Dimanche, 25 Novembre 2012 09:50
NOIR ET BLANC
Avant on ne se cassait pas la tête, on disait qu’on allait acheter le journal. On ne précisait même pas lequel puisqu’il n’y en avait qu’un seul, El-Moudjahid.
Aujourd’hui, on a toutes les peines du monde à nous frayer un chemin dans le taillis des kiosques entre les quotidiens, les mensuels et les revues les plus invraisemblables.
Pratiquement, il naît un titre tous les six mois. Certains marchent, d’autres pas encore et se cherchent, mais tous fondent de grands espoirs sur la manne publicitaire pour se renflouer. Et c’est l’erreur que la plupart d’entre eux commettent, car c’est la loi du marché qui décidera à terme de leur maintien, de leur survie ou de leur disparition des présentoirs. Le secteur public, comme chacun sait, n’étant pas soumis aux mêmes règles commerciales et aux mêmes contraintes. Et cela est aussi vrai pour le plus lourd des médias, la télévision.
Vous pouvez éteindre votre poste toute la nuit ou zapper ailleurs, cela ne changera en rien à la qualité de ses programmes.
Notre chaîne, à laquelle je me garderais de jeter la première pierre, n’est pas la seule. Toutes celles qui fonctionnent dans le monde arabe obéissent à des grilles complètement déconnectées de la réalité et des préoccupations des citoyens. Il est arrivé à l’ENTV par exemple de diffuser à 7h… des conseils aux fellahs pour combattre le phyloxéra. Vous connaissez beaucoup de paysans qui écoutent ce genre de discours avant d’aller aux champs ?
Medi 1 TV ne fait pas mieux. à 21h, au moment où toutes les télévisions du monde projettent un film, elle accapare systématiquement l’écran pour 50 minutes de cuisine.
Bienvenue Lalla parmi les casseroles du royaume… Et vas-y “daba” que je te dore cette tranche et vas y “ouakha” que je te sucre cette aile… Si vous voulez échapper aux fourneaux chérifiens, branchez-vous sur un autre bouquet et surfez alors entre la Libye, l’Egypte et le Yémen, c’est la même mouloukhia insipide partout…
Si vous ne tombez pas sur une diva qui se trémousse au milieu de la scène, vous tomberez forcément sur de douktour ès-machin qui vous expliqueront avec force arguments pourquoi un verre à moitié plein est égal à un verre à moitié vide, surtout si le vide de l’un et le vide de l’autre correspondent en tous points… Quelle misère mes aïeux…
M. M.
30 novembre 2012
M. MOHAMMEDI