Néanmoins deux bonnes nouvelles offrent une lueur d’espoir. La première est d’ordre mondial, c’est la réélection du Président Obama. Elle a été suffisamment commentée pour que je n’en rajoute pas ici. Il faut seulement souligner que s’il y a un domaine où l’on passe du noir au blanc, et où l’on évite le désastre, c’est bien celui de la coopération internationale. Le risque était grand de voir les Etats Unis se crisper dans un nationalisme isolationniste, voire xénophobe. Le retour d’Obama rouvre une perspective de beaucoup de disponibilité à une coopération fondée sur l’écoute et la négociation où les Etats Unis cesseraient de nier l’intérêt général du monde comme ils le font sur le climat, pour en tenir bien davantage compte.
La deuxième bonne nouvelle a un champ plus restreint, mais elle est importante aussi. Elle concerne la France. Le pays affecté comme tous les autres pays développés par la crise mondiale aussi bien dans ses aspects économiques (chômage, précarité du travail, arrêt de la croissance) que financiers (dette excessive, risque de krach sur les marchés financiers) accuse en outre un tassement soudain brutal et dangereux de son appareil productif : détérioration forte du commerce extérieur, augmentation du nombre des faillites d’entreprises.
Or depuis six mois de nouvelles autorités sont en place, Président, Gouvernement et Parlement. Depuis leur élection, Président et Gouvernement restaient trop discrets. Leurs premières décisions économiques se sont bornées à limiter et réduire de très graves injustices fiscales laissées par leurs prédécesseurs. On est allé jusqu’à se demander s’ils avaient conscience de cet affaissement récent et de la crise grave qu’il pouvait annoncer. Or voici quelques jours, a été mis en œuvre un pacte de compétitivité rigoureux et courageux. Globalement les entreprises seront soulagées d’une masse énorme de charges (20 milliards d’euros) qui sont transférés sur les impôts indirect et donc sur les ménages. C’est douloureux, mais c’était inéluctable. C’est courageux. Prise de conscience, audace et ampleur des décisions, le monde économique français s’est senti soulagé, et de ce fait est prêt à repartir dans la lutte contre la crise d’un pas plus assuré. Cela n’intéresse pas que la France, mais l’Europe entière et par là le monde.
Mais le monde en question reste ce qu’il est. Un échec grave vient de se produire à propos de l’Antarctique. Cet immense continent glacé et sans habitants est la seule partie des terres émergées qui soit gérée en direct par la Communauté internationale. Cela se fait dans le cadre d’un système juridique unique :
Un traité de 1959 qui la démilitarise et y interdit la mise en place de frontières.
Et dans ce cadre, trois protocoles dits ensemble « système du traité», le 1er protocole traite de la protection des phoques (1972), le 2ème de la protection de la faune et de la flore marines (1980) et le 3ème, de 1990, déclare l’Antarctique terre de science et réserve naturelle, et y interdit toute activité minéralogique, solide liquide ou gazeuse.
Une réunion annuelle d’une semaine assure le suivi, le respect et la gestion du traité lui même, une autre est en charge d u 2ème protocole et la dernière du 3ème protocole.
La réunion annuelle en charge du 2ème protocole (protection de la faune et de la flore marine) porte le nom de «Conférence pour la conservation des ressources vivantes de l’Antarctique » acronyme en anglais CCAMLR.
Depuis quelques années on y étudiait l’idée de créer quelques aires marines protégées autour du continent pour limiter le risque de raréfaction ou de disparition de bien des espèces, poissons ou aussi cétacés. Le principe en fut même adopté à la CCAMLR de 2011.
Celle de 2012 vient de se terminer, elle s’est tenue début novembre à Hobart en Australie.
Trois projets d’aires marines protégées, différents mais cumulables et non contradictoires y furent présentés, l’un par les Etats Unis, un autre par la Nouvelle Zélande et le 3ème conjointement par la France et l’Australie.
Rien ne fut possible, aucune décision n’a pu être prise. La Russie et l’Ukraine véhémentement, la Chine à un moindre degré se sont opposées à toute organisation régionale de pêche.
Si ce n’est pas corrigé l’an prochain c’est dramatique. On sait les ressources halieutiques du monde en forte régression. La protection devrait être large et puissante, elle ne peut être mise en œuvre que par la coopération internationale.
Cet échec a la même signification que celui des conférences sur le climat.
La folie des hommes destructrice de la nature, est garantie par quelques nations cyniques faute desquelles le combat vital est impossible.
L’émergence d’une conscience mondiale est nécessaire, en même temps que le ralliement de nombreux états à l’acceptation d’un droit international contraignant.
* Ancien Premier ministre français et ancien dirigeant du Parti socialiste
29 novembre 2012
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