De blanc immaculé, les couloirs de Saint-Louis sont tous enduits. Les pavillons portent de jolis noms de fleurs comme pour rappeler qu’au-delà de la maladie et de la souffrance peut naître l’espoir de guérison. Et l’espérance d’une vie encore à vivre. Mais les lieux se ressemblent tant surtout lorsqu’ils portent les mêmes nobles ambitions. Soigner les uns et éduquer les autres. Et puis cet autre ailleurs dédié lui au savoir. L’entrée de l’établissement est verdoyante et bordé de bassins d’eau dans lesquels se baigne un nouveau venu. Un cygne, nouveau né, aux cotés d’autres plus grands, fait son apprentissage de la vie. La légende prétend qu’avant de mourir le cygne chanterait davantage et avec plus de force. Mais à Saint-Nicolas, le chant du cygne fût absent. Le site, don d’une comtesse, regorge de surprises. Forêt, forteresses, maisons de maitres constituent un ensemble dédié à un projet éducatif porté par une équipe pédagogique motivée et passionnée. Et cette chapelle à l’architecture sublime adossée à des verrières multicolores qui vous coupent le souffle et vous remplissent la vue de lumière. Le cadre y est solennel et vous rappelle que les lieux de culte se ressemblent et invitent tous à la prière et à la méditation. L’Institut est conduit par des laïcs auxquels la gestion a été déléguée par l’église catholique.
L’été est caniculaire. L’immeuble rénové de l’hôpital est entièrement dédié aux pathologies lourdes comme on dit. A l’entrée, dans une petite salle attenante à l’étage du service d’oncologie, des religieuses chrétiennes prient en silence et invoquent la grâce de Dieu pour la guérison des malades. Les malades sont de toutes origines, de toutes confessions et reçoivent les mêmes soins qui y sont prodigués avec toute la détermination d’un personnel dévoué. A l’occasion d’une ultérieure visite, ce fut le tour de musulmans qui prièrent eux aussi pour la guérison de tous les malades. La coexistence intelligente et pacifique entre tous ceux qui gravissent différèrent la même montagne est un métier qui s’apprend. Surtout lorsque la même souffrance est équitablement partagée. Nulle offense et nul atermoiement. Ainsi doivent peut-être vivre Les Gens du Livre.
Retour à Saint-Nicolas. Le respect des croyances des autres est le fondement du fonctionnement de cet institut d’essence et d’émanation catholiques. Comment oublier ces échanges fructueux, ce partage renouvelé et ce respect mutuel. Et ces prières quotidiennes de l’Islam effectuées sous le regard amusé d’un crucifix en bois, cette orientation vers la Mecque suffisamment retrouvée et puis ces repas spécialement conçus pour que puissent aussi se nourrir convenablement et conformément aux rituels musulmans le petit groupe que nous fûmes dans ces lieux dans lesquels nous eûmes toujours trouvé notre place. Et cette liberté retrouvée le vendredi après-midi pour pouvoir retrouver et prier avec nos coreligionnaires. Cette grande mosquée de Paris, dont les sous-sols ont accueilli jadis des Juifs persécutés, qui vous accueille dans ses entrailles et dont la majestueuse présence à proximité d’un quartier dédié à la connaissance et au savoir étonne et vous rappelle que foi et connaissance ont toujours fait route ensemble.
Dans ces voyages, ici ou ailleurs, en ces lieux où les destins se croisent, naissent de nouvelles solidarités et se tissent des amitiés sincères. Ici et lorsque l’évolution des choses devient défavorable, on devient pudique et il ya des mots que l’on ne prononce plus. On ne parle que de guérison car l’espoir doit toujours éclairer l’avenir. Ailleurs et lorsque la passion du savoir qu’il faut transmettre vous anime, s’apprend aussi le vivre ensemble. Loin de tout excès et de toute exagération. Et dans la quête de la guérison et dans celle du savoir, se creuse aussi le sillon de ceux qui de leur bonté et de leurs actes éclaireront aussi notre route. Merci.
28 novembre 2012
Salim Metref