, JARIR BOOKSTORE, 2003
- Stephen R. Covey. L’étoffe des leaders, ed, FIRST, 2006
- Dale Carnegie et Associés. Comment trouver le leader en vous, ed, HACHETTE, 1995
- Miren LARTIGUE. Créer et gérer une association, ed, VOCATIS, 2010
- Mahfoud SMATI. Les élites algériennes sous la colonisation, ed, DAHLEB, 2009
- Taieb HAFSI.ISSAD REBRAB, voir grand, commencer petit et aller vite, ed CASBAH, 2012
- Omar BENAISSA. MALEK BENNABI ET L’AVENIR DE LA SOCIETE ISLAMIQUE, ed, EL DAR EL OTHMANIA, 2010
- Colloque international sur la culture et gestion, novembre 1992
- Revue sociologies. Influence sociale et leadership dans la direction des personnes. Par HENRI TEDONGMO ET YVES BAPES BA BAPES
8 décembre 2012 à 17 05 47 124712
Un article qui fait réfléchir, j’espère voir un débat national sur ce sujet.
11 janvier 2013 à 21 09 14 01141
Nous bloquons en Algérie toute tentative d’apparition de leader.
Comportement hérité de la période coloniale.
Il faut réfléchir dans ce sens.