Plusieurs pistes: à cause de la filiation historique. L’une est née de l’autre. Ou vice versa. Ou à cause de consignes routinières pas encore renouvelées: Dahou Ould Kablia appelle à la neutralité mais la définition du mot neutralité n’a pas été mise à jour dans des casernes depuis les années 62. Ou à cause du sens de l’intérêt particulier: le FLN on connaît, les autres on ne connaît pas.
Selon d’autres, il s’agirait même d’un complot ourdi: on sabote des élections propres par des contre-ordres discrets donnés par des parties adverses. L’armée serait ainsi un corps traversé par des courants redresseurs et d’ordres conservateurs.
Dans tous les cas, le dilemme est entier: l’armée a le droit de voter mais on ne sait pas comment ni pour qui. Est-ce que c’est l’armée qui vote ou le soldat de l’armée selon son libre choix? Comment ? Et surtout pour qui ? L’autre énigme est dans l’évidence: l’armée vote un président, un avion, un haut comité d’Etat, pas un maire de village. C’est vraiment voir petit quand on peut choisir grand. D’où la théorie du complot. Ou la théorie du contre-ordre. Ou la théorie du «plan pour verrouiller le jeu de bas en haut». Ou la théorie de la théorie. Ou seulement le sens de l’ordre qui signifie le pouvoir et qui peut avoir pour prête-nom le FLN. Ou seulement la théorie de l’abus d’obéissance, explication plus plausible que l’abus de Pouvoir. Le problème est que l’armée a tellement fait le politique en Algérie que même quand elle ne fait que voter, on ne peut plus la croire. La raison, un proverbe: qui choisit un président, choisit un maire.
Reste que la question de la Fraude est ouverte à tous: sur Youtube, un homme averti a filmé une fraude technico-comique dans la wilaya de Tébessa. A voir, pour ceux qui veulent rire.
1 décembre 2012
Kamel Daoud