Paru la première fois en 1996 aux éditions Marsa, ce roman de Maïssa Bey connaît une seconde jeunesse à travers les éditions Barzakh qui ont eu la bonne idée de le publier à nouveau.
Alger. Années 1990. Décennie noire. Le terrorisme fait rage.
L’Algérie n’en finit pas d’enterrer ses morts. Nadia, 18 ans, étudiante à l’université de droit de Ben Aknoun, vit avec sa mère, ses deux frères et sa petite sœur. Son père a trouvé la mort il y a quelques années. Intégriste jusqu’au bout des ongles, son frère Djamel s’érige en gardien de la morale. Il n’a qu’un seul projet pour sa sœur : la voir claquemurée à la maison et l’obliger à porter le voile. Mais Nadia veut être une femme libre et profiter de sa jeunesse comme toutes les filles de son âge. C’est dans la lecture qu’elle puise la force pour affronter cet univers d’intolérance et d’incompréhension. «Les seules vraies histoires, les seules belles histoires sont celles qu’on lit… Les livres que, toute petite déjà, elle dévorait à s’en user les yeux. Les livres que lui arrachait sa mère le soir avant de l’envoyer dormir. Dangereuses fréquentations… Elle pleure enfin, sans vraiment savoir pourquoi, peut-être simplement parce qu’elle se sent délivrée de n’être plus seule.» (P.50 et 51). Puis comme un rayon de soleil, l’amour débarque dans sa vie. Lors de vacances en bord de mer, elle rencontre Karim. Au premier regard, ils sont attirés l’un vers l’autre. Leur histoire commence comme si elle devait durer éternellement. Pourtant, le séducteur finit par l’abandonner par lâcheté, sous la pression d’une mère qui juge que cette fille n’est pas de la haute société. La jeune étudiante se retrouve dans de beaux draps. Elle a le cœur en mille morceaux et un petit habitant pousse dans son ventre. Nadia transgresse tous les codes, sociaux et familiaux. A la fois forte et fragile, elle fait face à son destin. «Elle a fauté. Elle a commis l’irréparable. Transgresser le commandement absolu : tu ne disposeras pas de ton corps. Comme ils sont laids ces mots ! Comme ils sont lourds… Elle ne sera jamais cette mariée au front virginal, molle idole d’un jour, docile et silencieuse, que l’on mène au mâle le soir des noces, sous les youyous fébriles de femmes excitées…» (P. 86 et 87). Nadia symbolise cette Algérie meurtrie et trahie par tous ceux qui l’aiment. Un roman captivant à lire absolument !
Sabrinal
Au commencement était la mer, Maïssa Bey, éditions Barzakh, 2012, 500 DA ,152 p.
AU COMMENCEMENT ETAIT LA MER DE MAÏSSA BEY Ivre de liberté
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1 décembre 2012
MAÏSSA BEY